Comme à peu près tous les bons livres de ma bibliothèque, celui-ci m’a été offert. Car je ne suis pas doué pour aller vers les livres. C’est eux qui viennent à moi. Et chaque fois c’est une surprise, un étonnement, une ouverture, un enrichissement, un ravissement, un rebond qui m’amène à poursuivre mon voyage au pays de la pensée, de la sensibilité, de l’éveil… au pays de la rencontre avec celle ou celui qui m’initie à sa vision du monde. Et j’aime que l’auteur se livre, qu’il se donne par son texte. J’aime que lire soit faire connaissance.
Souvent je me dis après la lecture : bon sang, lève-toi, va dans une librairie ou une bibliothèque, il y a tant de chefs d’œuvre qui t’attendent. Mais chaque fois c’est la même expérience. Parcourant les rayons, mes doigts ne savent quel ouvrage saisir, et mes yeux décryptant une 4e de couverture, ou encore un paragraphe pioché au hasard, ne parviennent à convaincre mon esprit de l’intérêt d’aborder ce parcours. Je l’avoue, cela peut paraître terriblement prétentieux, mais j’ai peur de m’ennuyer. Relire ce qui déjà a été écrit, assister au développement d’une narration, d’une démonstration ou simplement d’un exposé qui me mène vers une destination déjà connue, m’insupporte. J’ai besoin d’être surpris, soulevé par la profondeur de vue, ou exalté par la puissance des mots.