début de ce blog - 24 décembre 2008

Le divin rencontre l'humain, le céleste fait du terrestre son nid,
l'essentiel allume ses lumières aux fenêtres de l'existentiel… Une histoire de naissance !

mardi 31 mars 2009

Persévérer

Il arrive parfois la situation suivante : vous faites appel, disons, à votre installateur sanitaire. Il fait son intervention, un nouveau raccordement pour brancher votre adoucisseur d’eau. Mais, vous vous en apercevez quand il est reparti, l’installation est mal faite et vous empêche dorénavant d’accéder au robinet d’arrêt de l’eau, ce qui est tout de même un inconvénient majeur pour les jours où se produit une fuite dans la maison ! Vous demandez qu’il revienne et vous lui soumettez le problème, en lui indiquant que de votre point de vue, il faudrait reprendre et déplacer toute l’installation. « Vous n’y pensez pas (sous-entendu j’ai autre chose à faire que de recommencer mon travail), un simple contournement fera l’affaire ». Le contournement est réalisé, et lorsque le lendemain vous allez jeter un coup d’œil, stupeur il y a une fuite au niveau du branchement de l’adoucisseur. « Monsieur l’installateur, il y a une fuite… ». Ne vous inquiétez pas, il va venir ! Il revient en effet quelques jours plus tard, et vous explique que c’est d’avoir travaillé au chalumeau pour réaliser le contournement qui a endommagé le raccord. Un coup de clef à molette et il n’y paraîtra plus. Le coup est donné, et patatras, d’avoir un peu trop forcé c’est la rupture. On coupe l’eau en hâte (merci le contournement !) mais il va falloir commander une nouvelle pièce, et là impossible de savoir le délai…

De cette histoire, dont j’invente à peine les détails, il est possible de retenir plusieurs leçons. Certains s’interrogeront peut-être sur le ‘mauvais karma’ qui est le vôtre d’avoir attiré dans votre vie un tel installateur. D’autres vous diront, quand c’est mal parti, il vaut mieux en faire son deuil, et faire reprendre les travaux par un autre artisan -à condition de pouvoir suivre financièrement. D’autres encore souligneront que c’est l’occasion de vous affirmer, associations de consommateurs, avocats, tout est bon pour contraindre ce gaillard à réparer ses erreurs, et vous pour passer vos loisirs en démarches et procédures. Personnellement je choisis de méditer (car l’histoire dure depuis plus de 6 mois) sur l’incroyable capacité de l’humain à persévérer sur une fausse piste. Combien de fois ai-je engagé une mauvaise voie dans ma vie ? Mais simplement parce que j’y ai mis de ma sueur et de mon énergie, je veux faire que ça marche. Et plus je me dépense en ce sens, moins il devient envisageable pour moi de reconnaître que c’est une erreur. Il va falloir sérieusement que j’envisage de remercier mon installateur pour cette belle leçon. Qu’en pensez-vous ?

lundi 30 mars 2009

En marche

La vie est chemin. Nous aimerions qu’elle soit but. Le mental en nous réclame des résultats, et aspire à la réussite. Mais l’expérience nous rappelle d’une part l’impermanence de toute chose en ce monde, d’autre part l’aspiration sans fin du désir qui veut toujours plus et toujours mieux. Alors la voie de la sagesse consiste à ne tricher ni avec l’un ni avec l’autre. En respectant les âges et les époques.

Il y a un âge pour s’élancer, pour conquérir, pour désirer, pour posséder. Et puis vient une autre phase pour comprendre l’importance du pas plus que de la ligne d’arrivée. Pour explorer l’équilibre plus que le mouvement. Pour approfondir la justesse plus que l’intensité du désir, et traverser la vacuité engendrée par son aspiration à l’impossible ‘bon objet’. Cette orientation n’a rien à voir avec les concessions ou les compromis. Ce n’est pas se contenter de peu faute de plus, ni se résigner à de petits plaisirs par manque de vraies satisfactions. C’est envisager la vie sous un autre jour, celui du chemin plutôt que du but.

que serait la marche sans le chemin ?

La marche devient alors exercice. Chaque chose vécue dans une journée est invitation à percevoir la Présence qui nous accompagne, quelle que soit sa forme, favorable ou défavorable. C’est l’attitude du cœur qui transfigure l’épreuve en bénédiction, mais aussi la facilité en transparence à l’Essentiel. Et cet exercice demande à être recommencé encore et encore. La joie naît ici de l’effacement graduel plutôt que de la performance. Peu à peu le marcheur se confond avec le chemin dans une unité qui désigne l’au-delà du chemin et du marcheur. Et l’on pourrait tout perdre sans savoir que l’on est en train de tout gagner. Car ici il n’est plus question ni de gain ni de perte, seulement d’être en Vie.

dimanche 29 mars 2009

Souffrance

A priori personne n’aime la souffrance. Même quand on parle de masochisme, les cas de personnes qui ressentent une véritable jouissance de leur souffrance restent limités et rares. Par contre nous faisons tous à des degrés divers l’expérience de la souffrance au quotidien. Et c’est une véritable école que d’apprendre à se situer correctement face à elle, qu’elle soit physique, psychique ou spirituelle. Est-il possible d’en rappeler courtement le mode d’emploi ?

Redisons qu’il est légitime de chercher à lui échapper. Tout ce qui est en notre pouvoir pour la réduire ou l’évacuer doit être mis en œuvre, car il n’y a pas de vertu particulière à souffrir inutilement. Mais cet effort ne doit pas se faire en sautant par-dessus l’interpellation qu’elle représente. Car très souvent elle apparaît comme un signal pour attirer notre attention sur un dysfonctionnement. Qu’ai-je à entendre, à comprendre, à corriger dans ma façon de vivre ? Ce questionnement est réellement profitable et nous permettra d’évoluer, faute de quoi si nous avons réussi à la faire taire, elle a toutes les chances tôt ou tard de réapparaître dans nos vies, parfois sous une autre forme.

