début de ce blog - 24 décembre 2008

Le divin rencontre l'humain, le céleste fait du terrestre son nid,
l'essentiel allume ses lumières aux fenêtres de l'existentiel… Une histoire de naissance !

jeudi 31 décembre 2009

Passage

Le calendrier nous offre ce soir la promesse d’une confrontation symbolique avec une des expériences structurantes de notre condition existentielle : le passage. Pour entrer dans ce monde nous avons fait un passage - la naissance, pour en sortir nous ferons un autre passage - la mort, et tout au long de cet itinéraire combien de passages à vivre, joyeux ou douloureux ? Le passage suppose deux rives, deux espaces différenciés, deux pôles… et une limite qui les sépare : rivière, frontière, ou point zéro. Puis vient la conscience d’être d’un côté ou de l’autre, puis émergent le désir et la peur de passer d’un bord à l’autre. C’est le jeu de la vie. Alors apprenons à jouer !

Pour bien réussir son passage quelle est la consigne ? D’abord accentuer les contours pour qu’apparaisse de façon plus évidente la différence entre l’avant et l’après, puis focaliser sur ce qu’on cherche à atteindre c’est-à-dire forcément sur ce qu’on va perdre, ensuite aller chercher au fond de soi le courage à la hauteur de l’enjeu pour mettre en œuvre la rupture. C’est l’expérience de la division. C’est l’apprentissage du choix. « Choisis de vivre ou de mourir ! » dit le prophète au peuple en errance dans le désert. On ne parcours pas l’existence en la survolant. On s’y noie pour en renaître. Vivre c’est mourir. Le reste n’est que refus ou tricherie.

Un jour, cela nous est promis, nous ferons l’autre expérience, celle du passage vers le sans-passage, là où se déploie la Conscience de l’Unité de toute chose. L’ivresse à laquelle environ 2/3 de nos congénères se livreront cette nuit (ce sont les chiffres officiels), et l’aveu inconscient de cette quête dont nous sommes tous animés. Mais en attendant l’horizon de cette rédemption, dont l’alcool n’est qu’une pâle imitation, laissons la fête de la vie battre son plein. Si 2010 ne nous offre aucune perspective de renouveau par rapport à 2009, alors le jeu en vaut-il encore la chandelle ? Je vous présente à tous, mes meilleurs vœux pour l’année qui vient. Sachons jouer au mieux cette nouvelle partie !

jeudi 24 décembre 2009

Un an

Voilà tout juste un an m’est venue l’inspiration de créer ce blog. Aujourd’hui, 175 billets plus tard, avec 17.000 visites, 735 commentaires et 42 abonnés fidèles, je m’étonne de ce parcours. Vous êtes nombreux à venir lire mes réflexions, partages d’expériences, coups de gueule ou méditations. Quelques-uns laissent des traces par la voie des commentaires, mais la plupart forment une ‘masse silencieuse’ que j’aimerais mieux connaître. Quels sont vos itinéraires ? Quelles valeurs nous relient ? Que vous apporte la fréquentation de cette page ?… Autant de questions qui resteront probablement encore sans réponse. Jusqu’au jour où je vous verrai tous au paradis ! Quelle fête ce jour-là, tant d’amis inconnus… Je ris déjà de cette merveilleuse perspective.

En attendant je suis devant mon clavier à chercher les mots qui me tiennent à cœur, ceux que vous lirez tout à l’heure. Car j’écris à partir de ce qui m’habite, de ce qui en moi fait sens - je ne déroge pas à cette règle, c’est l’impératif qui me gouverne. Et ce n’est pas toujours un exercice aisé car, vous l’imaginez, il m’est parfois difficile de trouver du sens dans l’égarement de notre monde et de mon existence. La Vie m’a voulu solitaire. Riche de tant de liens pour l’essentiel invisibles. Tant de rencontres si profondes, parfois décisives, rarement superficielles (je ne sais pas faire !). Celles et ceux que j’ai côtoyés, accompagnés, aidés, bousculés aussi. Et pourtant chaque fois seul, par la vertu d’une ‘sensibilité’ particulière, d’un profil ‘atypique’, d’une ‘vision’ hors norme du monde et de l’humain. Et c’est probablement ce recul qui nourrit mes mots.

