début de ce blog - 24 décembre 2008

Le divin rencontre l'humain, le céleste fait du terrestre son nid,
l'essentiel allume ses lumières aux fenêtres de l'existentiel… Une histoire de naissance !

mardi 28 avril 2009

Distorsions

Un jour viendra peut-être où nous serons enfin conscients, pleinement conscients, que notre accès à la réalité n’est pas immédiat comme on le croit encore si facilement, mais qu’il passe irrémédiablement par les détours de la perception. Et cet espace de la perception n’est jamais neutre, car il est marqué par les processus neurosensoriels incontournables que sont la sélection, la généralisation et la distorsion, et par les puissants filtres de nos pensées qui comportent opinions, croyances et préjugés. Tout cela constitue la structure même de notre subjectivité et s’il est utile de chercher à en percevoir au mieux les contours, le projet de s’en défaire est impossible et même sans intérêt. En effet, que serait notre monde si nous le voyions, l’entendions et le ressentions tous pareils ? L’apparente facilité pour la communication, laisserait vite place à une grande pauvreté de l’expérience. Et nous voilà au cœur même de l’étonnante complexité de l’aventure humaine.

Aujourd’hui je voudrais souligner le processus de distorsion.

Nous voyons une personne au bout de la rue s’adressant à une autre à grand renfort de gestes - nous imaginons déjà qu’il s’agit d’une altercation. Nous entendons un bruit inhabituel dans la maison la nuit - nous élaborons le meilleur comportement qu’il faudra avoir face au cambrioleur. Nous ressentons une certaine tension dans les bras qui nous accueillent en fin de journée - nous recherchons les erreurs ou maladresses qui pourraient justifier ce que nous considérons comme un rejet. Sans cesse nous augmentons ou atténuons l’importance de certaines informations, nous relions les effets constatés à des causes supposées, nous créons des liens entre une parole ou un geste et un certain message. Et toutes ces distorsions qui, reconnaissons-le, vont plus souvent du côté ‘catastrophe’ que du côté ‘chance’ organisent puissamment notre quotidien. Alors, s’il est impossible d’y échapper car c’est d’une certaine façon la poésie de nos vies, il s’agit sans doute de ne pas les ignorer. Voilà un bon début.

3 commentaires:

Jean a dit…

Cher Christian , encore un texte fondamental , magnifique , bien plus important que ce que la plupart pense .

Je ne ferai qu'une petite remarque au sujet de cette ligne :
"... où nous serons enfin conscients, que notre accès à la réalité passe irrémédiablement par les détours de la perception. ..."

Je suis convaincu que ce n'est là , encore , qu'une étape .

Qu'est ce que la Réalité ?
L'élimination des distorsions que tu dénonces permettra , et c'est déjà capital , de voir la vraie apparence des choses ,la vraie surface des êtres .
Mais cela suffira-t-il pour voir l'Essence de la Réalité ?

Christian a dit…

Merci Jean !
Oui, cette précision est fort utile.

Je parle ici de la réalité existentielle.
Pour la réalité essentielle (ce que certains appellent d'ailleurs la seule Vraie réalité) l'accès se fait par d'autres voies.

Anonyme a dit…

Et dansent les émotions,
et grincent les distorsions.
Je ris, je pleure : couleurs.
Je prends, je rends : mouvements.
Jusqu'à quand ?...

Transparence
Silence

Isabelle