Et au-delà de cette marche de progrès, la souffrance est aussi le lieu incomparable d’un grand mystère. Naturellement nous avons tendance à la refuser. Or comme toute expérience initiatique, c’est en l’acceptant entièrement, en se livrant totalement à elle, que l’on découvre à l’intérieur d’elle une porte qui s’ouvre vers une autre réalité. Cette exploration est éprouvante et difficile. Je peux seulement témoigner qu’elle est féconde pour celui qui ose la traverser.

Peut-être avez-vous des expériences à partager ?

samedi 28 mars 2009

Photovoltaïque

Avoir conscience de l’état actuel de notre planète ne suffit plus. Il est indispensable d’agir. Sans quoi notre conscience s’alourdira bientôt de la responsabilité d’avoir laissé faire et participé à une des plus grandes entreprises de destruction jamais perpétré sur terre. Soyons clair. Il n’est pas question ici de culpabiliser - la lourdeur de ce sentiment ne rend généralement l’action que plus difficile et constitue un bien mauvais point de départ pour rétablir une juste harmonie avec la vie. Mais il est question d’éveil. De se soutenir et s’aider mutuellement pour se réveiller. Car il est grand temps.

J’ai le privilège d’avoir pu aménager mes locaux professionnels de telle façon qu’ils ne prélèvent plus aucune énergie sur la planète. La démarche se déroule en trois temps : d’abord il convient de réaliser une très bonne isolation des sols, murs, plafonds et fenêtres, ensuite il s’agit de choisir un procédé de chauffage-rafraîchissement très économe en énergie comme la pompe à chaleur, et finalement il faut mettre en place une production d’énergie renouvelable ici des panneaux photovoltaïques qui transforment les rayons du soleil en électricité. Le bilan annuel total laisse apparaître deux fois plus d’énergie produite que d’énergie consommée : c’est un des premiers bâtiments à énergie positive en fonction dans notre région.

60m2 de panneaux en toiture

Je ne tire aucune gloriole de cette réalisation. Elle a nécessité des priorités claires et des choix personnels importants. Je voudrais simplement attirer l’attention sur le fait qu’il est possible de le faire, et dire que pour moi mettre en cohérence une démarche intérieure avec une démarche extérieure est fondamental. Sans quoi l’action restera encore et toujours l’apanage des militants et la clairvoyance celui des méditants. C’est ma contribution, au moment où un appel mondial nous invite à couper nos lumières aujourd’hui 28 mars de 20h 30 à 21h 30 pour renforcer la conscience collective de l’urgence de notre situation planétaire.

vendredi 27 mars 2009

Pommes de terre

Certaines expériences simples contribuent parfois à nous replacer au cœur même de l’Essentiel. La préparation avec attention d’un met des plus rustiques, produit pour moi cet effet, et le bénéfice n’est pas seulement dans l’assiette, il est véritablement dans le rétablissement d’un certain équilibre du corps et de l’esprit. Voilà comment je réalise ma délicieuse salade de pommes de terre, qui réjouit les papilles mais restaure aussi les plus difficiles humeurs !

Je choisis environ 2kg de pommes de terre à chair ferme de taille moyenne. Je les plonge dans l’eau bouillante. Pendant qu’elles cuisent en robe des champs, je prépare la sauce vinaigrette. Une cuillère à soupe de vinaigre de cidre, une cuillère à café de moutarde de Dijon que l’on délaye dans le vinaigre, cinq cuillères à soupe d’huile d’olive, un peu de sel. J’ajoute une bonne cuillère à soupe de mayonnaise, en remuant jusqu’à obtenir une sauce homogène. Alors je fais fondre un demi bouillon-cube dans un peu d’eau chaude et j’ajoute ce liquide parfumé à la sauce.

Les pommes de terre cuites à point sont légèrement refroidies sous l’eau du robinet. Je les épluche soigneusement, avant de les couper en rondelles fines et régulières dans la sauce vinaigrette. La petite astuce consiste à remuer légèrement au fur et à mesure, de façon que les rondelles ne se collent pas les unes sur les autres mais qu’elles s’épanouissent dans la sauce. Attention aussi à ne pas trop les briser, pour que la salade ne prennent pas des allures de purée !

Vous pouvez servir selon vos préférences avec quelques crudités ou un filet de hareng fumé, ou encore une vraie saucisse de Strasbourg et une délicieuse bière d’Alsace. Bon appétit !

jeudi 26 mars 2009

Le cheval

Elle en rêvait depuis longtemps. Mais c’était à ses yeux une dépense insensée. Elle ne pouvait imaginer s’offrir à elle-même une aussi incroyable expérience. Il a fallu qu’elle entende combien l’acte juste n’a rien à voir avec le caprice, combien l’écoute de l’appel intérieur libère, combien la bonne décision n’est pas forcément raisonnable mais responsable envers soi-même, la vie et les autres. Car finalement qu’y a-t-il de pire que de se détourner de ce qui nous fait vivre vraiment ?

