début de ce blog - 24 décembre 2008

Le divin rencontre l'humain, le céleste fait du terrestre son nid,
l'essentiel allume ses lumières aux fenêtres de l'existentiel… Une histoire de naissance !

lundi 30 mars 2009

En marche

La vie est chemin. Nous aimerions qu’elle soit but. Le mental en nous réclame des résultats, et aspire à la réussite. Mais l’expérience nous rappelle d’une part l’impermanence de toute chose en ce monde, d’autre part l’aspiration sans fin du désir qui veut toujours plus et toujours mieux. Alors la voie de la sagesse consiste à ne tricher ni avec l’un ni avec l’autre. En respectant les âges et les époques.

Il y a un âge pour s’élancer, pour conquérir, pour désirer, pour posséder. Et puis vient une autre phase pour comprendre l’importance du pas plus que de la ligne d’arrivée. Pour explorer l’équilibre plus que le mouvement. Pour approfondir la justesse plus que l’intensité du désir, et traverser la vacuité engendrée par son aspiration à l’impossible ‘bon objet’. Cette orientation n’a rien à voir avec les concessions ou les compromis. Ce n’est pas se contenter de peu faute de plus, ni se résigner à de petits plaisirs par manque de vraies satisfactions. C’est envisager la vie sous un autre jour, celui du chemin plutôt que du but.

que serait la marche sans le chemin ?

La marche devient alors exercice. Chaque chose vécue dans une journée est invitation à percevoir la Présence qui nous accompagne, quelle que soit sa forme, favorable ou défavorable. C’est l’attitude du cœur qui transfigure l’épreuve en bénédiction, mais aussi la facilité en transparence à l’Essentiel. Et cet exercice demande à être recommencé encore et encore. La joie naît ici de l’effacement graduel plutôt que de la performance. Peu à peu le marcheur se confond avec le chemin dans une unité qui désigne l’au-delà du chemin et du marcheur. Et l’on pourrait tout perdre sans savoir que l’on est en train de tout gagner. Car ici il n’est plus question ni de gain ni de perte, seulement d’être en Vie.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Et je marcherai encore.
Pour saluer la pierre et le vent,
pour honorer le chemin et la Rencontre.

Superbe texte, Christian. Tes mots donnent des ailes. Merci !
Isabelle

Jigé a dit…

Salut ami français et merci du partage. C’est tout à fait par hasard, au gré de mes explorations des blogs, que j’ai atterri ici.

Super ton blog -et très utile. Bravo mille fois. (Môa itou aimer spiritualié).

NOTE. Mon blog parle de la connaissance de soi. Si le coeur t'en dit, tu es bienvenu.

Jean a dit…

Je ne peux que m'incliner devant la profondeur , la sagesse de ce texte .

En quelques lignes simples , tu résumes l'Essentiel .

Sais tu que cet exercice de marche consciente , ouverte , qui dépouille du superflu ,à la recherche de l'Essence , ( comme ton conseil d'avant hier au sujet de la recette de pommes de terre ), est demandé dans de nombreux monastères ZEN au Japon ?

J'admire vraiment ta manière , avec des mots tout simples , de conduire au coeur réel de la spiritualité .

Je te souhaite une belle journée .

Jean a dit…

"...explorer l’équilibre plus que le mouvement, approfondir la justesse plus que l’intensité , traverser la vacuité engendrée par son aspiration à l’impossible ...

La marche devient alors exercice ,
invitation à percevoir la Présence qui nous accompagne,
C’est l’attitude du cœur qui transfigure l’épreuve en bénédiction,
La joie naît ici de l’effacement graduel plutôt que de la performance.
Peu à peu le marcheur se confond avec le chemin dans une unité ..."

Que de leçons en si peu de lignes !
J'attends ton prochain article avec impatience !

(Attention , je ne veux pas "te mettre sous pression " .)

MUTTI a dit…

Synchronicité, lien d'âme ?... Autres mots... semblable respiration...

Il a beaucoup marché, ses pieds l’ont emporté, l’ont guidé.
Il s’est assis ici, puis là, et toujours ses pieds d’ailleurs en ailleurs l’ont transporté. Jamais lassé de marcher, il écoutait, doucement il respirait, il absorbait les voix, les mots, les idées.
Jamais en un lieu il ne s’est installé.
Il laissait chaque mot se résoudre, se dissoudre dans les flots pulsants de son sang.
Ses pieds l’ont emporté. Il existe tant d’ici et tant de là…pour sentir, pour goûter, pour entendre et comprendre, pour discerner la profondeur, l’essence même de ce qui veut se prononcer.
Des mots jamais il ne s’est soucié.
Des divisions, des différences, de chacune se proclamant unique vérité révélée, jamais son cœur ne s’est enflammé. Jamais il ne s’est précipité.
De ce qui se s’exprime ici, de ce qui se chante là pour autant qu’il en fut clamé, harangué, jamais il ne s’est méfié. Toujours l’amour à son oreille s’est relié.
De tous ces composés de la pensée, avec amour, sans gourmandise il s’est délecté, avec patience, tranquillement il a goûté tous les nectars ainsi extériorisés… en tous lieux il s’est désaltéré.
Sans faim, ni soif, il continue de marcher… en son cœur n’existe aucun chemin...
dont il pourrait connaître...
la fin…

Le marcheur - texte du 16 février 09
Muttifree

Jean a dit…

"...Car ici il n’est plus question ni de gain ni de perte, seulement d’être en Vie...."

Plus je relis ce texte , plus j'en perçois la richesse !

Oui , ressentir la vie !
De la même manière où nous oublions l'air que nous respirons , nous ne faisons guère attention à la VIE , nous n'y pensons à peine que s'il y a un risque de la perdre .
Pourtant , quelle chose énorme , gigantesque que la vie quand on "médite " sur elle , ou plutôt quand on cherche profondément à la ressentir .
Il a fallu que j'attende d'avoir largement dépassé l'âge de la retraite pour prendre véritablement conscience de la vie .
On a tellement l'habitude de la concevoir comme allant de soi qu'on ne la voit plus .
Aujourd'hui ,l'existence de la vie m'étonne autant que si je voyais
un homme s'envoler en battant des bras .
Me ressentir VIVANT !
Un vrai miracle !
Pas par opposition à la mort , non , tout simplement ressentir la VIE !