Pour cet anniversaire je vous offre dans la colonne de droite la ‘playlist’ (que je m’efforce de compléter) des musiques et chansons que j’ai choisies tout au long de l’année en dialogue avec mes billets. Un autre parcours aléatoire qui complète celui du choix d’un texte ‘que vous offre la Vie’. Une manière de rappeler la bannière de ce blog : le divin rencontre l'humain, le céleste fait du terrestre son nid, l'essentiel allume ses lumières aux fenêtres de l'existentiel…

Devenir passeur ? Une histoire de naissance !

vendredi 18 décembre 2009

Être nu

Il arrive que nos habits nous encombrent, qu’on s’y sente à l’étroit, et que l’envie de s’en défaire nous pousse au déshabillage. Personnellement j’apprécie ce moment en fin de journée, à l’heure du coucher, où j’entreprends de défaire lacets et ceinture, tirettes et boutons, pour me retrouver avec moi-même dans mon plus simple appareil. C’est à la fois comme un soulagement et comme des retrouvailles que j’aime vivre en conscience avant le repos de la nuit. Et l’autre jour je m’amusais en lisant cette phrase : « Sous nos habits, nous sommes déjà nus ». Quel bon sens ! Et combien ce rappel me semble utile…

« Where’s no way to Happiness, Happiness is the Way » voilà une autre phrase, elle est attribuée au Bouddha (mais je ne suis pas sûr que celui-ci parlait anglais !). Vous faites le lien ? Il n’y a pas de chemin vers le bonheur, le bonheur est le chemin - quel rapport avec la nudité ? Il m’arrive fréquemment de chercher à me défaire de toutes sortes de préoccupations que poursuivent infatigablement mon mental et mon ego. Et certains soirs quand je voudrais l’apaisement pour que vienne le sommeil, je me dis que c’est bien compliqué de laisser ces deux compères au vestiaire. Et les années de pratique de différentes formes de méditation semblent impuissantes à produire ce résultat. Alors n’est-ce pas le moment de se souvenir que ‘sous nos habits nous sommes déjà nus’ ?

En transposant, voici la proposition : il n’y a pas de chemin vers la nudité, la nudité est le chemin. Il s’agit de revenir à ce constat de départ. Si nos habits nous collent à la peau, ce n’est pas de nous en défaire qui créera la nudité. C’est en reprenant conscience de notre nudité, notre inaliénable et irrémédiable nudité, que nos habits finiront par tomber. Le bonheur est notre condition d’origine, et non pas le trophée à gagner. Contempler cette vérité ouvre la voie à l’apaisement. Les soucis et les contrariétés peuvent s’éloigner, puisque la paix est déjà là. Le sourire est inscrit dans notre être. La grimace n’est qu’un masque surajouté.

Nu tu es venu dans ce monde, nu tu en repartiras.

samedi 12 décembre 2009

Visio-convergence

Vous l’avez observé peut-être. J’ai ajouté il y a quelque temps une petite vidéo sur ce blog et avec elle la proposition de franchir ensemble un nouveau pas. Il s’agit de se donner la possibilité de se voir et de se parler. Pour s’offrir de la convivialité. Pour que nos échanges deviennent plus vivants et prennent une autre dimension. Pour vivre un rapprochement par-delà la distance, puisque Internet le permet.

Plusieurs personnes déjà ont réagi à cette proposition. Et je sais qu’elle invite à surmonter un fond de timidité, et aussi quelques réticences face à la technologie. Mais rappelez-vous, il y a peu vous osiez à peine manier un ordinateur. Sans parler de surfer sur le net, d’envoyer avec votre portable un sms, ou créer votre propre blog ! C’était hier. Aujourd’hui de nouvelles possibilités s’ouvrent, et les connexions deviennent plus concrètes. C’est donc le moment de boucler la boucle. Après le cache-cache où l’on vient voir sans se montrer, voici le face-à-face avec celles et ceux qui se préparent à partager autour des valeurs que vous trouvez ici. Un dialogue simple et vrai, stimulant mais sans prétention, dans l’amitié et la joie, avec le droit à l’erreur mais pour se donner du courage à lever ensemble le voile sur une autre façon d’être au monde. Et pour cette tâche personne n’est de trop.

Si vous n’avez pas encore eu la curiosité de visiter cette page, je vous invite à le faire maintenant en cliquant sur ce lien. Merci de laisser un commentaire, de dire vos questions, de faire une proposition. Je vous convie à un premier rendez-vous samedi 19 décembre à 11h. Notre thème sera : « comment je me suis perdu - et retrouvé ? ». Venez raconter vos aventures et écouter celles des autres. Et rions des enseignements que nous offre la Vie.

samedi 5 décembre 2009

Ma choucroute garnie

Il faut 1,5kg de choucroute crue - baies entières de genièvre - thym - huile d’olives - 1 palette de porc fumée - 500g de travers de porc demi-sel - 1 tranche de 400g de lard fumé - 2 saucisses de Montbéliard - 6 saucisses de Strasbourg - 1,5kg de pommes de terre à chair ferme.

