début de ce blog - 24 décembre 2008

Le divin rencontre l'humain, le céleste fait du terrestre son nid,
l'essentiel allume ses lumières aux fenêtres de l'existentiel… Une histoire de naissance !

samedi 28 février 2009

Et alors ?

Elle est venue me voir. Après bien des quêtes et toutes sortes d’errances. Enfermée dans sa souffrance, et pourtant habitée du puissant désir de se libérer. Et cette libération, elle devra la conquérir de haute lutte, dans un combat contre les structures aliénantes héritées de son environnement familial, en allant connecter très loin des ressources pour elle encore insoupçonnées. Et nous avons travaillé ensemble, dans une confiance grandissante, cette confiance sans laquelle dans ce domaine rien n’est possible.

Et un jour, de patiences en patiences, est venu l’impulsion qui allait briser le verrou de sa prison. Face au ‘Léviathan’ des profondeurs obscures qui toujours la menaçait dès qu’elle voulait oser vivre, je l’ai aidée à se forger l’épée à deux tranchants qui délivre de tous les monstres. Elle porte le joli nom de « ET ALORS ». Quoi que vous fassiez, quoi que vous rencontriez sur votre route, poser l’irréductible question : « et alors ? », et vous passez votre chemin.

Aujourd’hui, elle revit. Doucement. Petit à petit. Elle a accepté d’inscrire « et alors » sur tout ce qu’elle touche de ses mains, de son regard. Elle l’a fait vraiment, concrètement. Les quelques images présentées ci-dessus en témoignent.  C’est son combat, c’est sa victoire. Et je l’en remercie du fond du cœur.

vendredi 27 février 2009

Courage

Cela arrive. Aucun courage. Aucune énergie. Aucun élan. Et la journée se présente comme une difficulté insurmontable, comme un slalom impossible entre des tâches qui paraissent toutes inaccessibles. Que faire ?

On voudrait racler les fonds de tiroirs, aller chercher à la naissance du puits le petit peu qui reste encore tout en bas, et le ramener à la surface. Mais cette fois, non. Ce ne sera pas réalisable. Les coups de pied aux fesses qu’on se donne dans les moments de faiblesse n’ont pas d’effet, et toutes les bonnes résolutions par lesquelles on parvient encore à se contraindre -même quand c’est difficile- ne produisent ici aucun résultat.

Alors, vide de tout, et vide de soi-même, on pose un simple geste. Un geste sans courage. Un geste perdu dans l’océan des possibles. Et on observe. De ce geste presque dérisoire émane comme une onde. Et c’est le geste qui devient source. De lui naît l’élan minuscule qui conduira au suivant. Et de geste en geste, la vie renaît, sans courage, mais bien vivante. Et c’est l’étonnement, d’un tout nouveau commencement. La joie, au-delà de tout courage.

jeudi 26 février 2009

Fruit

Il en a fallu du temps et des efforts conjugués. Entre le bourgeon du printemps et la fleur qui vient ensuite. Puis la complicité de l’abeille et du vent. Et tant d’épreuves et de danger à traverser. Le froid. La pluie, quand elle ne vient pas au bon moment ou trop violemment. La chaleur, si elle est trop sèche ou trop ardente. Et la main experte de l’arboriculteur qui taille, nourrit et protège, et finalement cueille à juste maturité…

l’aura de la Vie, version fruit

Ce fruit partagé et déposé sur mon bureau par ma collègue, m’invite à la méditation. Son parfum qui se répand dans l’air tout alentour, vient habiter mon âme. Et sa contemplation me raconte intérieurement un si long parcours qui me concerne si intimement. Être vivant c’est s’inscrire dans ce processus qui va de la racine au fruit, de la germination au plein épanouissement, et après lui, bien sûr aussi au lent déclin jusqu’à la disparition. Et aujourd’hui devant moi c’est « fruit », et je me laisse porter par tant de joie et d’abondance. Quel bonheur !

En vous le racontant, j’aimerais vous en transmettre un peu sa grâce. Et vous souhaiter pour ce jour, quel qu’en soit le cours, de vous sentir vous aussi vivant.

mercredi 25 février 2009

Les mots

Ils sont dans nos bouches comme des notes de musique. Et savoir en jouer correctement est tout un art. Mais souvent nous nous contentons d’en user d’une façon très approximative qui frise la cacophonie, et nous nous étonnons alors qu’il y ait si peu d’harmonie dans nos existences. Car il y a des mots qui vont bien ensembles, et d’autres qui désespérément ne sont pas faits pour cohabiter. Même si nous cherchons à les marier chaque jour.

Je retiendrais ici ‘les cinq opérateurs modaux’ qui ne disent rien de nos actions mais qui en précisent les modalités. Exemple : la proposition « manger sa soupe » peut être déclinée en : ‘j’ai envie de’ manger ma soupe, ‘je peux’ manger ma soupe, ‘je veux’ manger ma soupe, ‘je dois’ manger ma soupe, ‘il faut que’ je mange ma soupe. La soupe est toujours la même. Pourtant l’expérience que j’en fais dans ces cinq modalités est très différente. Alors il est temps de m’écouter parler, et de vérifier si j’utilise les bons accords.

