début de ce blog - 24 décembre 2008

Le divin rencontre l'humain, le céleste fait du terrestre son nid,
l'essentiel allume ses lumières aux fenêtres de l'existentiel… Une histoire de naissance !

mercredi 29 avril 2009

Ail

Il y a des plantes qui occupent dans l’histoire de l’humanité une place si particulière qu’il est intéressant de s’interroger à leur sujet. L’ail en fait partie, et c’est la très belle photo de Jean (ci-dessous) qui m’a incité à faire le point sur ses vertus. Notons d’emblée que les anciens reconnaissaient aux plantes une action sur le corps, mais aussi sur le psychisme et dans la sphère spirituelle, ce qui paraît d’une grande sagesse puisque toutes les formes du vivant sont étroitement reliées entre-elles.

gousses au creuset, prêtes à être pilées

L’ail a une fonction antiseptique, il protège des infections et des épidémies, il permet de soigner piqûres et morsures, il a une action vermifuge, il soulage la constipation, il fluidifie le sang et combat le mauvais cholestérol. Je me souviens très bien dans mon enfance que nous buvions quelques gouttes d’extrait d’ail en période de grippe, sans jamais recourir aux antibiotiques…

L’ail réchauffe également les amoureux, rend son ardeur à l’amant fatigué, et assure au jeune couple sa fertilité. Là j’avoue pour ma part une certaine hésitation, car le baiser de la plus belle femme du monde, s’il sent l’ail, aïe, aïe, aïe !

L’ail enfin préserve du mauvais œil, il éloigne les mauvais esprits, chasse le diable et repousse définitivement les vampires. Quand on sait combien les odeurs sont le véhicule de certaines réalités invisibles, il n’est pas si étonnant que la puissance de celle de l’ail soit en mesure de combattre de telles force ou entités.

La gastronomie qui est aussi un art de la bonne santé, a repris l’ail dans de nombreux plats et préparations. Peut-être avez-vous des suggestions ?

mardi 28 avril 2009

Distorsions

Un jour viendra peut-être où nous serons enfin conscients, pleinement conscients, que notre accès à la réalité n’est pas immédiat comme on le croit encore si facilement, mais qu’il passe irrémédiablement par les détours de la perception. Et cet espace de la perception n’est jamais neutre, car il est marqué par les processus neurosensoriels incontournables que sont la sélection, la généralisation et la distorsion, et par les puissants filtres de nos pensées qui comportent opinions, croyances et préjugés. Tout cela constitue la structure même de notre subjectivité et s’il est utile de chercher à en percevoir au mieux les contours, le projet de s’en défaire est impossible et même sans intérêt. En effet, que serait notre monde si nous le voyions, l’entendions et le ressentions tous pareils ? L’apparente facilité pour la communication, laisserait vite place à une grande pauvreté de l’expérience. Et nous voilà au cœur même de l’étonnante complexité de l’aventure humaine.

Aujourd’hui je voudrais souligner le processus de distorsion.

Nous voyons une personne au bout de la rue s’adressant à une autre à grand renfort de gestes - nous imaginons déjà qu’il s’agit d’une altercation. Nous entendons un bruit inhabituel dans la maison la nuit - nous élaborons le meilleur comportement qu’il faudra avoir face au cambrioleur. Nous ressentons une certaine tension dans les bras qui nous accueillent en fin de journée - nous recherchons les erreurs ou maladresses qui pourraient justifier ce que nous considérons comme un rejet. Sans cesse nous augmentons ou atténuons l’importance de certaines informations, nous relions les effets constatés à des causes supposées, nous créons des liens entre une parole ou un geste et un certain message. Et toutes ces distorsions qui, reconnaissons-le, vont plus souvent du côté ‘catastrophe’ que du côté ‘chance’ organisent puissamment notre quotidien. Alors, s’il est impossible d’y échapper car c’est d’une certaine façon la poésie de nos vies, il s’agit sans doute de ne pas les ignorer. Voilà un bon début.

lundi 27 avril 2009

La relation

La mise en relation de deux personnes comporte de multiples aspects dont la plus grande partie nous échappe habituellement. Il y a le niveau conscient de l’échange : les paroles, les centres d’intérêts, les activités partagées… et puis il y a le niveau inconscient : les affinités, les attirances, les besoins, les problématiques non résolues de chacun, les complémentarités heureuses ou malheureuses qui se jouent de l’un à l’autre… Et les éléments déterminants dans la relation sont très largement du côté de l’inconscient. La vie reste une aventure !

aléas, incertitude…

Bien sûr je peux apprendre à gérer au mieux le fonctionnement de la relation. Il y a pour cela des techniques très utiles et performantes, comme la reformulation et la synchronisation. La reformulation consiste à refléter à l’autre la réalité de mon écoute en lui redisant avec mes mots ce qu’il vient de me dire. Cela permet de vérifier la bonne compréhension, de sécuriser l’échange, et de lui offrir un espace d’accueil. C’est vraiment précieux. Et puis la synchronisation qui consiste à observer le rythme, le mouvement, la gestuelle corporelle et vocale de l’autre, et de s’y ajuster. C’est une manière de se mettre en phase avec lui et de lui témoigner un profond respect. Une sorte de politesse qui n’est pas du formalisme, mais une ouverture à sa présence.