Je plonge la choucroute dans de l’eau tiède et je la laisse tremper. Pareil pour le travers de porc. Au bout d’une bonne heure, je verse l’eau pour bien dessaler. Puis je laisse soigneusement égoutter.

Je mets la palette de porc à cuire couverte d’eau, environ une heure par kg. Et dans une autre casserole, je fais cuire les pommes de terre en robe des champs jusqu’à ce qu’elles soient encore fermes.

Je chauffe à feu vif une cocotte en fonte, je nappe le fond d’huile d’olive, et j’y fais blondir le chou en portions successives sans jamais le laisser brunir. Quand tout le chou est passé, je fais revenir le lard sur ses deux faces jusqu’à ce qu’il soit bien caramélisé, puis je le couvre avec le chou dans lequel j’incorpore une vingtaine de baies de genièvre en y saupoudrant un peu de thym. Je pose par-dessus le travers et les saucisses de Montbéliard. Je mouille avec un verre d’eau, un grand verre de Sylvaner (vin d’Alsace) et un petit verre de Mirabelle (eau de vie). À ébullition je laisse cuire à feu très doux une heure, en remouillant si nécessaire.

Environ ¼ d’heure avant la fin de cuisson, j’ajoute les pommes de terre épluchées. Je fais chauffer dans de l’eau les saucisses de Strasbourg sans les laisser éclater. Je sers le tout dans un grand plat, la choucroute au centre, les pommes de terre sur le pourtour, viandes en tranches, lard et saucisses en garniture. Pour accompagner je préfère un Pinot Gris (vin d’Alsace) bien frais. Bon appétit !

Cette recette soigne toutes les morosités et favorise un solide ancrage dans les joies terrestres. Prévoyez la sieste pour savourer en paix…

vendredi 27 novembre 2009

Matière, énergie, information

On l’a appris à l’école, mais on l’a oublié aussi vite. C’est trop vertigineux ! Et l’illusion quotidienne entretient l’apparence contraire qui est si difficile à dépasser. Je veux parler de la matière. Celle dont les physiciens nous disent qu’elle est constituée de 99,99% de vide. Vous vous souvenez ? Des atomes, des particules, et entre eux beaucoup de vide. À peu près comme les planètes et les étoiles dans le ciel. Beaucoup de vide. Presque que du vide. Et quand vous saisissez un objet, vous tenez en réalité du vide. Et si vous pouvez le tenir c’est seulement parce qu’entre les particules il y a des liens énergétiques très forts et très denses qui maintiennent leurs relations constantes. Ainsi ce qui donne la consistance à la matière c’est l’énergie. Ce n’est pas rien de s’en souvenir…

L’énergie organise la matière. Mais selon quels programmes ? Si l’énergie est l’architecture, qui est l’architecte ? La physique quantique répond aujourd’hui à cette question en disant que c’est l’information. L’énergie est informée de certains programmes, et en réalisant ces programmes elle agence la matière. Des particules en atomes, en molécules, en protéines… jusqu’à toute la richesse et l’incroyable complexité du vivant. Cette information à un lien évident avec la pensée, l’esprit, la conscience. Et si on ne sait pas encore décrire la nature de ce lien, il est vérifié et attesté par de nombreuses études. Après la priorité donnée à la matière, après l’ère de l’énergie, il est temps pour l’humanité de porter toute son attention vers l’information, c’est-à-dire la conscience.

Certains considèrent que nos états de conscience sont des générateurs d’informations capables d’orienter les énergies qui façonnent la matière. C’est en tout cas dans cette direction qu’il nous faut avancer. La situation de notre planète est telle, le chaos que nous avons propagé est d’une telle ampleur, que toute l’énergie disponible ne suffira plus pour rétablir les grands équilibres nécessaires à la vie. Nous avons créé les conditions qui nous obligent à explorer les champs de l’information que nous avons depuis trop longtemps négligés. L’avenir appartient à ceux qui sauront ouvrir leur conscience à la conscience supérieure qui a pour nom l’Amour. Elle occupe la même place que le soleil dans notre système planétaire. Elle est la cohérence fondamentale sans laquelle tout s’épuise…

dimanche 22 novembre 2009

Écologie


Petit à petit la conscience que nous vivons dans un environnement qui ne pourra pas indéfiniment supporter tous nos excès gagne du terrain. Les plus courageux changent leurs comportements et tracent une nouvelle voie qui veut prendre en compte le respect des grands équilibres de la vie. Beaucoup attendent pour suivre qu’on leur fournisse les moyens de vivre plus « proprement ». Mais globalement nous vérifions que le temps où l’on déversait rejets, déchets et autres pollutions sans se soucier des conséquences proches ou futures est révolu. Reste à prendre collectivement la décision de modérer nos appétits. Ce n’est pas gagné…