Au nouvel an elle a donc choisi d’acquérir cet animal pour en faire son compagnon de route. Une belle rencontre. Parmi ceux qu’elle a visités, un seul lui a parlé. Et son tempérament vif et un peu insoumis correspondait parfaitement à cette part d’elle-même avec laquelle elle cherchait à se réconcilier. Il n’a pas été facile de le monter, et dès la première séance elle a compris qu’elle s’était engagée dans un vaste apprentissage. Ce cheval lui renvoyait avec tellement de pertinence toutes ses attitudes défaillantes face à la vie.

compagnon vers la vie

Aujourd’hui elle est venue, rayonnante. Avec la complicité de l’enseignant, elle a perçu sa fermeture et son énorme besoin de contrôle, et la réponse dans le raidissement que cela générait chez l’animal. Alors il a guidé le cheval et sa cavalière, et ils se sont mutuellement accompagnés vers une autre expérience. Qui en a pris les rênes ? On ne saurait le dire. Mais cette femme avec son cheval est entrée pour la première fois de sa vie dans le lâcher prise. Et la transformation qu’elle a ressentie dans son corps, amplifiée par le changement dans le corps de l’animal, restera gravée à tout jamais dans sa mémoire. On dit du cheval qu’il est l’ami de l’homme. Il en est certainement aussi le thérapeute.

mercredi 25 mars 2009

La vie en musique

Voilà bien un mystère de la vie : elle se compose d’un assemblage de notes et de sons, mais le résultat dépasse de loin la simple addition de ces éléments. C’est la musique ! Celle qui accompagne nos existences, qui en colore les contours et qui en accentue les reliefs. Celle aussi qui nous inspire au cœur des élans inattendus, et qui parfois même guide nos esprits vers de nouvelles compréhensions. La musique est langage. Et si nous sommes habitués dans notre culture à ce qu’elle soit principalement langage émotionnel, elle déborde dans sa nature très largement ce seul registre.

La vie est musique. Et le génie du musicien, c’est de transmettre la vie. À peu près comme l’agriculteur, qui en cultivant fruits et légumes, ne fait pas la vie mais nous la transmet. Et écouter une musique c’est se laisser féconder, c’est faire l’amour avec un rythme, une harmonie, une sonorité, et retrouver son âme enceinte d’un supplément de vie. Ce n’est pas une mince affaire. Et vous l’avez observé nos goûts, nos préférences évoluent au fil du temps. C’est plutôt bon signe.

Je vous propose sur ce blog un petit accompagnement musical. Je rêve d’une véritable ‘programmation’ qui viendrait chaque fois illustrer mon propos, l’enrichir et l’élargir par un dialogue fécond. Et la lecture et l’écoute, soutenues par l’image aussi, deviendraient pour nous ici l’entrée dans une sorte de chemin d’expérience. Je n’en ai pas les moyens, mais parfois il se produit quelque accord, et je crois que certains d’entre vous l’ont perçu. Et pour ceux (d’après le dernier sondage) qui ne le savent toujours pas, la musique se met en cliquant en haut à droite de ce blog, sur la flèche ‘play’ du lecteur. Bonne journée.

mardi 24 mars 2009

Voilé-dévoilé

Partis en Inde le mois dernier, Anne nous fait l’offrande de ce billet (que j’ai du réduire) et Fabian de la photo qui l’accompagne. Merci à tous deux.

De l'Inde je ne connaissais vraiment que le Kerala, et le sourire éclatant de gentillesse qui répondait au mien, la douceur et la profondeur des regards qui offraient sans crainte le chemin qui mène à la source du coeur. Aujourd'hui je découvre le Radjasthan. Les femmes ici sont à la fois petites comme de toutes jeunes filles et majestueuses comme des reines. Et je me suis interrogée sur le long voile qui les enveloppe. Et ce n'est qu'au bout de plusieurs jours de déception et de frustration, que j'ai pu apprendre, par gestes, rires et sourires, son secret.

Ces redoutables magiciennes en usent avec un art consommé qui se transmet de mères en filles. Entièrement sur le visage, il protège du vent, de la poussière, des regards indiscrets. À moitié ouvert, parfois retenu entre les dents, il ne laisse apparaître qu'un oeil noir de khôl, et fait encore plus désirer le visage tout entier. Et si la Radjapoute est lassée de son interlocuteur, elle ramène le voile et se retire à volonté derrière ce léger, mais inviolable rempart.

Nous avons pour nous-même dépassé bien des limites imposées autrefois par l'éducation et la tradition. Nous nous réjouissons avec raison d'une liberté de parole et d'expression auxquelles nous ne pourrions renoncer. Nous n'hésitons pas à confier l'intimité de notre vie amoureuse ou intérieure. Du silence emmuré de nos parents et grands-parents, nous voici passés à la parole libérée de toute entrave, parfois de toute pudeur.

Alors, sans chercher à devenir ce que nous ne sommes pas, ce que nous ne serons jamais, pourquoi ne pas réfléchir, ne fut-ce qu'un instant, à ce que peuvent nous révéler ces voiles mouvants qui tremblent sur le visage de ces femmes ? Peut-être pourrions-nous apprendre d'eux qu'il n'est pas toujours utile de révéler au grand jour ce qui demande de l'ombre et de la discrétion ? Que le mystère de l'autre autant que de soi-même, a besoin de protection, de solitude et de silence ? Le numineux, le sacré, et je me permets de croire que le féminin en est particulièrement riche, demandent à être voilés, pour donner accès à l'ultime grotte du coeur.

Je vous écris ces lignes dans la douceur du crépuscule indien. Des aigrettes blanches viennent de se poser sur les branches des arbres qui bordent le jardin. Il paraît que la nuit dernière une panthère se promenait dans les bosquets. Vraiment, l'Inde est le pays de nos rêves d'enfants.

lundi 23 mars 2009

68 ans

Joli port de tête, grands yeux rieurs, sourire gêné. Je l’invite à prendre place, et à se confier. Pas facile, quand c’est la première fois. Un peu comme s’il fallait passer un examen. Pourtant elle est soucieuse. Son fils de presque 40 ans est venu se réfugier chez elle. Rien ne va plus avec son épouse. Et après quelques jours où elle a voulu remplir son office de mère, elle s’aperçoit que ce n’est pas forcément une bonne chose, qu’elle risque en réalité de faire plus de mal que de bien. Alors elle s’est dit qu’il y avait bien des aspects qui devaient lui échapper, et qu’il serait judicieux d’aller se faire aider. La voilà dans mon bureau.