Il n’empêche qu’au-delà de cette attention, la mise en relation déclenche des processus de transformation dont je ne connais pas l’issue. Et cette incertitude dérange. Quand nous sommes en quête du bonheur, c’est trop d’aléas. Quand nous recherchons un résultat, c’est trop d’incertitude. Certains renoncent. D’autres désespèrent. Mais cela revient à vouloir maîtriser la vie et donc lui retirer sa fécondité. Exactement comme on le fait pour les semences génétiquement modifiées. Il est peut-être temps de réapprendre à cultiver …la vie !

vendredi 24 avril 2009

Le pervers

C’est un personnage que l’on se plaît à décrire comme inquiétant. Un être qui serait menaçant et malsain, agissant dans l’ombre au gré de ses fantasmes morbides et dont on vous dira qu’il vaut mieux ne jamais avoir à faire à lui. Et malheur à celle ou celui qui découvre un jour qu’il partage sa vie avec un individu de cette espèce, il ne reste qu’à attendre la descente aux enfers assurée…

C’est un personnage que l’on pourrait aussi décrire comme souffrant. Un être qui subit et endure les méandres particuliers de son psychisme, dont les besoins intérieurs contradictoires l’obligent à composer avec lui-même et avec autrui de telle façon que l’apaisement lui semble toujours remis à plus tard. Il porte en lui une quête impossible qui l’entraîne vers son enfer avec une forme de lucidité.

Mais quel est alors le ressort particulier de cette souffrance ?

L’individu se construit par l’émergence d’une certaine affirmation de soi. Celle-ci rencontre dans le jeu naturel de la vie relationnelle différentes limitations : le respect de l’autre, les interdits, les règles sociales, etc. Et pour la plupart d’entre-nous l’intégration de cette « loi » devient structurante de la personnalité et nous aide à trouver notre place dans la société. Pour le pervers c’est l’inverse. La rencontre de la « loi » est source d’angoisse, il la vit comme une menace réelle pour l’intégrité de sa personne. Il lui faut donc sans cesse chercher à l’annuler et pour cela il tente de la remplacer par ses propres règles du jeu. L’espoir d’atteindre ainsi l’apaisement lui dicte cette nécessité. Mais cette façon de faire le plonge dans l’incapacité de recevoir toute forme de gratification puisque tout découle de lui et l’engage dans une sorte d’errance sans plaisir possible. On comprend qu’il finit par vouloir se détruire en cherchant à détruire l’autre, sorte d’ultime tentative vers la jouissance…

Tous les pervers ne seront de loin pas des auteurs de crimes de sang. Mais ce profil particulier attire à lui le ‘dépendant affectif’ dont la difficulté à exister par lui-même en fait sa cible idéale. Et la dynamique relationnelle de ce couple passe immanquablement un jour ou l’autre de la docilité-domination à la révolte-oppression. Et c’est un véritable enfer.

jeudi 23 avril 2009

Écriture

L’écriture est mémoire, elle est aussi programme.

Mémoire, elle trace et retrace des parcours de vies, de réflexions, d’explorations dont le cumul peu à peu permet à ceux qui la parcourent et s’en impreignent d’avancer un pas plus loin sur le chemin de l’expérience. Porteuse de la richesse accumulée par ceux qui nous ont précédé, elle éclaire et guide nos progrès, parfois aussi codifie et fige nos préjugés. Mais dans tous les cas, l’écriture a besoin d’être déchiffrée. Et c’est sans doute cet exercice qui la rend passionnante. Car elle appelle différentes lectures et c’est l’inconfort de ces possibles qui nous oblige à aller vers plus de conscience. De mémoire elle devient pédagogue qui nous entraîne progressivement vers l’autonomie de penser.

