début de ce blog - 24 décembre 2008

Le divin rencontre l'humain, le céleste fait du terrestre son nid,
l'essentiel allume ses lumières aux fenêtres de l'existentiel… Une histoire de naissance !

vendredi 24 avril 2009

Le pervers

C’est un personnage que l’on se plaît à décrire comme inquiétant. Un être qui serait menaçant et malsain, agissant dans l’ombre au gré de ses fantasmes morbides et dont on vous dira qu’il vaut mieux ne jamais avoir à faire à lui. Et malheur à celle ou celui qui découvre un jour qu’il partage sa vie avec un individu de cette espèce, il ne reste qu’à attendre la descente aux enfers assurée…

C’est un personnage que l’on pourrait aussi décrire comme souffrant. Un être qui subit et endure les méandres particuliers de son psychisme, dont les besoins intérieurs contradictoires l’obligent à composer avec lui-même et avec autrui de telle façon que l’apaisement lui semble toujours remis à plus tard. Il porte en lui une quête impossible qui l’entraîne vers son enfer avec une forme de lucidité.

Mais quel est alors le ressort particulier de cette souffrance ?

L’individu se construit par l’émergence d’une certaine affirmation de soi. Celle-ci rencontre dans le jeu naturel de la vie relationnelle différentes limitations : le respect de l’autre, les interdits, les règles sociales, etc. Et pour la plupart d’entre-nous l’intégration de cette « loi » devient structurante de la personnalité et nous aide à trouver notre place dans la société. Pour le pervers c’est l’inverse. La rencontre de la « loi » est source d’angoisse, il la vit comme une menace réelle pour l’intégrité de sa personne. Il lui faut donc sans cesse chercher à l’annuler et pour cela il tente de la remplacer par ses propres règles du jeu. L’espoir d’atteindre ainsi l’apaisement lui dicte cette nécessité. Mais cette façon de faire le plonge dans l’incapacité de recevoir toute forme de gratification puisque tout découle de lui et l’engage dans une sorte d’errance sans plaisir possible. On comprend qu’il finit par vouloir se détruire en cherchant à détruire l’autre, sorte d’ultime tentative vers la jouissance…

Tous les pervers ne seront de loin pas des auteurs de crimes de sang. Mais ce profil particulier attire à lui le ‘dépendant affectif’ dont la difficulté à exister par lui-même en fait sa cible idéale. Et la dynamique relationnelle de ce couple passe immanquablement un jour ou l’autre de la docilité-domination à la révolte-oppression. Et c’est un véritable enfer.

8 commentaires:

Jean a dit…

J'aime beaucoup ton texte .
En fait , le cas du pervers peut s'étendre à nous tous .
Qu'est ce qu'un pervers ?
A partir de quel critère précis , sur lequel tout le monde est d'accord , est on pervers ?

Sans oublier que la notion de perversité n'est pas la même selon les civilisations , les époques .

Pour les intégristes , une femme qui n'est pas voilée , qui refuse d'être l'esclave de son mari, est une perverse .

Celui qui veut à tout prix imposer ses opinions , celui qui met des étiquettes sur les autres , celui qui dépense tout son argent au jeu , etc ...sont ils des pervers ?
Et pour chacun de nos points faibles , sommes nous coupables d'avoir ces points faibles ?
Les psychologues , depuis un siecle , nous enseignent que nous ne sommes pas entièrement responsables de nos points faibles , que l'éducation que nous avons reçue , les évènements de notre petite enfance , les humiliations vécues , tout nous transforme , peut abîmer les plus faibles .
Peut on les condamner ?
Oui , Christian , tu as bien raison , le pervers , comme nous tous avec nos défauts , a besoin d'être compris , d'être aidé , d'être écouté , d'être soigné .

Qu'est ce , en absolu , être pervers ?

nathalie a dit…

Je crois que la perversion réside dans le fait que ces personnes utilisent le mensonge pour obtenir des informations sur les autres, que chacun de leurs actes est orienté de façon à obtenir quelque chose pour lui même et lui seul, même au détriment de personnes qu'il dit aimer, qu'il se sert de l'humour pour exprimer des reproches afin de ne pouvoir être accusé de malveillance....et surtout que ces façon d'agir sont systématiques.
Je ne crois pas que cela puisse définir n'importe qui, quelques soient les défauts que nous avons tous.

Bien sûr je me trompe probablement....

Anonyme a dit…

Merci Christian pour ce passage. Il me rappelle un passé douloureux mais que je comprends mieux maintenant! Tu éclaires un peu plus ma lanterne!

Anonyme a dit…

Et si le pervers était le "saboteur" qui habite chacune et chacun d'entre nous ?...
En ricanant, il nous jette à travers le grillage des mensonges-cacahuètes ; et nous les avalons en oubliant que la porte de la cage est demeurée ouverte.

Oui, à certaines heures, j'entends bien les pas du saboteur qui s'approchent.

Appel à la vigilance : merci Christian !

Isabelle

iza a dit…

Ce texte me touche beaucoup ! il n'y a que lorsque la distance est prise que l on comprend que l on avait à faire à un pervers , mais les dégats sont faits ! et oui c'est un véritable enfer !
A bientot ! iZA

Christian a dit…

Bienvenue iZA
merci pour ton commentaire.

dimitri a dit…

Si le fonctionnement en nous n'était pas perverti,nous serions sage.
A part les sages,sur qu'il y a pervertion en nous.

-J'aime le psychisme car en lui les tendances s'observent sans ambages et sans échelles de valeurs.

Alors que vois-je en moi quelle qu'en soit l'échelle?
Et bien je vois une propention
(à éviter désormait):
- celle de vouloir "donner quelque chose"
à tout prix,
aux personnes qui me semblent avoir du coeur,
quitte à ce que cela nuise à ma vie,
.... en le sachant.

Voilà une forme de perversion possible dans le faite d'en etre conscient.
On pourrait parler de sacrifice
mais mal employé.
Donc exit cette propention.

-Mais en allant plus loin dans les recoins du psychisme,qu'apparait-il? :
Un schéma de martyre;celui qui est capable de souffrir ou de donner sa vie s'il voit que cela peut améliorer le bien-etre des personnes l'avoisinant.

Ou en suis-je par rappoet à cela?
Je ne le sais pas,je sais simplement qu'il s'agit de notions communes à tous,
qu'il est bon de connaitre
pour se connaitre soi-meme.

Il me tarde pour vous dire
de voir cela moins grossièrement,
pour etre situé de manière plus globale et
pour vivre progressivement de manière plus naturelle.

gazou a dit…

très intéressant cette réflexion sur le pervers..Je n'ai pas moi-même des idées très claires sur ce sujet..Mais cela aide à réfléchir