C’est étonnant de prendre conscience au courant d’une journée combien de fois je défais dans une même phrase ce que j’essaye de faire. Exemple : « il faut que je me détende » ou « je veux lâcher prise », il serait sans doute plus pertinent de dire « j’ai envie de me détendre » et « je peux lâcher prise ». Nous avons cinq doigts à une main, alors il est facile de se souvenir de ces cinq-là, pour réaliser un petit bilan personnel. Mais au-delà de ceux-ci, tant d’autres ‘fausses notes’ peuvent paralyser nos plus belles générosités. Courage !

mardi 24 février 2009

Partir

Qui n’a pas rêvé un jour de partir ? De tout quitter, de s’éloigner, pour trouver « un ailleurs où je pourrais enfin m’épanouir », pour aller vers d’autres horizons où il serait enfin possible de vivre la vie qui nous convient ?

Cette aspiration quasi universelle comporte deux faces. Cela peut être la chance d’un renouveau, l’occasion de s’extraire d’un environnement dont les habitudes sont devenues un véritable carcan, la possibilité de recréer une saine respiration par laquelle la vie se met à nouveau à circuler. Cela peut être aussi -on le sait bien- une fuite, la poursuite d’une chimère, le refus d’aborder les vraies difficultés qui sont à l’intérieur et non à l’extérieur, et que l’on emporte avec soi où que l’on aille.

vers de nouveaux rivages

Alors partir …et puis revenir ! C’est encore la chance d’un autre enseignement. Prendre de la distance un temps, et avec ce recul mieux voir et mieux comprendre de quoi ma vie est faite. On connaît si mal l’endroit où l’on se trouve.

Le départ des amis est aussi l’occasion de s’interroger, de sonder nos peurs et nos motivations, pour partir ou pour rester. Souhaitons bonne route à Anne qui dans quelques jours se rendra en Inde pour un long voyage. Par la magie d’internet, elle restera peut-être en contact. « Et dans ton sac, rapporte-nous un regard renouvelé sur toi-même et sur le monde !»

lundi 23 février 2009

Le comédien

La pièce se termine. Les spectateurs quittent le lieu. Une fois encore il a voulu donner de lui-même pour faire vivre l’œuvre et le texte qui la porte, sa pensée et sa sensibilité. L’engagement fut réel. Bien que ‘la première’ soit loin, il a laissé venir cette part de stress qui accompagne généralement une belle performance. Et le résultat a conquis. Son interprétation a plu. Véritable dialogue à trois, entre auteur, metteur en scène, et comédien, c’est bien cette alchimie que le public a applaudie.

Nous nous donnons rendez-vous à la sortie, pour bavarder un peu. Le bistrot d’en face sera la nouvelle scène. Et cette fois la pièce c’est sa vie. Il en assure pour le coup à la fois l’écriture, la mise en scène, et l’interprétation. Et c’est amusant de constater combien son ‘métier’ lui colle à la peau. Mes questions et mes remarques deviennent comme les échos lointains d’un bon public. Alors il poursuit. On aurait presque du mal à l’arrêter... si le public à la fin ne montrait quelque signe de lassitude.

On se quitte sans s’être vraiment rencontrés. Sans importance. C’est juste une très belle illustration de cette réalité : la vie comme un grand théâtre dans laquelle nous évoluons comme des comédiens. Qui voudrait faire l’entracte ?

dimanche 22 février 2009

Gestation(2)

Les auteurs s’accordent de plus en plus pour considérer que la gestation psychique débute vers 6 semaines de vie fœtale (ébauche des structures neurales constitutives de la mémoire) et s’achève autour de l’âge de 6 ans. À cette période succède la deuxième, qu’on appelle phase de latence, qui va jusque vers l’âge de 12 ans, et durant laquelle le psychisme bénéficie d’importants mécanismes de protections pour permettre à l’enfant de se rendre disponible en direction des apprentissages fondamentaux de la vie sociale, lire-écrire-compter-réciter… Puis viendra l’adolescence, première tentative inconsciente de remaniement des éléments psychiques fournit par la petite enfance… etc.

ébauche d’une incroyable architecture

Une des principales fonctions qui s’élaborent durant cette période de gestation, c’est le rapport à soi-même. L’enfant en s’imprégnant des attitudes et comportements de l’entourage à son encontre -et bien sûr prioritairement de ses parents- se construit peu à peu une représentation de lui-même, avec laquelle il va entrer dans la vie consciente. Je vous laisse imaginer combien cette articulation sera déterminante pour son devenir. Si ce rapport à lui-même comporte négation, rejet, critique excessive, méfiance, violence, incertitude, incohérence, abandon… il engagera son parcours avec autant d’handicaps. Toutes choses qu’il lui faudra réexaminer et tenter de corriger une fois devenu adulte.

Les précautions généralement admises pour la gestation physique, devraient s’accompagner d’un minimum de repères pour le suivi de la gestation psychique. Mais je constate que notre société ‘développée’ préfère de loin s’émouvoir face à la malnutrition et l’état sanitaire des pays ‘en voie de développement’ !

samedi 21 février 2009

Le cadre

Une des données majeures de la sémantique, c’est d’avoir établi qu’une information n’a de sens pour l’esprit humain qu’en fonction d’un cadre. Ainsi si vous me parlez d’une femme nue, de préciser qu’il s’agit du tableau d’un grand maître, ou d’une personne dans sa salle de bains, ou d’une patiente dans les couloirs d’un hôpital psychiatrique, ou d’une comédienne d’un film porno… modifiera considérablement ma ‘lecture’ du sujet.

