À 9 ans, j’ai vécu une expérience dont je me souviendrais toujours. Mes parents venaient de s’installer dans un lotissement à l’extérieur d’un petit village. Et les citadins revenus pour un moment à la campagne, se régalaient d’aller prendre quelques produits directement à la ferme. C’était le cas pour le lait. Mais après l’enthousiasme des débuts, il fallait s’organiser pour se rendre chaque jour à la sortie de la traite avec son bidon en aluminium, et c’est le plus jeune qui fut prié de s’y coller !
Me voilà donc de nuit, à pied, à parcourir le chemin en terre sans éclairage d’environ 1,5km qui séparait le village du lotissement. Ce soir-là d’hiver, en plus du froid, une épaisse brume. Et ce moment angoissant où la dernière lumière n’est plus visible, sans encore apercevoir « l’autre côté ». La crainte que quelque chose surgisse de l’indifférencié, le cœur qui se serre, le pas qu’on voudrait plus rapide pour que ça finisse... et puis soudain tout s’emballe. Un bruissement ? L’imagination ? Je ne saurai le dire. Mais la peur m’attrape à la gorge, assaillit mes sens, me propulse ...dans un espace de grand calme ! L’horrible bête tapie dans l’ombre peut m’agresser, il ne m’arrivera rien - mais vraiment rien. Une incroyable assurance m’habite, inexpliquée, inexplicable pour moi à 9 ans.
gravir la peur jusqu'au grand calme
3 commentaires:
Je me souvient de même d'un grand calme en face de la mort.
J'étais assis dans ma chambre et j'observais la (ma) mort ,un appaisement venant alors.
Un soulagement.
Je souhaite repasser par la .
En fait je crois que, bien souvent,on ne soupçonne pas la force que l'on a en nous tant que nous ne sommes pas confronté à un événement révélateur, j'étais terrorisée par la mort et si on m'avait dit qu'un jour j'accompagnerais les derniers instants de ma mère avec une telle paix, une telle force, une telle certitude ... et pourtant c'est ce qui s'est passé ... Nous avons des ressources en nous qui ne demandent qu'à être réveillées. Souvent aussi nous avons peur de la peur, je l'ai remarqué en dormant à la belle étoile, j'ai peur avant, je me dis et si j'entends tel bruit je vais être terrorisée, je repense à des histoires sordides ... mais une fois que je suis dans mon sac de couchage sous le ciel immense la plupart du temps tout ça disparaît pour faire place à une grande paix ...
Que de choses en partage...! L'angoisse devant la mort apporte cette rencontre : on n'est pas seul, rien ne peut plus nous arriver. Depuis ce moment vécu, plus rien n'est pareil et je crois sincèrement que c'est un cadeau merveilleux.
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