Programme, elle trace et balise des chemins de curiosités, d’attentions et d’éveils pour orienter pas à pas nos itinéraires en direction de ce à quoi elle a choisi pour nous de donner de l’importance. Lieu d’influence pour ceux qui seront un jour ses disciples, elle conduit et détermine nos évolutions, parfois aussi réduit et focalise notre capacité à voir plus loin. Mais à chaque fois, l’écriture nécessite une prise de recul. Et c’est cet effort de pensée qui rend sa fréquentation si riche. Car elle instaure un dialogue entre auteur et lecteur et c’est de la complexité de cet échange que grandit la conscience. De programme elle s’avère gardien du temple qui nous oblige graduellement à notre propre affirmation.

Vous aimez écrire, vous aimez lire ? Voilà un exercice salutaire.

mercredi 22 avril 2009

Témoignage

Il y a des découvertes et des compréhensions qu’il est difficile de transmettre à autrui. Peut-être parce qu’elles sont si intimes et qu’elles bousculent ou dérangent, ou parce qu’elles relèvent d’une sensibilité particulière ou d’une autre réalité… Et si l’on se met à dire, à expliquer, à argumenter, le seul résultat c’est généralement le constat de ce fossé qui se creuse dans l’incompréhension. Et l’autre ne reçoit rien, et je vis l’impossible partage, et c’est l’impasse.

Mon adolescence a été ponctuée de ces impasses. Pas marrant ! Pourtant j’ai réalisé petit à petit au travers de ces blocages que là où plus rien ne passe, le témoignage permet parfois d’établir un pont vers l’autre. Exprimer l’expérience qui est la mienne, voilà mon histoire, mon parcours, mes perceptions. Se livrer en quelque sorte, plutôt que vouloir rallier. Et si mon vécu est utile à l’autre, il éveillera en lui les découvertes et les compréhensions qui lui seront propres.

Ce blog est essentiellement porté par ce mouvement-là. Vous qui l’appréciez, vous pouvez ‘garder ce trésor pour vous’ comme certains le font d’après le dernier sondage (15%), mais vous pouvez aussi ‘le recommander à l’occasion’ et même ‘le signaler à tous vos amis’ (60%) en sachant que si vous le faites sur le mode du témoignage de ce que cela vous a apporté, en vous livrant personnellement, ce sera sans doute plus pertinent. C’est ce que semblent avoir compris ceux qui ont coché : ‘Je parle autour de moi des textes qui me touchent’ (25%). Merci pour votre participation, au sondage et à l’élargissement de ce lieu de partage !

mardi 21 avril 2009

Montagne

La montagne attire ou elle fait peur. Mais elle laisse peu de personnes indifférentes. C’est qu’elle est porteuse d’une valeur symbolique qui parle directement à nos profondeurs. Comme le sont d’ailleurs la mer, le désert, la forêt et tant d’autres espaces naturels encore… Et la montagne nous parle par son aspect massif, immuable, et vertical d’une dimension intérieure qui lui ressemble : la transcendance. La montagne a été associée depuis la nuit des temps à l’expérience du divin. Une expérience qui attire ou qui fait peur, mais dont l’écho existe en chacun de nous.

un aspect changeant à chaque instant

La montagne représente une difficulté. Un obstacle ou un défi qu’il faut gravir. Une limite qui peut être franchie mais qui conduit alors vers de nouveaux horizons. Du haut de la montagne, les choses qui paraissaient si importantes depuis la vallée retrouvent une plus juste mesure ; c’est une question d’échelle. D’en bas la montagne nous invite à lever notre regard, pour nous remémorer qu’il y a des réalités plus élevées que l’ordinaire de notre quotidien. Et c’est parfois salutaire, échapper à nos difficultés, franchir nos obstacles et relever les défis de la vie.

J’ai rencontré des personnes dont la patrie c’est les montagnes. Ils ont en commun le sens de l’effort, et puis pour les petits soucis de ne pas en faire une ‘montagne’. C’est une qualité, car trop habitués que nous sommes à tout recevoir à plat, nous nous agaçons à la moindre contrariété… Ils ont aussi dans leur regard une crête, une cime qui invite à regarder plus loin, vers d’autres terres et par-delà nos repères étriqués. Quelle interpellation. Pour peu on voudrait les suivre, oublier toutes nos lâchetés, pour rejoindre leur beau pays. C’est sans compter que la montagne s’apprend, et parfois durement.

vendredi 17 avril 2009

Jouons (3)

Je m’absente un peu. Et je vous souhaite de vivre durant ces jours de belles .......... Pour trouver le mot manquant, remplacez les dates par le titre du message correspondant. En prenant ensuite la première lettre de chaque titre trouvé, vous verrez apparaître verticalement le mot manquant.