Elle entreprend de m’exposer la situation. Elle le fait avec beaucoup de clairvoyance. Entre les besoins des uns, les impossibilités des autres, son désir de soutenir et d’aider, et les limites dues à son âge. Ce qui me frappe c’est que cette femme navigue entre tous les rôles : fille, épouse, mère, belle-mère, grand-mère… J’essaye de le lui faire remarquer, avec douceur, car je me dis qu’il n’est sans doute pas très évident pour elle de modifier de telles habitudes. Mais c’est elle qui me surprend quand elle me lance : « Vous voulez dire que je les gonfle, avec mes besoins d’être sur tous les fronts ? »

Je ne me serais pas permis de l’exprimer ainsi. Mais puisqu’elle rit, et qu’elle ajoute : « Mais je ne sais rien faire d’autre ! », je la mets au défi : « Vous avez bien une envie, une que vous repoussez à plus tard et qu’il serait temps de prendre au sérieux ? ». Elle réfléchit, hésite un peu, et puis annonce : « J’irai bien à la mer ». Une demi-heure plus tard, elle sort de mon bureau, s’apprêtant avec malice à transgresser l’ordre établi de sa vie. Le week-end prochain elle fera ses valises et partira écouter son désir personnel. Qu’ils se débrouillent grands et petits. Et elle ajoute avec humour : « Ca leur fera des vacances ».

Vous pensiez qu’il y a une limite d’âge pour évoluer ? Je le croyais aussi…

dimanche 22 mars 2009

Poubelles

Ah ! Elles sont belles, nos bennes à ordures. Le soir, fièrement alignées devant les entrées de nos immeubles et maisons, comme une armée prête au combat. Le matin, plus ou moins discrètement vidées par ceux dont c’est le métier. Et déjà les voilà qui disparaissent. Avant de réapparaître à peine deux jours plus tard, la gueule entr’ouverte, les joues gonflées de nouvelles provisions. Elles sont peut-être le signe majeur de notre civilisation. Et à ce titre méritent notre considération.

Je me suis donc approché, et j’ai perçu quelques bribes de leurs conversations. De quoi parlaient-elles ? J’ai entendu les banalités du toujours plus, qui les réjouit mais franchement sans plus. Et puis il a été question des fêtes, dont elles sont sans conteste la juste échelle de mesure. Ici une petite voix voulait se vanter de ne prendre que du papier. Là un rire un peu lourd savourait de voir se mêler chaussettes, informatique, pain sec, et poupée barbie.

insatiables... de ce qui nous fait vivre ?

Mais j’ai été stupéfait d’entendre à une heure plus avancée, ce qui nourrissait vraiment leur existence de poubelles. L’une confiait : « hier j’ai récupéré la virginité de la fille d’à côté ». Sa voisine :  « et moi la fierté de l’homme d’en face ». L’autre : « on m’a gratifiée des meilleurs souvenirs d’enfance ». Et plus loin encore : « ce matin j’ai eu droit à une vieille amitié ». Puis un silence admiratif s’est instauré entre elles toutes, lorsque celle qui n’avait pas encore parlé s’est lentement avancée. Et mes oreilles ont clairement perçu sa voix triomphante déclamer : « et moi, mes chères, c’est un rêve que j’ai dévoré ».

Dingue, tout ce que l’on peut jeter à la poubelle !

samedi 21 mars 2009

Reconnaissance

J’ai reçu avec beaucoup de reconnaissance vos réactions et vos délicates attentions (ici et en-dehors) durant cette période d’interruption, et je vous en remercie très sincèrement. J’avoue que nos rendez-vous quotidiens m’ont manqué. Vous avez été plusieurs à l’exprimer également. Alors je reviens avec bonheur poursuivre avec vous ces partages d’expérience et réflexions autour de la vie. Je salue au passage celles qui ont rejoint entre-temps les abonnés fidèles, et merci aussi pour vos nombreux commentaires.

Reconnaître quelqu’un ou quelque chose c’est rafraîchir sa mémoire, c’est se souvenir qu’on a déjà fait sa connaissance et retirer le voile de l’oubli ou de l’éloignement qui s’est glissé entre lui et nous. Mais la reconnaissance ? Celle qui élargit nos cœurs en gratitude et bonté, qu’a-t-elle à voir avec la mémoire ? Probablement déjà ce rapport de se rappeler qu’entre nous et ce qui nous arrive, il n’y a pas de lien obligatoire. Autrement dit : tout vous est dû ? pauvre de vous ! Et puis il y a aussi que la reconnaissance se nourrit du souvenir positif de tout ce qui a été donné. Nous sommes si facilement et si vite oublieux des bonnes choses...

J’ai connu il y a quelques années des personnes qui affirmaient que la reconnaissance n’est que l’expression d’une soumission et d’une dépendance. Jamais un merci. Par principe. C’est une question de point de vue. Je trouve pour ma part que la gratitude libère. Elle est mon pouvoir de m’affranchir de la pauvreté, en regardant avec un heureux étonnement ce qui m’est donné. Aujourd’hui mon corps retrouve des forces. Mon esprit retrouve sa faculté à se concentrer. Mon cœur dit ‘merci’.

mardi 17 mars 2009

Fermeture

…provisoire J

Quand, par l’effet de la grippe, le corps n’est plus qu’une grosse boule de courbatures et que la fièvre embrûme l’esprit, il est difficile d’accueillir les mots du partage…

 alors je vous dis à bientôt

en méditant le luxe que représente la possibilité de réfléchir, pour les biens-portants que nous sommes généralement !

 

amicalement

votre artisan blogger

lundi 16 mars 2009

Aimer ?