Or ces cadres, c’est majoritairement nous-mêmes qui les créons au quotidien. Chaque jour notre pensée déploie autour de ce que nous voyons et de ce que nous entendons, un ‘système référentiel’ qui confère aux différents messages qui nous parviennent une valeur particulière. Un exemple ? Vous voyez un enfant en train de manger un bonbon. Votre esprit peut choisir de se réjouir de ‘l’innocence d’un plaisir simple’. Mais il peut aussi décréter que vous assistez à ‘la naissance d’un futur obèse’. Et l’impact de cette scène sur vous et la forme de votre réaction changera du tout au tout selon le cadre que vous aurez défini.

C’est tellement vrai que les media s’emparent régulièrement de ce pouvoir. Puisque nous sommes dans une culture de la ‘vérité’, le seul espace que les professionnels de l’information s’autorisent à manipuler, c’est ce cadre qu’ils posent autour des faits qu’ils s’efforcent de relater. Mais vous l’avez compris avec l’exemple ci-dessus, ce pouvoir est décisif. À nous d’en user comme d’un contre-pouvoir pour faciliter notre vie et celle de ceux qui nous sont chers.

vendredi 20 février 2009

Gestation

Je suis régulièrement effaré de constater à quel point nous vivons dans l’ignorance de certaines notions fondamentales pour notre vie quotidienne. Et quand je vois (encore et toujours !) comment on étale à la télé ou dans les journaux l’ignorance de certaines populations à propos de telle ou telle question, je me dis qu’il s’agit vraiment d’un mouvement de diversion pour ne pas regarder en face la nôtre.

Ici j’aimerais évoquer avec vous la gestation de l’humain, l’être humain dans sa dimension physique et psychique. On sait généralement que le petit d’homme met 9 mois à se tricoter un corps dans le ventre de sa mère, mais combien de temps pensez-vous qu’il lui faut pour se tricoter un psychisme dans le giron familial ? Quelle est la durée de cette deuxième gestation ? Je parle de ce temps où tout est fragile et encore incertain. De ce stade où l’organisme n’a pas encore atteint son seuil de survie, avec la mise en place de toutes les fonctions vitales. De cette première phase où certaines précautions sont indispensables, où les conséquences d’une maltraitance, d’une carence ou d’une intoxication peuvent s’avérer dévastatrices ? De cette période d’élaboration obscure où les malformations qui surviendraient porteraient conséquences pour toute la vie future du sujet ? Je ne parle pas du temps nécessaire au développement jusqu’à maturité qui vient ensuite…

le temps de couver l'oeuf
En posant régulièrement cette question autour de moi, j’observe que moins de 10% des personnes interrogées savent y donner une réponse approximative. Beaucoup semblent tomber des nues à l’idée même qu’il puisse y avoir une autre gestation - comme s’ils n’avaient jamais remarqué qu’un enfant ne vient pas au monde tout terminé, avec une conscience de lui-même capable de se situer face à l’autre, et l’aptitude à mener sa vie sur la modalité d’un ‘je’. Et vous, que diriez-vous ?

jeudi 19 février 2009

Le chemin

Si tu veux parvenir jusqu’à mon être, garde ton esprit recueilli en moi.

Si tu n’es pas capable de garder ton esprit recueilli en moi, alors choisis la voie d’une pratique assidue.

Si tu n’es pas capable de suivre une pratique assidue, alors vis toute chose uniquement par amour pour moi.

Si tu n’es pas capable de vivre toute chose uniquement par amour pour moi, alors abstiens-toi d’agir en quoi que ce soit en vue d’un résultat.

Ainsi tu trouveras en moi ta demeure.

 

selon la Bhagavadgita, chant XII, 6-12

mercredi 18 février 2009

Église

Tu es là, plantée dans ta robe de pierre, ta flèche joliment pointée vers l’infini du ciel. Mais, si ce n’est la cohorte des touristes toujours pressés, tu n’attires plus grand monde. On vient te voir pour quelque particularité architecturale, ou à la rigueur lors d’un événement familial. Mais tu as perdu ton rôle de guide. Rares, très rares sont ceux qui s’éveillent à la dimension du coeur en passant parmi tes colonnes. C’est que tes maîtres ont oublié ce pour quoi ils t’avaient érigée. Au lieu de servir ce noble dessein, ils voudraient qu’on serve avec eux la cause d’une grandeur révolue. Mais son prestige s’effrite plus vite que le calcaire dans lequel tu as été taillée -et pourtant ici le vent n’est guère tendre avec toi…

ton portail, passage vers la Vie ?

Le besoin spirituel de l’homme, tu le connais. Jour après jour tu en es le témoin, plongée que tu es dans l’intensité de la vie urbaine. Mais la religion dont on t’affuble ne lui est plus d’aucun secours. Car, perpétuellement occupée à se rassurer sur la pertinence de ses réponses, elle n’entend plus les vraies questions. La parole qui résonne entre tes murs ne dit plus grand chose de ce qui pourrait soulever les cœurs vers d’autres horizons, alors même que les impasses de notre société en réclame l’urgence. Terrible condition. Tu es assise sur un Trésor spirituel remarquable, et tu assistes à l’épuisement d’un monde qui s’appauvrit de jour en jour. Parfois je rêve pour toi d’un incroyable retour aux sources…

Je rêve.

mardi 17 février 2009

C’est inacceptable !