. 4 janvier

. 1er mars

. 1er février

. 11 mars

O (h ! il manque une lettre J )

. 8 janvier

. 14 février

. 2 mars

. 15 mars

. 13 janvier

Profitez au passage pour (re)lire les textes ! Et utilisez l’espace ‘commentaires’ pour le partage de votre vécu. À bientôt.

mercredi 15 avril 2009

Recoudre

Vous avez acheté un pantalon, une chemise, une robe… Un jour, qui n’est pas toujours si lointain, un bouton se détache. Zut. Cela n’a pourtant pas de vraie urgence. Vous rangez donc le bouton dans le petit bocal dans lequel s’accumule au fil du temps toutes sortes de babioles à recoller, à remplacer, à échanger. Et puis vous choisissez un autre pantalon, une autre chemise ou robe. Jusqu’au jour où n’y pensant plus et selon l’humeur de votre météo intérieure, vous vient l’envie de porter à nouveau ce vêtement. Vous allez le prendre sur son cintre, et au moment de l’enfiler, re-zut, il manque toujours le bouton ! Impossible d’y remédier, vous êtes à la bourre. Une autre fois… Mais l’autre fois ne vient pas car dorénavant vous avez identifié qu’il ne faut pas trop compter sur cet élément. Et vous vous mettez à le contourner. Avec au début un peu de regret, et puis de plus en plus facilement.

pourtant il y était, ce bouton…

La suite de l’histoire comporte plusieurs versions.

1. Avec le temps vous estimez que l’habit en question est totalement démodé et vous vous en débarrassez, en gardant le bouton - ça peut servir.

2. Un jour, c’est décidé, vous allez recoudre le bouton, mais misère plus de bouton dans le bocal - où peut-il bien être passé ?

3. À l’occasion d’un grand événement - genre la rencontre de l’homme ou de la femme de votre vie - vous redoublez d’énergie et tous les boutons et autres babioles à recoller, à remplacer, à échanger, trouvent enfin l’heureuse issue qui leur était depuis si longtemps promise.

La conclusion ? Le temps qui passe finit par tout emporter sur son passage, seul l’amour demeure. Ou encore, si pour un bouton à recoudre on est capable de laisser s’en-aller un pantalon, une chemise ou une robe, alors combien faut-il dans nos vies être vigilant à ne pas perdre le lien avec ceux qui nous sont chers. Pour une babiole on se mettrait à les contourner et bientôt à les oublier. Et un jour il est trop tard. Seul un retour à l’essentiel nous préserve d’un tel désastre.

lundi 13 avril 2009

Demander

Qu’il semble difficile parfois de demander. Impossible d’ouvrir la bouche. Impossible de prendre sa plume. On resterait là à endurer les choses les plus difficiles, seul, sans aide, sans soutien. Demander de la lumière pour trouver son chemin ? Demander un peu de temps pour se savoir écouté ? Rien n’y fait. C’est verrouillé. Est-ce de l’orgueil ? La crainte d’être redevable ? La peur de perdre le contrôle ? Le chemin est fermé.

Et de cette fermeture découle l’autre, qui est son complémentaire. Recevoir. Rien ne vient. Rien de ce qu’on espère vraiment. Rien de ce qui pourrait nous soulager réellement. Et l’on trépigne parfois, à se dire : pourquoi n’y a-t-il rien pour moi ? C’est qu’il faudrait demander. Mais l’on voudrait recevoir sans en passer par là. Quelqu’un, quelque part, pourrait bien m’envoyer ce qui répondrait à mon besoin. La vie pourrait s’en charger. Il paraît qu’elle fait bien les choses, la vie…

Demander c’est avoir assez de considération pour l’autre, l’imaginer assez riche et généreux, pour qu’il puisse répondre à ma requête. Je préfère ne pas lui faire tant d’honneur, ne pas l’enrichir à ce point de ma confiance, ne pas contribuer avec lui à l’expérience de l’abondance. Nous pourrions lui et moi en sortir gagnant. Et à tout bien considérer cela pourrait donner à la vie des allures de fêtes. C’est quoi ça, la vie en fête, alors qu’on est venu pour en baver !

dimanche 12 avril 2009

Printemps

Printemps d’une nouvelle vie. C’est le matin de Pâques. Pour peu on ne s’en serait pas aperçu. Tant il y a d’autres préoccupations. La vie ordinaire qui poursuit son cours, les obligations familiales inhérentes à ce jour. Et pourtant la date s’accroche à nos calendriers devenus laïques. Une fête, parmi d’autres. Mais aussi un repère, une invitation à ne pas vivre ‘comme tous les jours’. Et pas seulement par la vertu du chocolat. Œufs, lapins, poules nous parlent d’une autre abondance que celle de la quantité de calories de nos rations journalières ! Après la mort revient la vie. Après la fin, un nouveau commencement qui n’est pas juste un rétablissement. Plutôt une vigueur, une extraordinaire vigueur de l’Être qui au-delà de toute forme passagère, persiste. Et c’est le cas en chacun de nous. Et cela vaut bien qu’on y pense une fois l’an. Et peut-être plus souvent. Voilà qui est dit.