Qu’est-ce que veut dire aimer ? Est-ce qu’on aime une personne comme on aime le fromage, la musique ou son chat ? Avant de manger un carreau de chocolat, est-ce que je lui déclare : « je t’aime » ? Aimer est-ce avouer un besoin : « sans toi je ne pourrai pas vivre » ? Est-ce qu’aimer implique forcément entrer dans une forme de dépendance ou de domination ? Le nourrisson aime-t-il le sein de sa mère ? Quand j’aime le vent léger du printemps qui balaye la campagne de sa suave douceur, s’agit-il cette fois d’un éveil ? J’aime, n’est-ce pas déjà prétendre un peu : « pas touche, c’est à moi » ? Un homme et une femme qui s’aiment vivent-ils un éveil ? Les abeilles aiment-elles les fleurs ? L’eau aime-t-elle la fontaine ou serait-ce plutôt l’inverse ? Quand le jour aime la nuit, la nuit a-t-elle alors une dette envers le jour ? J’aime Mozart, cela signifie-t-il que je laisse son génie transformer ma vie ? Et Mozart aimait-il les chats ? En se laissant manger, le chocolat que j’aime ne se donne-t-il pas une nouvelle vie en moi ? Aimer, libre de tout besoin et de toute dépendance, est-ce faire alliance ? Aimer les alliances en or ou avec un diamant, est-ce bon signe ? La mère qui aime son nourrisson, a-t-elle une dette envers lui ? Aimer Dieu est-ce accepter toutes les transformations que la vie nous propose ? Aimer celui ou celle qui croise ma route, est-ce reconnaître en lui ou elle la trace du divin ? Est-ce que j’aime vivre sans avoir besoin de la Vie ? Aimer la Vie n’est-ce pas lui appartenir ? Qu’est-ce que veut dire aimer ?

J’aime me poser des questions ! J

dimanche 15 mars 2009

Ensemble

Voilà un mot qui a toujours exercé sur moi une attirance particulière. Et j’ai quelques fois regretté amèrement d’être né au siècle du ‘chacun pour soi’ tant cette façon de vivre m’est contraire. Sentiment d’exil, impression de captivité loin de ma terre natale. C’est une épreuve que je traverse à présent avec plus de philosophie. Mais je continue de proposer ici et là, toutes les fois qu’une opportunité se présente, l’expérience d’un bout de chemin ‘ensemble’. Et chaque fois je ressens l’énergie rayonnante de cette façon d’être, l’accès à une autre présence au monde, différente d’une simple addition d’individus…

L’été dernier, pour donner un coup de pouce à un couple d’amis, j’ai organisé la mise en chantier de la rénovation d’un mazet, dans lequel elle souhaitait installer sa nouvelle activité professionnelle. La toiture avait besoin d’une complète remise en état. Et pour conserver le cachet de ‘l’ancien’ il a été décidé de récupérer les vieilles tuiles. Nous avons organisé une grande chaîne avec la famille, des amis de passage, les enfants du couple. Aujourd’hui encore si vous interrogez ces derniers, vous verrez au fond de leur regard briller la flamme d’un vécu hors du commun - rien à voir avec l’éternelle et solitaire ‘nintendo’ !

empilées pour être bientôt emboitées...

Et ici, sous vos yeux, apparaît une expérience similaire. Les contacts que tisse peu à peu ce blog font qu’aujourd’hui la photo qui est le point de départ de ce billet nous est offerte par Jean. Rencontre au hasard de ‘la toile’, j’apprécie beaucoup sa perception du monde. Allez voir son blog, c’est magique. Il a été convenu : tu me transmets un ‘regard’, je laisse venir les mots… Et vous le constatez, l’alchimie se produit. Merci Jean. Alors en cas de pluie ou de forte chaleur, vous pouvez toujours essayer de vous réfugier sous une seule tuile. Mais en réalité sa ‘valeur’ n’a d’intérêt qu’au contact de toutes les autres, celles qui lui donnent la main et forment ensemble ce qui s’appelle un toit.

samedi 14 mars 2009

Rencontre

Ils sont venus de loin. Deux heures de route, ce n’est pas rien. Venus découvrir mon lieu, pour y proposer quelques rendez-vous cet été. Et bizarrement -vous l’avez remarqué, n’est-ce pas ?- quand on vient de loin, le regard est souvent plus attentif, l’écoute plus profonde. Et la rencontre a eu lieu. C’est une grâce, le cœur à cœur. Les mots, ce qu’il faut dire, ce qu’on a besoin de savoir, s’égrènent mais on sait bien pendant tout ce temps-là que l’essentiel est ailleurs et qu’il a déjà eu lieu. Que l’accord que l’on doit bien vérifier et exprimer est déjà donné. Oui, donné. Par une voie supérieure, on pourrait aussi dire par le chemin des profondeurs.

Et c’est amusant. On pourrait aussi bien se taire. S’asseoir juste un peu côte à côte, et laisser faire. Au fond ce n’est qu’une question de pudeur. Le silence conduit sans doute si vite à une si grande intimité qu’on préfère un peu bavarder. Mais c’est juste pour se rassurer.

Et puis vient l’aveu, l’envie de se laisser vaincre. « Votre lieu est magnifique, on s’y sent vraiment bien ». Et en fait, on aimerait même ne plus en repartir. Car on sait bien que là se joue quelque chose d’une autre dimension, qu’ici une équation rare fonctionne. Mais c’est l’heure de partir. Et voilà qu’on fait une bise à une inconnue, dont on ignorait tout il y a encore une heure, et qu’on serre très chaleureusement la main d’un inconnu qui est devenu en si peu de temps comme un frère. Et dans un dernier au revoir ils ont exprimé leur reconnaissance pour l’accueil, et moi mon heureuse gratitude pour leur visite. Quelle belle rencontre.

vendredi 13 mars 2009

Les anges

Les témoignages affluent depuis toujours et de tous côtés pour nous rapporter que le monde dans lequel nous vivons comporte aussi une face invisible. Seule notre société ‘moderne et positiviste’ s’est mis en tête de refuser ces informations que les sciences dites exactes ne peuvent vérifier. Et cependant malgré ce puissant refoulement orchestré par le pouvoir dominant, même chez nous dans nos villes et nos campagnes les récits discrets et prudents d’expériences ‘anormales’ ne manquent pas pour qui a assez d’ouverture d’esprit pour les entendre. Le livre de Pierre Jovanovic « Enquête sur l'existence des anges gardiens » paru dans les années 90 a fait le point sur tout cela.