L’autre jour, concernant une question pratique liée à mon activité, je me trouve dans la situation où je dois faire comprendre à mon correspondant que son comportement ne respecte pas les règles de fonctionnement qui ont été établies entre nous. Je m’efforce de choisir mes mots pour faire passer clairement le message, tout en veillant à ne pas le froisser - ce n’est pas mon souhait.

J’écris, je corrige, je modifie mon texte… et d’un coup je prends conscience qu’il y a là écrit sous mes yeux et sur ma feuille -de ma propre main évidemment !- ces mots : «…car il est inacceptable de… ». Quelque chose en moi est en éveil : « Ce qui est, est. Pourquoi le déclarer ‘inacceptable’ ? Tu te crées à toi-même un obstacle en regardant les choses de cette façon ».

J’hésite un instant. Il s'agit de rappeler qu’une règle énoncée et acceptée au départ ne peut être modifiée sans nouvelle concertation. Sinon chacun fait ce qu’il veut et l’équilibre nécessaire à tous est rompu. Oui. Mais est-il vraiment utile de passer par ‘inacceptable’ ? La nouvelle formulation arrive : « …c’est ce que nous avions convenu, et je compte sur toi pour le respecter… ».

La suite est venue confirmer que cet ajustement intérieur chez moi était vraiment pertinent. On ne change vraiment que ce que l’on accepte préalablement.

lundi 16 février 2009

La bande des 3

Quand l’un entre en scène, les deux autres ne sont pas loin. Quand vous assistez au dialogue de deux d’entre eux, le troisième y participe en silence. Quand vous acceptez de leur ouvrir votre porte, mettez trois couverts car ils sont inséparables ! De qui s’agit-il ? Des trois protagonistes du « triangle dramatique »…

prévoyez trois places !

Vous aimez qu’il y ait du relief dans votre existence, vous détestez la morne platitude d’une vie sans émotion, vous cherchez à rendre votre vécu important et impressionnant ? Alors faites un simple pas, et entrez dans le triangle. Ses trois pointes sont comme trois électrodes, qui vont mettre le « courant » à vos circuits relationnels. Tout va se mettre en marche, et tant que chacun garde sagement son rôle, le moteur tourne. Un moteur parfois bruyant, et toujours polluant. Et puis gare aux changements de polarité inopinés : prévoyez le disjoncteur, car il arrive qu’il y ait de la surtension, et alors bonjour les étincelles !

De quoi nous parle-t-il aujourd’hui ? Je vous entretiens de ce que tous les auteurs de romans, scénarii et pièces de théâtre ont appris dans leurs écoles : la Victime, le Bourreau, et le Sauveur. Si vous choisissez d’enfiler l’un de ces rôles, sachez que vous vous retrouverez tôt ou tard dans la peau des deux autres ; c’est irrésistible. Pour que votre vie ressemble à une de ces superproductions, vous avez maintenant la recette.

dimanche 15 février 2009

La main

Elle est plus que la simple extrémité de nos membres supérieurs. Elle est bien autre chose que l’outil évolué de préhension chez les mammifères que nous sommes. Elle est l’incarnation de tout un rapport au monde, l’expression d’une posture de la vie en nous et au travers de nous. Regardez-la bien, prenez un temps pour méditer ce que raconte sa forme.

Sa paume prolongée des cinq doigts est faite pour rencontrer et explorer ce qui nous entoure, pour prendre et pour donner, recevoir et offrir, retenir et lâcher... La main est la transcription d’un potentiel de notre esprit. Et à ce titre, elle peut devenir pour nous l’occasion d’une réflexion utile et intéressante : que traduisent mes mains de mon besoin de protéger et détruire, caresser et posséder, façonner et manipuler... ?

Osons faire le bilan d’une journée. À quoi mes mains se sont-elles consacrées aujourd’hui ? Quels sont les gestes qu’elles n’ont pas pu faire, qu’elles auraient tant besoin d’exprimer, qu’elles ne savent désespérément pas manifester ? En quoi ces mains disent-elles quelque chose de l’orientation de mon coeur, de mes possibles et impossibles intérieurs ?

« Donnons-nous la main ». C’est plus qu’une formule. C’est le geste initiatique d’une authentique rencontre... Si vous le voulez bien !

À ce lundi soir - 21h. (voir « Notre rendez-vous » du 1er février)

samedi 14 février 2009

Trop et trop peu

Il y a deux formes de déséquilibre. Le trop et le trop peu. Étrangement dans notre société, celui qui fait réagir, qui mobilise et qui fédère, c’est souvent le trop peu. Mais le trop n’est pas plus vertueux. D’ailleurs les deux ne se tiennent-ils pas étroitement la main ? Qu’on y pense, puisque nous vivons dans un monde fini, comment l’un existerait-il sans l’autre ? Un seul gâteau, si celui qui le découpe fait une part trop grande d’un côté, il se trouvera contraint d’une faire une plus petite de l’autre. N’est-ce pas le bon sens même ?

l'art du funambule

Nous croyons parfois que pour nous mettre à l’abri de tout reproche ou de toute mauvaise conscience, il suffit d’en faire plus. Plus de temps consacré à l’autre, plus de disponibilité, plus de gentillesse, plus de compréhension, plus de patience. En réalité, c’est la façon par laquelle nous entretenons bien des malheurs ! Il faudrait rechercher le juste temps, la juste disponibilité, la juste gentillesse... celle qui encourage l’autre au même effort d’équilibre, en ayant cette conscience claire que trop n’est pas mieux que trop peu.