jaillissement, par-delà toutes les absences

Printemps de l’éternelle jeunesse. Dans la tradition chrétienne c’est le Christ qui ressuscite. Et ce symbole ne dit rien d’un pouvoir de la vie sur la mort. D’une ultime rivalité qui se terminerait finalement du bon côté. Il nous parle d’une nécessaire transmutation. Ressusciter n’est pas recevoir en bonus une prolongation pour cette vie. Ce n’est pas bénéficier d’un nouveau sursis. C’est apprendre la vie autrement. Comprendre qu’au-delà de l’illusion des formes, il y a la permanence de l’Être, dans laquelle tout est joie. Vivre Pâques c’est ainsi accepter que dans l’histoire de nos vies tout ne soit pas dit. C’est faire une place à l’au-delà, l’au-delà des choses visibles, l’au-delà de nos besoins et envies, l’au-delà de nos espoirs et déceptions, pour accueillir la vocation. L’appel à traduire dans une nouvelle conscience que tout ne se limite pas au monde fini. Et cela ne suffit pas d’être dit.

samedi 11 avril 2009

L'attente

Expérience difficile de mon enfance. Attendre. Que maman vienne s’occuper de moi. Que ce soit mon tour après mes frères et sœur. Que sonne l’heure d’ouvrir les cadeaux sous le sapin. Que papa rentre pour la fessée. Qu’arrive l’heure du goûter. Que le grand frère me ramène à la maison après l’école… Cette dernière situation a failli me coûter la vie. En ‘retenue’ après la classe, il tarde et tarde. Je n’en peux plus. Et à 4 ans, ne sachant comment faire, je me précipite pour traverser la rue, en direction de mon domicile. Arrive une voiture, et c’est le choc.

L’adolescent n’est pas mieux loti. Il attend les vacances et leur liberté. Il attend l’amour qui ne vient pas. Il attend la fin du traitement d’orthodontie. Il attend de trouver les moyens de dire au monde de quoi il est capable. Il attend que ‘Dieu’ lui fasse signe. Il attend d’avoir rassemblé les économies pour s’offrir un cyclomoteur… Tout cela est source de stress et de tension. Mais que voulez-vous qu’il y fasse ? L’élan de vie est fort en lui, et son environnement ne le perçoit pas. Alors il avance comme il peut, dans l’espoir de lendemains meilleurs.

l’attente du printemps …en Suisse (merci Isabelle)

Devenu adulte, n’imaginez pas que tout cela s’arrête ! Il y a l’attente de devenir père, et puis celle de réussir certains projets, et puis celle encore de trouver sa place en ce monde, et celle d’être enfin reconnu… La course se poursuivrait jusqu’à l’épuisement, s’il n’y avait un jour cette expérience forte qui ouvre une brèche : « Christian, le temps de l’attente c’est le temps de vivre ! ». Et de méditations en expérimentations la découverte du pouvoir du moment présent, le seul pouvoir réel auquel nous puissions accéder.

En ce jour l’Eglise attend la résurrection du matin de Pâques. J’ai compris enfin que celle-ci n’arrive en réalité que si je vis l’aujourd’hui du tombeau. Pour peu j’y aurais laissé ma vie.

vendredi 10 avril 2009

Absence

L’absence n’est qu’une modalité de la présence. Cette affirmation surprend au premier abord. Pourtant à y réfléchir, et en se reliant précisément à notre vécu, on perçoit qu’il y a là une belle vérité. Imaginez. Vous êtes amoureux, l’élu(e) de votre cœur vous apporte par sa présence joie et réconfort. Et puis vient le jour où il(elle) s’en va pour quelque temps. Oh ! je sais, vous me direz sans doute : « justement, c’est alors l’expérience douloureuse du manque, les heures sombres de l’éloignement, tout le contraire du bonheur de sa présence ». Certes. Mais en acceptant de regarder à l’intérieur de ce vide, vous découvrez comme le négatif d’une photo, se révèlent à vous certaines qualités de l’autre auxquels vous n’étiez pas suffisamment attentif, vous apparaît comme un nouvel éclairage de la richesse que comporte sa proximité. À condition que vous sachiez dépasser la crispation que provoque généralement la frustration, que vous puissiez sortir du refus qui naît habituellement de la privation.