L’organisation du vivant se ferait ainsi selon la gradation suivante, du plus concret et stable au plus subtile et sublime : les minéraux, les végétaux, les animaux, l’homme - la femme, les anges, les chérubins, les séraphins. Ce schéma indique clairement que si nous avons beaucoup à recevoir de la compagnie des bêtes, des plantes et des cristaux, il y a tout autant à recevoir de la compagnie des ‘êtres de lumière’ comme on les appelle parfois.

sentir leur présence en certains lieux

Pour accomplir au mieux notre parcours existentiel, pourquoi se priver de ce soutien et de cette collaboration avec toutes les formes du vivant ? Il m’arrive fréquemment de solliciter les anges dans leurs fonctions principales de messagers et de gardiens pour leur confier les personnes avec lesquelles je chemine. Et, je le crois, c’est un bonheur pour eux aussi de pouvoir participer ainsi à l’accomplissement de ce qui est juste. Voilà quelques précisions pour répondre à vos demandes. Je vous renvoie aussi aux billets ‘L’invisible’ et ‘La place de l’humain’. Merci pour les expériences que vous voudrez bien nous partager sur ce sujet, elles sont les bienvenues.

jeudi 12 mars 2009

comprendre-ressentir-agir

Le vécu humain navigue au quotidien entre trois pôles. Quoi que nous fassions, quelle que soit la situation que nous traversions, nous avons toujours besoin de comprendre, de ressentir et d’agir. Prenons un exemple : je viens de recevoir ma facture de téléphone et son montant est particulièrement élevé. Je cherche des informations (comprendre), j’ai un nœud à l’estomac (ressentir), et je prends la décision de changer d’opérateur (agir). Bien sûr l’ordre de priorité de ces pôles peut varier : je me mets d’abord en colère, ensuite je déchire la facture, et finalement j’interroge mon opérateur pour avoir des explications. L’importance qu’ils prendront respectivement selon le contexte aussi : pour cette fois je pousse un gros soupir, je parcours rapidement le détail de la facture, et résigné je sors mon carnet de chèque.

Mais chaque fois ils réclameront chacun leur dû. Et lorsqu’il arrive que l’un ou plusieurs d’entre eux ne trouve pas satisfaction, nous voilà en souffrance. Je ne comprends rien, je me sens mal, je ne peux rien faire. C’est la base de toutes nos galères. Et quand nous n’évaluons pas la situation en conscience, il arrive que nous nous bloquions ou que nous demandions à un pôle de compenser la frustration de l’autre. Je cherche constamment à tout analyser, alors qu’en réalité je ne sais pas faire face à mes peurs. Je veux perpétuellement faire le bien autour de moi parce que je ne comprends pas ce qui est arrivé dans mon enfance. Je cultive l’harmonie pour ne pas m’avouer mon impuissance à prendre les bonnes décisions… Alors nous ajoutons de nouvelles difficultés à nos souffrances, et nous organisons les crispations de nos vies.

Peut-être aujourd’hui en sera-t-il autrement ? Cela dépend de moi !

mercredi 11 mars 2009

Chevauchée

J’irai ma vie, chevauchant les événements et les circonstances, faisant corps avec mes forces et mes faiblesses, parcourant le doux et le difficile, pour tracer mon itinéraire dans la grande étendue des possibles.

Finalement je ne sais rien de ce qui est juste ou droit, de ce qui mérite le détour ou qui est perte de temps, et j’avance vers l’immensité de la vie dans l’élan de m’y fondre et dans l’étonnement de m’y retrouver.

ancré en terre, pointé au ciel

Au fond de moi repose l’étincelle venue des cieux, elle me brûle si souvent de son impatience à trouver le chemin du retour et m’inquiète toujours de garder en perspective l’aboutissement de toute chose.

Et cet appel pointe vers un là-bas et met mon histoire personnelle en tension, sans que je sache clairement ni comment ni pourquoi, conscient seulement de porter plus haut cette course qui nous est à tous commune.

mardi 10 mars 2009

Marcher

Entre mes locaux professionnels et mon domicile, il y a une dizaine de minutes à pied. J’apprécie beaucoup ce petit trajet, le plus souvent possible, quand la météo le permet -ce qui par ici est assez fréquent. C’est toujours le même chemin, pourtant il ne génère chez moi aucun ennui et favorise au contraire une sorte de méditation. Il est un peu comme un programme immuable durant lequel je n’ai pas de question à me poser. Un espace où je me sens dispensé de choisir et de décider. Une sorte de rituel qui me conduit, libre de toute responsabilité.

Je marche sensible à l’énergie de mon pas, qui varie selon les jours, selon mon humeur. J’observe les milles petites choses qui composent ce parcours, de l’état de la chaussée aux graffitis sur les murs en passant par la végétation des jardins, les noms sur les sonnettes des maisons, le rebord du mur qui menace de crouler, et l’inévitable crotte qu’il vaut mieux contourner. J’écoute les bruits de la ville, et à cette saison le chant de l’oiseau qui s’en détache. Je hume les vapeurs d’essence et de gasoil (!) des véhicules qui passent, et récemment cette vague suave et mielleuse des effluves de mimosas.

Ce chemin m’en rappelle un autre. Celui qui me menait de la maison à l’école communale quand j’étais enfant. Tellement semblable au fond, tellement proche d’une certaine manière, qu’il m’arrive de les faire ensemble, comme si je me trouvais en compagnie du petit garçon. Et je m’interroge alors sur cette marche qui relie l’un à l’autre, et au-delà sur la marche de ce monde où j’ai été placé. Et je me dis qu’il serait bon que nous soyons plus nombreux chaque jour à prendre un peu le temps de marcher.

lundi 9 mars 2009

Innocence

Les espaces naturels, les animaux sauvages, les enfants aussi… nous parlent de cette dimension de la vie inscrite dans la profondeur de nos âmes que l’on appelle ‘l’innocence’. Le dictionnaire précise : « état de celui ou celle qui ignore le mal ». Selon les traditions spirituelles, c’est là notre origine, le lieu d’où nous venons tous, avant d’entrer dans ce monde, avant de connaître lumière et ténèbres. Et quelque chose en nous s’en souvient, parfois dans une grande nostalgie.