En médecine chinoise, on le sait bien. Trop et trop peu sont les deux faces d’un même mal. Et le thérapeute s’efforce de nous guider vers le rétablissement d’une bonne régulation. Dans notre corps, mais aussi dans notre esprit... en sachant que l’équilibre parfait -dans la tradition hébraïque- se dit avec le même mot que ‘mort’. Alors, en attendant d’y arriver (!), veillons à ce que nos oscillations de part et d’autre du juste milieu se compensent réciproquement. À quel programme correctif vais-je me consacrer aujourd’hui ?

vendredi 13 février 2009

« Un demi, s’il-vous-plaît ! »

Installé à la terrasse de ma vie, je jouis un moment de l’ambiance du jour. Un rayon de soleil vient offrir les délicieuses sensations d’un printemps qui voudrait faire son ouvrage. Mais le fond de l’air est encore bien frais. Et l’on entend à l’arrière-plan tant de rumeurs alarmistes sur l’état de notre monde... J’aime venir m’asseoir ici, une fois l’an, et contempler quelques instants ma situation du moment. Aujourd’hui, je ris. Quelque chose en moi est très loin de ce monde, presque ‘indifférent’ à ce qui s’y passe. Car tout passe. Et dans le même mouvement, je porte en moi une infinie tendresse pour tous ceux qui l’habitent, et le désir sincère de chercher avec eux les voies de nos apprentissages - car nous sommes là pour apprendre.


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Le serveur s’approche. Sa tenue est impeccable, pantalon, chemise, et le tablier -noué comme il faut- qui m’inspire un profond respect. Il n’y a pas de sot métier. Tout dépend de la conscience avec laquelle on le pratique. Et mon ‘servant’ est la conscience même, incarnée. Il pose devant moi ce ‘demi’ que je lui ai commandé, et m’annonce à mon grand étonnement : « offert par la maison ». Je n’en reviens pas. C’est jour de fête... J’accueille ce présent comme un encouragement à poursuivre mon périple, et en regardant autour de moi, j’en vois plusieurs qui me font signe. Des visages que je reconnais et d’autres encore inconnus. Merci les amis. Merci pour votre compagnonnage. Alors fêtons ensemble, en ce jour, mon demi-siècle d’existence !

jeudi 12 février 2009

Nettoyage

Une très belle expérience.

L’idée avait germé dans la tête d’un ami au courant de l’été. Et nous voici, à l’entrée de l’automne dernier, réunis aux bords de l’Hérault avec pour but de nettoyer sur quelques kilomètres les berges de cette rivière, de tous les détritus accumulés au fil du temps et durant la saison estivale. 80 personnes inscrites, organisées en plusieurs équipes -dont une en canoë !- des gants, des bottes, pour remplir 80 sacs-poubelles.
Une initiative citoyenne anti-morosité et pour la beauté du geste,
avec en prime le plaisir de rencontrer de nouvelles têtes, d’élargir son réseau d’amis, et de partager un pique-nique à partir de 13h... ‘à la Santé de notre Planète’.

rassembler nos énergies



Au final ce sont environ 5 tonnes de déchets qui seront sortis de la rivière. C’est fou tout ce dont on a besoin de se débarrasser. Entre frigo, pneu, chaise, caddie, batterie, canettes, et l’éternelle bouteille en plastique omniprésente... on mesure aussi combien de chemin il reste à faire pour que chacun comprenne que “ce qu’on jette fini toujours par nous revenir, d’une manière ou d’une autre”. Merci à tous les participants. Le pique-nique de clôture, sous le soleil, nous a rappelé que nous n’avons pas seulement besoin d’un meilleur cadre de vie, mais aussi de rencontrer l’autre et de retrouver l’expérience de la solidarité.

C’est sûr, on recommencera !

mercredi 11 février 2009

Ma mère

Cet espace où je me suis blotti, tout petit, tout petit. Cette terre où je suis venu épouser une forme, issu que je suis de l’informe. Ce laboratoire où j’ai appris les rudiments de ce monde, et tant d’habitudes déjà alors que je n’étais pas encore né. Cette école qui m’a enseigné les illusions auxquelles mon esprit voulait croire pour entrer dans l’existence.

Pendant 9 mois j’ai vécu dans ton intimité. Et en me portant et en me nourrissant, tu m’as offert tes filtres. J’ai adopté tes lunettes émotionnelles. J’ai repris à mon compte la ribambelle des mémoires qui t’encombrent. Mon cœur s’est mis à battre au rythme du tien, et tes priorités d’attention sont devenues mes urgences, et tes blocages relationnels mes empêchements.

Merci à toi pour l’espace que tu as ouvert en toi pour m’accueillir. De m’avoir tenu la porte pour entrer dans ce monde. Tu as fait de ton mieux, ça n’a pas été facile, je le sais. Et pour moi le chemin a été long pour m’extraire de cette matrice qui m’a mis en exil, en exil de moi-même et dans l’incompréhension de qui je suis vraiment.