Notre culture ne voit dans l’absence que la négation de la présence. Pourtant la tradition judéo-chrétienne a depuis deux millénaires voulu nous éveiller à une autre perception. Et ce jour du vendredi-saint, jour où l’on se souvient de la mort du Christ en croix, en est la pierre d’angle. Je sais qu’un catéchisme réducteur nous a enseigné ces évènements sous un autre point de vue. Mais pour moi, ‘Dieu’ qui se retire ce n’est pas ‘Dieu’ qui nous laisse en plan, qui abandonne les humains à leur triste sort ; c’est ‘Dieu’ qui se fait présent selon une autre modalité. Cette expérience tous les chercheurs de vérité l’ont faite. On l’appelle parfois la nuit de l’âme. Si elle comporte souvent des tâtonnements douloureux, elle conduit toujours à une foi plus lumineuse, une confiance plus enracinée. Purifié du besoin, et du rapport utilitaire où je me sers de l’Autre pour me rassurer, je deviens capable de rester dans l’émerveillement. L’Être aimé se fait incandescence de l’âme, qu’il soit proche ou éloigné.

jeudi 9 avril 2009

Les pieds

Ils sont bien plus que de simples appuis rendant possible notre station debout. Ils sont autre chose que le moyen de notre locomotion. Ils sont l’incarnation de notre lien à la terre, le rappel de nos origines et de notre fondement. Et le premier constat c’est que notre culture les a enfermés dans la chaussure. Besoin de protéger, bien sûr, mais comme souvent la protection finit par devenir enfermement. Et nous voici à les ignorer quand ce n’est pas les mépriser.

Les pieds avec leurs cinq doigts, leur talon et le galbe de la voûte plantaire, traduisent un rapport à la vie. Ancrage, propulsion, équilibre, instabilité, freinage, incertitude… Les observer renseigne sur nombre d’attitudes face à l’existence. Au repos, ils incarnent raidissements ou ouvertures. En marche, ils reflètent l’élan ou la retenue. Et à ce titre ‘connaître’ ses pieds est une voie de la connaissance de soi. Mais qui y prête à ce point attention qu’il prend par eux conscience de sa façon d’être au monde ?

Osons regarder. Osons toucher. Comment suis-je avec mes pieds ?… Un exercice très profitable, sans aucune prétention, c’est de laisser un(e) ami(e) ou mon conjoint me les masser. Et vivre ce moment en pleine écoute de tout ce qui réagit ou se dit. Et apprendre des tensions ou des relâchements excessifs ce qu’il en est de mes désirs et de mes frustrations, de mon potentiel exprimé ou refoulé. Il y a tant de douleurs occultées dans nos pieds, et ce sont nos racines. Alors les soigner c’est à coup sûr dénouer autant d’énergies bloquées.

De l’état de nos pieds découle notre démarche. Sur le plan du corps, mais aussi sur le plan de l’esprit. Aujourd'hui repartons de bon pied !

mercredi 8 avril 2009

Justice - Justesse

Les deux mots se côtoient dans mon dictionnaire. Pourtant la distance qui les sépare dans nos vies est parfois sidérale. Car s’ils se réfèrent tous les deux à ce qui est juste, ils le font selon une dynamique et en fonction de critères très différents.

Dans le cas de la justice, il s’agit de se soumettre au Droit qu’il soit divin, naturel ou issu de la société humaine. Et c’est le strict respect de cette norme qui sépare le juste de l’injuste. Un même Droit pour tous, une même application de ce Droit à tous, procure un sentiment d’apaisement dans la mesure où cela nous met à l’abri de l’aléatoire. L’époque actuelle avec ses scandales à répétition qui sont tous peu ou prou articulés autour de passe-droits, menace l’équilibre de notre société. Et cela d’autant plus que notre monde n’a pas besoin que de justice égalitaire (la même chose pour tous) mais aussi de justice distributive (à chacun selon son besoin). Ainsi rendre la justice est une bien noble mais bien difficile tâche.

En ce qui concerne la justesse, il s’agit cette fois de se conformer au mieux à la finalité de l’action engagée. Trouver le geste exact, la parole pertinente qui donne à une intervention toute sa force et sa valeur. Être dans l’authenticité et la vérité face à une situation ou une personne. Agir avec toute la précision qui permet d’amener un résultat fiable. Cela demande au préalable d’être au clair avec soi-même, d’avoir traversé bien des illusions ou des apparences. Cela demande surtout de savoir renoncer aux avantages que procurent sur le court terme les petits arrangements pour préserver l’image de soi aux yeux des autres. Alors il devient possible d’être juste, dans le sens de juste à temps ou juste à propos, et c’est une bien précieuse contribution.