Mais le chemin de l’existence, c’est rencontrer la dualité. Faire l’apprentissage de la bonté et de la méchanceté, de la beauté et de la laideur, de la générosité et de la cupidité. Et si nous sommes (la plupart d’entre nous ?) choqués par le mal et désireux de promouvoir le bien (sauf parfois quand cela nous arrange…), le constat c’est que notre monde est soumis à cette loi d’équilibre, et que tant que nous en ferons partie nous ne pourrons y échapper. Inutile de se raconter des histoires.

liberté innocente ou futur gibier ?

Pourtant ce matin quand une amie m’appelle pour me faire part d’une terrible nouvelle -le viol d’une petite fille de 3 ans- je m’interroge. Comment cette enfant pourra-t-elle assumer la perte aussi brutale de son innocence ? Comment parviendra-t-elle à rejoindre un jour dans son cœur l’espace de pureté où s’inscrit l’Unité de toute chose ? À moins que, contre toute attente, cet affreux événement contribue à son éveil ? Pour l’instant je ne peux que soutenir au mieux cette amie et prier que les anges viennent au secours de l’enfance bafouée…

samedi 7 mars 2009

Jouons (2)

Pour ce week-end, je m’absente un peu et vous propose de compléter le texte qui suit. Certains mots sont remplacés par des dates. En cliquant sur ces dates vous trouverez les messages correspondants. Leurs titres vous permettront de rétablir les mots manquants.

Bonne chasse… et bonne (re)lecture.

Mon 25 décembre c’est de vivre ici ce 17 janvier avec vous. Nous sommes 4 janvier par 23 janvier. L’8 février et 29 janvier ne comptent plus. Seul 19 février importe. C’est vraiment 27 janvier ce blog !

vendredi 6 mars 2009

Soi-même

Je suis depuis bien longtemps frappé par la pertinence de cette parole du Christ, quand on lui demande : « qu’est-ce qui est le plus important ? » il répond : « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur » et il ajoute « ce qui équivaut à tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Et ce dernier énoncé mérite réflexion. Il peut être entendu comme « il faut que tu aimes ton prochain comme toi-même », mais à mon sens de manière plus juste encore « c’est de la façon dont tu t’aimes toi-même que tu aimeras ton prochain ». Quel enseignement !

L’être humain a cette particularité, qu’avant d’être en relation avec les autres il l’est d’abord avec lui-même. Et la relation qu’il a avec lui-même constitue la matrice de toutes ses autres relations. Voilà une information décisive. Car elle m’invite à regarder au plus juste comment je suis avec moi-même. Je me déteste ? Comment pourrai-je aimer les autres… Je me critique ? Comment pourrai-je être bienveillant envers les autres… Je me dévalorise ? Comment pourrai-je soutenir authentiquement la valeur des autres…

invitation à la communion...
Je sais qu’au catéchisme on a donné à la parole du Christ une tout autre connotation. Jusqu’à en faire le fondement de l’abnégation et du sacrifice de soi. Mais la réalité à tôt-fait de corriger ces abus, quand on voit les horreurs qui ont pu être commises au nom de cette interprétation-là. Alors osons nous réapproprier correctement ce trésor spirituel, et disons haut et fort « s’aimer soi-même est le plus difficile, cela relève du divin, mais de là découle l’amour authentique de l’autre quel qu’il soit ». Tout un programme.

jeudi 5 mars 2009

Sondage 1

Le résultat du sondage effectué sur ce blog du 25 février au 4 mars avec une participation ramenée à un échantillon représentatif de notre population selon la méthode des quotas et en fonction de données corrigées des variations saisonnières indique clairement qu’en réponse à

la question « et si c’était votre tour de partir, là maintenant, tout de suite… »

réponse « je pars »

- une large majorité de l’humanité (70 %) préfèrerait vivre autre chose que sa vie actuelle, et se déclare prête à tout quitter sur le champ pour accéder à de nouveaux horizons (plus heureux ?)

réponse « je reste »

- une minorité de privilégiés (20 %) veut maintenir coûte que coûte le statut quo, sans doute pour préserver ses acquis et assurer à sa progéniture la confortable perspective d’une position dominante

réponse « j’hésite »

- un groupuscule d’illuminés, pratique l’exercice du doute, véritable germe subversif pour notre société qui pourrait finir par se poser les vraies questions et pourquoi pas inventer une nouvelle façon de vivre ensemble, là où nous sommes, solidaires.

C’est ce groupuscule qui inquiète les autorités, car s’il venait à contaminer la façon de penser d’un cercle plus large, il y aurait le risque d’un changement profond. En conséquence, il est envisagé de restreindre par décret, la libre expression des blogs comme celui-ci, en les soumettant aux contrôles d’une commission ad hoc. Quant aux doux rêveurs d’un ailleurs doré, ils ne font que grossir les caisses du Loto, ce qui comme chacun sait n’est pas sans avantage !

Merci pour votre participation J

mercredi 4 mars 2009

Sur les rails

L’être humain est un être d’habitudes. Une fois qu’il a commencé à faire quelque chose d’une certaine manière, il a tendance à le reproduire à l’identique sans se demander s’il n’y aurait pas une autre façon de faire, plus simple ou plus satisfaisante. C’est ainsi que nous remplissons nos journées d’allers et de venues inutiles, que nous reproduisons des schémas qui n’aboutissent à rien et que nous nous évertuons à recommencer encore une fois ce qui pourtant déjà tant de fois s’est révélé infructueux.

dis papa, c’est encore loin ? tais-toi et pédale !