Tu m’as appelé tout à l’heure. Cela faisait bien longtemps. Et tu étais si pressée de raccrocher. Éternellement inquiète de savoir comment je vais, jamais tu n’auras le temps de m’écouter... C’est bien toi, ma mère.

mardi 10 février 2009

Le manque

Le désir est le moteur de notre vie existentielle. Sa caractéristique c’est d’être articulé autour d’un manque qui crée un appel, une aspiration, et donc un mouvement vers ce qui pourra le satisfaire. Et chaque pas en cette direction, même s’il nous procure temporairement du plaisir, laisse apparaître de nouveaux désirs et avec eux cette quête sans fin que constitue notre chemin sur terre. Malheur à celui ou celle qui perd l’élan perpétuel de son désir : sa vie se mettra à stagner et bientôt voilà la dépression. Mais inversement, céder à l’illusion qui consiste à croire que le bonheur se trouve dans la réalisation de tous nos désirs, c’est s’exposer à voir venir la mort sans avoir eu le temps de s’ouvrir aux réalités essentielles.

c'est encore loin ?... (quelque part en Lozère)

« Je veux que tu ne manques de rien » dit la mère attentive à son enfant. « Tu me combles » répond l’amoureuse à l’élu de son cœur. Ces projets portés par la tendresse de la présence à l’autre, ne doivent pas oublier que la frustration, le vide, le creux sont aussi l’invitation à une autre plénitude. Et que vouloir échapper coûte que coûte au manque c’est risquer de payer le prix fort d’une vie qui n’a plus d’ouverture à l’infini. On le voit bien dans notre société d’opulence dont le credo se résume au pouvoir d’achat. Je n’ignore pas les situations de détresse des personnes qui ne disposent pas du minimum vital. J’indique que lorsqu’une société n’a d’autres perspectives que vouloir supprimer le manque, elle finit par engendrer la plus cruelle des indigences, le vide de sens.

lundi 9 février 2009

Musique

Ce matin, je me suis lâché. Pour démarrer la journée, j’ai mis la musique à fond. Rythmes et pulsations pour réveiller mon corps engourdi dans ses habitudes, sonorités et vibrations pour aller chercher dans mes muscles et mes viscères des énergies nouvelles -ou depuis longtemps désertées. Je danse et me trémousse, et voilà que ça répond. Tous dans la cour. C’est le grand rassemblement, en musique !

Ils sont nombreux en nous, comme une foule immense. Dispersée, divisée. Chacun vaquant à ses occupations, de-ci de-là, sans parler de tous les désoeuvrés, les laissés-pour-compte. Et de temps en temps il est utile de leur rappeler qu’ils participent tous ensemble à un projet global, sans lequel leur énergie individuelle n’aurait finalement aucun sens. Alors, musique !

C’est une belle expérience. À l’image de notre humanité. Et me vient cette conscience : sans cette convergence à l’intérieur de moi, sera-t-il possible de la réaliser un jour à l’extérieur, dans nos quartiers, nos villes, nos pays, et pour l'intégralité de notre chère planète ? Aujourd’hui je vais laisser danser la vie dans mon corps et mon esprit. En cultivant la belle idée de notre grand rassemblement. Merci la musique !

dimanche 8 février 2009

Espace

Je vous ‘offre’ cet espace rencontré il y a deux ans dans l’Aude (Pyrénées orientales). Un de ces lieux magiques où règne une ‘ambiance’ très particulière. Comme si la montagne, les arbres et les rochers, la rivière et l’herbe qu’elle serpente, vous « écoutaient ». Avez-vous déjà fait une telle expérience ?

comme une grande oreille

J’aimerais que ce blog puisse être comme ce lieu, et qu’il « entende » en vous les aspirations et les recherches et les interrogations et les compréhensions et les merveilles qui vous habitent.

Merci pour vos visites nombreuses, discrètes ou visibles, occasionnelles ou fidèles. Elles me réjouissent. Merci pour l’heureuse contagion, par vos contacts ou vos liens - témoignage de votre confiance qui m’honore.

Rendez-vous demain, lundi soir à 21h. (voir le billet du 1er février)

samedi 7 février 2009

Paradoxe

Le paradoxe n’est pas la contradiction. À la différence de cette dernière, il oppose en renforçant et non pas en annulant. Un exemple ? Se hâter lentement -la contradiction dirait : se dépêcher ou traîner, il faut choisir. Ou encore ? Traverser la lumineuse obscurité de mon cœur. S’enrichir de tous nos dépouillements. Vivre le repos dans l’effort... Et bien sûr, tout paradoxe appelle son réciproque : vivre l’effort dans le repos, s’appauvrir de toutes nos possessions...

On dit parfois que la maturité psychologique d’une personne se vérifie à sa capacité à exister face aux paradoxes de la vie. Sur le chemin spirituel, le paradoxe est aussi une pratique pour apprendre à dépasser le règne de la dualité. Ainsi « toi ou moi » devient « toi en moi et moi en toi », et cette voie ouvre véritablement de nouvelles perspectives.