Notre monde est en difficulté. Je me demande souvent si c’est le manque de justice ou le manque de justesse qui le pénalise le plus. Peut-être avez-vous envie d’exprimer votre sentiment à ce sujet ?

mardi 7 avril 2009

Remède

Dame nature nous offre avec générosité tant de manières de nous soigner. Et depuis toujours les hommes ont tenté d’observer comment les plantes en particulier pouvait apporter le soutien ou le soulagement espéré. En les préparant de différentes manières, en potions, onguents, décotions, macérations… ils ont découvert peu à peu leurs vertus et comment ces vertus pouvaient être transmises à l’humain. Beaucoup de tâtonnements, d’infinies explorations ont conduit nos ancêtres à mettre au point ces remèdes, et leur bon usage. Un savoir et un savoir faire complexes qui demandent des années d’initiation plus que de formation. Car ici la connaissance est conscience.

les derniers citrons dans nos jardins

Est venu le XVIIe siècle et sa table rase. Au nom du rationalisme naissant, on a décidé de jeter aux orties tous les acquis traditionnels. On allait conquérir la maîtrise de la vie à coup de formules mathématiques et chimiques. Les résultats ont été éblouissants, tellement que nos yeux n’ont su voir l’ombre obscure qu’ils projetaient au loin. Les médecins sont devenus les servants d’une science qui cherche désespérément sa conscience. Les bénéfices devenus surtout financiers, renâclent à regarder en face et à assumer les pertes de santé engendrées. Et aujourd’hui on s’interroge « comment tout cela va-t-il pouvoir continuer ? ».

Je traîne avec moi depuis deux semaines une mauvaise toux. Après la phase grippale que j’ai soignée au mieux avec à peine 3€ de granules homéopathiques, j’ai manqué d’attention envers mon corps et je n’ai pas perçu que mes bronches fragilisées étaient devenues sensibles aux allergènes de ce printemps. J’ai donc tardé à réajuster les remèdes. Dommage. Pourtant voilà une illustration de ce qui nous guette en permanence : avancer non pas à l’écoute de la vie, mais appuyés sur nos habitudes et nos certitudes.

samedi 4 avril 2009

Secret et mensonge

C’est un sujet difficile. Pourtant on ne peut y échapper. Qui n’a pas ses secrets ? Qui n’a pas inventé ici ou là un mensonge ? Lorsque les parents amènent leur enfant, en poussant de vertueuses protestations et en dénonçant le comportement inacceptable de leur progéniture, on aimerait pouvoir leur mettre sous le nez toutes les petites ou grandes tricheries de leurs vies, et les inviter à plus de modération. Mais cela n’aiderait pas. Il est bien plus utile d’aller chercher, comme pour tout comportement d’ailleurs, la fonction de celui-ci, et d’expliquer en quoi il s’agit d’une tentative de satisfaire un besoin essentiel. Or pour le mensonge, quand il apparaît vers 8-12 ans, la réponse est claire. « Bonne nouvelle, votre enfant est en train d’explorer la possibilité d’avoir son espace psychique à lui. Si cela ne se produisait pas, je serais franchement inquiet pour lui ! ». Voilà de quoi jeter un nouvel éclairage, sur un acte tant fustigé par la morale.

Alors du mensonge il convient d’évoluer vers le secret. Lui qui consiste pour l’adulte à faire le choix délibéré de garder certaines réalités pour lui, sans les partager à l’autre. C’est une décision à exercer en conscience, en sachant qu’elle peut nuire ou pénaliser. Mais c’est un acte de responsabilité, auquel on ne peut renoncer qu’au prix d’une régression. Le « je veux tout te dire, ne rien te cacher » qu’on entend régulièrement dans le discours amoureux, n’est ni plus ni moins qu’un retour à une position infantile. Tout comme d’ailleurs, un peu plus tard, les mensonges sensés escamoter la réalité de l’infidélité ! Qu’il est difficile de s’assumer sans blesser, de rester soi-même sans nier l’autre.