Un exemple ? Je veux rassurer mon conjoint sur les sentiments que j’éprouve à son égard. Je choisis de m’arrêter chez le fleuriste du coin pour lui rapporter un joli bouquet. Je me souviens pourtant que la dernière fois, ce bouquet avait signifié « tu as quelque chose à te faire pardonner !». Mais je crois bien naïvement que cette fois le message passera. Ou bien, j’aimerais que mes enfants respectent certaines règles de la vie familiale. Je leur ai expliqué déjà des centaines de fois combien il était important pour préserver notre équilibre à tous que ces règles soient reconnues et acceptées. En vain. Néanmoins je recommence mes explications. Ou encore, j’ai essayé de montrer à mes amis combien je suis sensible au fait qu’on me souhaite mon anniversaire. C’est pourquoi je veille scrupuleusement à ne rater aucun des leurs et j’y mets beaucoup d’attention et d’imagination. Pourtant cette année encore bien peu y ont pensé…

Tout cela traduit la rigidité de nos fonctionnements et explique bien des pauvretés de nos existences. Il est temps de nous bousculer un peu : si je fais quelque chose qui ne marche pas, pourquoi le faire encore ?

mardi 3 mars 2009

Dominant-dominé

Hier au soir, je rentre en voiture chez moi. Dans le quartier, les rues sont très étroites et lorsqu’un véhicule stationne sur le côté de la chaussée, il devient impossible de se croiser. Les usagers se font donc habituellement toutes sortes de politesses pour se laisser passer, selon une loi non écrite qui permet à chacun de se rendre où il a besoin. Cette fois arrive tout au bout de la rue un gros 4x4 rugissant qui lance ses appels de phares comme un coup de semonce. Je renonce à freiner sec, évaluant qu’avec un peu de modération il pourra me laisser passer entre deux voitures en stationnement. Mais il sent ma manœuvre et fonce droit sur moi pour me bloquer de face et avoir le plaisir de me faire reculer. Je marque une légère pause. Au volant de ma petite micra, je ne suis de toute évidence pas à la hauteur de la situation. Mais déjà la portière en face s’ouvre et l’homme (il ne pouvait s’agir d’une femme !) s’avance menaçant. Je recule, car la confrontation ne m’intéresse vraiment pas. Il redémarre et à l’endroit où il parvient enfin à me croiser, il s’arrête net pour baisser sa vitre et me toiser de haut. Je l’ignore et poursuis ma route.

On joue à se faire peur ? Cela donne du relief à une vie qui en manque très certainement… à moins que cet homme ait vécu une situation humiliante dans la journée, et qu’il a trouvé ainsi une façon de rétablir les choses en sa faveur. Cette fois, je n’ai ressenti que peu d’émotion. Mais je me suis interrogé plus d’une demi-heure en quoi j’avais pu, à mon insu, durant cette journée être moi-même dans une attitude dominante envers une autre personne.

lundi 2 mars 2009

Réussir

Vous connaissez l’histoire. Un maître zen observe son disciple qui s’entraîne au tir à l’arc. Grande concentration, geste impeccable, posture parfaite... mais la flèche dévie encore légèrement du centre de la cible. Où est l’erreur ? « Son désir de réussir épuise son pouvoir d’accomplir » déclare le maître. Sacrée leçon !

Depuis que je suis gamin, tous les jours, j’ai envie et besoin de réussir ce que j’entreprends. Je suis fait comme ça. Et dans notre monde c’est plutôt une qualité. Mais quand on s’aventure à la rencontre de l’Essentiel, il est nécessaire de passer à un autre programme. Difficile mutation. Radicale conversion. Réussir est une notion si relative dans la perspective de l’Être. Est-ce qu’une fleur réussit sa floraison ? Est-ce qu’un oiseau réussit son vol ?

réussir ou laisser s’accomplir ?

Chercher à réussir épuise, car cela soumet mon acte au projet que j’ai moi-même conçu. Et cela introduit une tension inutile, la crainte de l’échec, le risque de la déception, qui me fait dévier. Pour accomplir ce que la Vie veut mettre au monde au travers de moi, il convient de rester à l’écoute, et de laisser son projet advenir. C’est ce que toutes les fleurs du printemps nous enseignent. Le message que nous délivrent tous les oiseaux du ciel. Avec moi aujourd’hui, serez-vous fleur ou oiseau ?

dimanche 1 mars 2009

Esprit… et corps

Le printemps arrive. Nos mères ou grand-mères en profitaient pour procéder au nettoyage du même nom. Une corvée ? Plutôt un geste de santé, pour la maison certes, mais aussi pour ceux qui l’habitent. Et notre première maison en ce monde, c’est notre corps. Alors ? Nettoyage de printemps !

Le corps et l’esprit forment un inséparable binôme. Celui ou celle qui veut clarifier sa pensée et ses états d’esprit a donc tout intérêt à prendre également soin de son corps. Et c’est actuellement -du 1er au 21 mars- la bonne période pour réaliser une cure dépurative. Retrouver équilibre et vitalité, en aidant l’organisme à se débarrasser des toxines accumulées durant l’hiver. Les organes cibles sont le foie et les reins. Ils correspondent sur le plan émotionnel à la colère et aux peurs. Le repli de ‘la morte saison’ les a condensées dans les tissus et humeurs. C’est le moment d’ouvrir en grand ‘portes et fenêtres’ pour les évacuer.

J’ai choisi cette année encore, le jus de bouleau*. Une cuillerée à soupe dans un demi-verre d’eau, avant chaque repas. Le goût est un peu aigrelet, mais pris quelques minutes avant de manger, c’est aussi une façon de se préparer à bien savourer les aliments. Bon nettoyage !

*produit Weleda - issu de l’agriculture biologique