Je vous propose de recueillir dans l’espace ‘commentaires’ ci-dessous l’offrande de votre paradoxe favori, celui qui vous accompagne actuellement, ou encore celui que vous aimeriez expérimenter dans les jours à venir. Merci.

vendredi 6 février 2009

Communication

Petit rappel. Dans les processus de communication qui s’établissent entre deux personnes, il y a cinq éléments à prendre en considération. Les trois premiers généralement bien identifiés : d’une part l’émetteur, d’autre part le récepteur, et enfin le message. Et puis les deux autres, qui supposent une perception plus consciente : l’intention de l’émetteur et l’interprétation du récepteur.

Et nous voici, chaque jour, à commettre toutes sortes d’erreurs qui engendrent bien des embrouilles -jusque parfois l’agressivité et la violence. Ces erreurs consistent à confondre l’émetteur avec son message, à oublier qu’il convient de vérifier que le message est parvenu au récepteur, à ignorer que le récepteur ne peut recevoir un message sans l’interpréter, que les interprétations d’un message sont toujours multiples, à se dispenser de l’effort qui consiste à rechercher l’intention de l’émetteur, à attribuer à l’émetteur des intentions négatives... etc. Tout cela fait, compte tenu des peurs qui gouvernent notre vie psychique, que sans doute plus d’une communication sur deux dégénère en stress et tensions qui ‘polluent’ gravement nos relations.

Alors, c’est un acte d’amour très concret que d’oser régulièrement s’arrêter un peu, pour prendre le temps d’évaluer ma façon de communiquer. Ai-je bien distingué ces cinq éléments ? Suis-je capable de repérer les impasses dans lesquelles je me trouve sans les traduire en déception vis-à-vis de l’autre ?... Un exercice salutaire, appelé par certains « communication non-violente ».

jeudi 5 février 2009

Pensées vagabondes

Étape 0 : l’activité de mes journées m’emporte dans un flux continu et les pensées se déroulent dans ma tête sans même que j’en aie vraiment conscience.

Étape 1 : ici ou là, par exemple le soir en me couchant, ou après une grosse contrariété, je subis un trop-plein de pensées qui me perturbent et m’encombrent - je voudrais les calmer, mais comment fait-on ?

Étape 2 : je prends de plus en plus souvent conscience que la plupart de mes pensées vont et viennent n’importe comment, et rarement vers ce qui est constructif - ça me fatigue, c’est décidé, je vais y remédier.

Étape 3 : j’ai pris la résolution de m’arrêter quelques minutes chaque jour pour me poser un peu, et tenter de faire de l’ordre là-dedans - la méditation m’attire, mais dans le silence j’ai l’impression que c’est pire !

Étape 4 : je voudrais chasser ces pensées vagabondes qui me perturbent tant ou leur imposer le silence, mais plus je m’y applique plus elles m’emportent - je me concentre sur ma respiration pour calmer un peu le jeu.

Étape 5 : je découvre que la seule attitude possible c’est d’observer ce manège incessant, et en portant graduellement mon attention plus sur l’observateur en moi que sur les pensées elles-mêmes, je m’aperçois que lui est calme et immobile - c’est une expérience étonnante.

Étape 6 : l’observateur en moi ressent quelque chose comme de la tendresse pour ce flot désordonné de mes pensées, peu importe d’où elles viennent et où elles vont - étrangement dans cette disposition ça se calme peu à peu en moi et une Présence devient perceptible.

Étape 7 : les choses se mettent en ordre, de plus en plus souvent et de plus en plus facilement - d’abord la perception de la Présence calme, douce, sereine et aimante, de laquelle toute forme est issue, ensuite les pensées qui permettent de la traduire dans mon quotidien. Merci.

Réaliser de délicieux macarons ou entrer dans l’expérience de la Présence, est-ce vraiment un cheminement différent ? Régalons-nous !

mercredi 4 février 2009

Macarons aux noix

Il faut 300g de cerneaux de noix - 300g de sucre roux - 4 blancs d’œuf (gros).

Je passe les noix dans la râpe à légumes (la grille la plus fine) pour en faire une poudre fine et légère. Je bats les blancs en neige. J’incorpore le sucre en continuant à tourner délicatement, puis j’ajoute les noix.

Avec deux cuillères à café, je fais de petits tas bien espacés -de la taille d’une châtaigne- sur un papier sulfurisé étalé sur une plaque de cuisson.

Je glisse cette plaque dans le four à 130°C - si possible chaleur-tournante pour une température bien homogène, et je laisse cuire très doucement en surveillant environ 15-20mn (selon la taille des tas).

À la sortie du four, je les détache un à un avec précaution, et les laisse refroidir sur une grille. Et pour faire durer un peu (!) le plaisir de ces 80 macarons, j’en range une partie dans une boîte en métal.

L’avez-vous remarqué comme moi ? Beaucoup de grandes histoires commencent par le partage d’une bonne recette ! Voilà qui est fait.

mardi 3 février 2009

corps-âme-esprit

L’être humain est un être à trois visages. Pour accéder à son épanouissement ou plus simplement garder son équilibre et sa santé, il a besoin de prendre soin de son corps, de son psychisme, et de sa dimension spirituelle. Mais notre société a réussi l’incroyable tour de passe-passe de nier la dimension spirituelle, de nous faire croire que les « psy » sont réservés aux fous, et qu’en somme qu’il n’y a que le corps dont l’existence soit incontestable, avec le projet de tirer de cette belle machine le meilleur et le plus longtemps possible. J’exagère ? Franchement, écoutez et regardez autour de vous, le constat est accablant.