Car le maniement du secret est aussi un acte de pouvoir. Je sais quelque chose que tu ne sais pas, c’est de fait se trouver face à l’autre en position haute. Il n’y a qu’à penser au secret médical. Et lorsque la personne détentrice de ce savoir cède au « je sais quelque chose, mais je ne te le dirais pas », on se retrouve dans le champ de la manipulation. Combien de fois avons-nous usé de ce stratagème pour tenter d’exercer une influence sur celui ou celle qui semble avoir pris sur nous un trop grand ascendant ? Ne serait-ce que la femme trompée qui fouille dans le portable de son homme et cherche à lui faire avouer son crime en déclarant « de toute façon je le sais… ». Ah secret, qu’il est difficile de faire bon usage de toi.

vendredi 3 avril 2009

Humus

Que seraient nos sols sans humus ? Un substrat neutre et sans vie, menant très vite à la désertification de notre planète. Car ce composé organique mélangé à la base argilo-calcaire de nos terres, les transforme en véritable éponge qui retient l’humidité, mais aussi en un milieu riche d’innombrables micro-organismes et oligo-éléments sans lesquels rien de vivant et de sain ne pousse. Or le constat formel c’est que l’exploitation intensive de nos terres à base d’intrants chimiques et de pesticides auxquels on ajoute le lessivage par l’irrigation massive, conduit à sa disparition progressive. Il y a de quoi s’inquiéter pour le proche avenir.

la plus belle offrande

L’humus, c’est aussi en latin la racine de l’humilité. Pas étonnant, dans une société qui en manque sérieusement, que nos sols s’épuisent. L’orgueil dans sa volonté de domination nous entraîne inéluctablement vers le désert. L’humilité, elle, nous ramène vers la terre, vers cet obscur espace de transformation où la décomposition de toute forme du vivant se prépare à nourrir la forme nouvelle qui veut émerger. Le vecteur fondamental en est l’offrande. La vie s’abandonnant à la vie, par la mort et par la régénération, par l’effacement et la résurrection.

L’humus, c’est encore en latin la racine de l’humain. C’est pourquoi il n’y a pas d’humanité sans les mains dans la terre. Et quand on observe l’urbanisation galopante qui engloutit champs et jardins, il n’y a pas besoin de s’interroger longtemps sur la déshumanisation en cours. J’ai eu la chance d’assister à la création d’un vrai compost dans mon jardin, par un ami qui applique à cela les règles de la biodynamie. J’ai recueilli la tendresse et la fécondité du terreau qui en est sorti avec son odeur suave de sous-bois. J’ai vu et j’ai touché l’humain.

jeudi 2 avril 2009

Face à face ?

Jour après jour, Toi qui régis ma vie, me tiendrai-je devant Toi

Face à face ?

Les mains jointes, Toi qui régis tous les mondes, me tiendrai-je devant Toi

Face à face ?

Sous Ta voûte immense, en solitude et en silence, le cœur empli d’humilité, me tiendrai-je devant Toi

Face à face ?

Dans ce monde de labeur qui est le Tien, tourmenté et mouillé par la sueur du combat quotidien parmi les foules trop pressées, me tiendrai-je devant Toi

Face à face ?

Et, lorsque mon travail accompli, mon temps venu ici bas, Souverain des souverains,  me tiendrai-je seul et sans voix devant Toi

Face à face ?

Rabindranath Tagore

mercredi 1 avril 2009

L'échelle et l'oignon

En étudiant les textes sacrés de différentes traditions, en observant attentivement le parcours de vie de nombreux ‘chercheurs de Dieu’, en écoutant mon propre vécu je suis parvenu petit à petit à la conclusion qu’il y avait deux façons de considérer le chemin spirituel. L’une correspondant à une élévation progressive de l’humain vers le divin, l’image en est l’échelle. L’autre s’inscrivant plutôt dans un itinéraire vers le centre, on pourrait l’associer à l’épluchage de l’oignon. De la première, je retiens des individus qui voulant faire l’ange se sont retrouvés à faire la bête, et quelques êtres d’exception qui sont comme des fenêtres ouvertes sur une autre réalité, mais dont on doit généralement reconnaître que si toute l’humanité vivait selon leur modèle, il n’y aurait personne ni au four ni au moulin.

De la deuxième, j’ai noté qu’elle conduit à des états moins éblouissants, mais à des façons d’être au monde dont le rayonnement n’a d’égal que la profonde humanité. Ces personnes-là restent accessibles par leurs failles et faiblesses, et la vérité qu’elles dispensent n’est que justesse du vécu au quotidien. Si l’on considère ces deux voies du point de vue des portes énergétiques appelées ‘chakras’, il s’agit dans le premier cas de monter graduellement du rouge au violet, et si possible au-delà… Dans le deuxième cas, il s’agit de relier et d’équilibrer le rouge et le violet (sexualité et spiritualité), l’orange et l’indigo (plaisir de soi et conscience des autres), le jaune et le bleu (affirmation de soi et communication) pour finalement aboutir au vert (le coeur), ultime ouverture à l’Essentiel.

Quand je considère la somme des larmes que j’ai pu verser depuis le commencement de mon parcours, je me dis que j’ai sans doute choisi d’éplucher l’oignon J.