Or régulièrement un grain de sable vient bloquer cette vision simpliste des choses. Du « j’ai tout pour être heureux, mais je ne parviens pas à me réjouir de la vie » à la maladie dont les souffrances sont bien réelles mais qui n’est visible sur aucun ‘scanner’, l’obligation de se pencher un jour ou l’autre sur le volet psychologique de notre existence nous rattrape. Ultime tentative de le nier, les molécules chimiques fort utiles certes, mais dont nous nous servons majoritairement pour tenter d’étouffer ces questions qu’on ne saurait regarder en face. Quelle pauvreté, dans un monde d’opulence matérielle.

Pour ceux qui ont franchi l’étape de se reconnaître un psychisme, qui a besoin d’être nourri et soigné tout comme le corps, vient alors une nouvelle difficulté. Prendre en compte la dimension spirituelle. Que sait-on encore d’elle ? À la confondre avec une pratique religieuse ou avec un questionnement autour de la difficulté de vivre, on ne fait que brouiller les pistes. La spiritualité est d’abord une expérience. Une expérience qui nous ouvre un autre monde, celui du Principe permanent par-delà l’aléa de toutes les impermanences de l’existence. Ignorer ce troisième volet, c’est s’exposer à d’importants désordres. Le réduire à un aspect psychologique, c’est encore manquer la pleine stature de l’être humain.

lundi 2 février 2009

La peur

À 9 ans, j’ai vécu une expérience dont je me souviendrais toujours. Mes parents venaient de s’installer dans un lotissement à l’extérieur d’un petit village. Et les citadins revenus pour un moment à la campagne, se régalaient d’aller prendre quelques produits directement à la ferme. C’était le cas pour le lait. Mais après l’enthousiasme des débuts, il fallait s’organiser pour se rendre chaque jour à la sortie de la traite avec son bidon en aluminium, et c’est le plus jeune qui fut prié de s’y coller !

Me voilà donc de nuit, à pied, à parcourir le chemin en terre sans éclairage d’environ 1,5km qui séparait le village du lotissement. Ce soir-là d’hiver, en plus du froid, une épaisse brume. Et ce moment angoissant où la dernière lumière n’est plus visible, sans encore apercevoir « l’autre côté ». La crainte que quelque chose surgisse de l’indifférencié, le cœur qui se serre, le pas qu’on voudrait plus rapide pour que ça finisse... et puis soudain tout s’emballe. Un bruissement ? L’imagination ? Je ne saurai le dire. Mais la peur m’attrape à la gorge, assaillit mes sens, me propulse ...dans un espace de grand calme ! L’horrible bête tapie dans l’ombre peut m’agresser, il ne m’arrivera rien - mais vraiment rien. Une incroyable assurance m’habite, inexpliquée, inexplicable pour moi à 9 ans.

gravir la peur jusqu'au grand calme

Aujourd’hui je sais qu’il s’agit là d’une de ces expériences d’émergence de l’Être, expérience numineuse ou initiatique diront certains, qui prépare à l’éveil. Je peux simplement témoigner que ce vécu a été pour moi décisif, que confronté des années plus tard dans différentes étapes de ma vie à des peurs de tous ordres, j’ai toujours retrouvé tout au fond de moi une trace de ce calme étrange et apaisant. Il est devenu pour moi un des indices de la mise en « Présence » que nous nous préparons à accueillir dans la méditation.

dimanche 1 février 2009

Notre rendez-vous

Depuis quelque temps nous avons fixé ce rendez-vous. Tous les lundis soir de 21h à 21h 30. C’est un moment où nous nous rejoignons dans le silence et la prière. Chacun/e là où il/elle se trouve, dans une démarche personnelle et collective, et par-delà la distance. C’est un temps de recentrage individuel, aidé et porté par la communion d’esprit avec les autres. Une façon de s’impliquer tout en se sachant reliés.

La première action consiste à protéger cet espace-temps de toute interruption. Fermer sa porte, couper le téléphone, pour mieux s’ouvrir à une autre dimension et se brancher sur un autre réseau. Puis il s’agit de prendre une position corporelle qui favorise le recueillement et l’écoute intérieure. Allumer une bougie et/ou un encens reste un geste propice. La respiration bien sûr sera aussi notre guide, juste pour calmer un peu les pensées et revenir au mouvement originel de toute forme de vie.

Puis chacun/e laisse sa conscience devenir le témoin bienveillant de ce qui est maintenant. J’accueille durant ce moment toute perturbation, questionnement, incertitude, souffrance... comme une « curiosité » que j’observe avec bienveillance. Je ne cherche aucune solution, je ne désire rien d’autre que ce qui est là. Je constate simplement. Et je me laisse traverser par le grand Souffle, ce même Souffle qui nous anime tous, auquel je participe. Et je m’efface pour qu’Il advienne.

Si vous souhaitez vous joindre à nous, donnons-nous rendez-vous. Chaque lundi de 21h à 21h 30. Il suffit d’indiquer dans l’espace commentaire ci-dessous que vous serez présent/e, en mentionnant le lieu où vous vous trouvez. Pour l’instant notre connexion se fait avec Metz, Grenoble et Nîmes. Bienvenue à celles et ceux qui voudront partager cette expérience. Une façon d’ajouter à son chemin personnel un élan collectif.