Cette évolution ne se fera pas sans la prise en compte de l’écologie intérieure. Car dans notre esprit règnent toutes sortent d’excès dont les effets sont dévastateurs. La peur de ne pas être aimé est sans doute la source de toutes les violences. L’incompétence à gérer la frustration engendre tous les égoïsmes. Mais aussi les rigidités de mon éducation m’obligent à écarter le bonheur qui voudrait croiser mon chemin. Sans parler de la façon dont les mémoires héritées de mes ascendants organisent ma solitude. La liste de tous ces toxiques est longue… Chaque pensée produit un effet. Et il faudra un jour constater que ces moteurs-là sont probablement encore plus polluants que nos gros 4x4.

Le défi devant lequel nous nous trouvons est gigantesque. Il est aussi exaltant. Avez-vous entendu parler de ce paysan mexicain qui se sentant « tout petit » devant les merveilles du vivant a vu ses légumes « devenir géants » ? Et ce compatriote de notre douce France qui s’est mis à « communiquer » par la pensée avec son champ et qui obtient jusqu’à 60% de récoltes supplémentaires sans aucun engrais ? Évidemment il est impossible d’appliquer cela dans un esprit de profit ou de rentabilité. Ici les lois globales de la Vie obligent une harmonisation entre l’énergie de l’agriculteur et l’énergie de son sol. Comme si la terre se mettait à cultiver l’homme !

L’écologie, science du devenir humain… ?

samedi 14 novembre 2009

En nombre

Fin de semaine avec un brin de douceur dans le cœur. Petites lumières qui scintillent un peu partout. Ici une nouvelle association voit le jour dont l’objet est de partager qualité de vie et connaissances alternatives. Là un rassemblement crée l’événement autour de la flamme pour la paix partie de Nouvelle-Zélande et à destination de l’Argentine. Ici trois personnes font un temps de silence et de prière en rappel à la nécessaire Conscience. Là, en 10 jours, 25.000 signatures sont collectées pour s’opposer à des expulsions inhumaines. Partout l’information contradictoire circule et contribue à une utile réflexion sur notre santé. Ici encore un lieu édifié dans le respect de la planète éveille la joie d’une visiteuse. Là aussi on s’organise localement pour une économie solidaire. Et cet ami tétraplégique qui continue de récupérer sa mobilité contre toute attente…

Les petits ruisseaux font la grande rivière, dit le proverbe. Et j’ai besoin de me ressourcer périodiquement dans le constat du dégel. Vous savez ce moment, quand vient le printemps, où les glaces et la neige s’en vont dans cette myriade de gouttelettes qui suintent de partout sur fond de ‘flic-floc’, minuscules filets d’eau gorgeant la terre qui s’éveille, venus de nulle part mais déterminés à se rendre au grand rendez-vous de la Vie ! J’ai besoin de le sentir ce dégel.Car n’étant rien de plus qu’une goutte dans l’océan, j’en perdrais parfois la mémoire même de l’océan de ne pas savoir les autres gouttes à mes côtés.

Alors je vous invite vous aussi à faire un petit inventaire de toutes les lucioles croisées sur votre chemin depuis huit jours. Celles dont vous avez partagé la braise, celles aussi dont vous avez seulement vu la lumière à proximité. Des gestes concrets, peut-être maladroits, certainement insuffisants, mais de ceux qui travaillent le monde pour de vrai. Et si votre liste est un peu courte, vous avez le week-end pour y remédier. Allumez une bougie. Parlez à votre voisin. Sortez à la rencontre de l’oiseau ou de la feuille d’automne. Et pour cette fois osez inviter l’ami(e) que vous n’avez pas revu(e) depuis quelque temps. Ce sera un geste, un simple geste qui pourrait seulement changer le cours de l’histoire. Et si en ce jour vraiment rien d’autre n’est possible, vous pouvez toujours laisser ici un commentaire ! Je vous souhaite une fin de semaine toute en douceur.

mardi 10 novembre 2009

À l'écoute

Je voudrais faire silence,

et T’attendre.

Je voudrais me taire

afin de comprendre

ce qui advient dans Ton monde.

Je voudrais faire silence

et être proche de Toi

ainsi que de tes créatures.

Je voudrais faire silence

pour que, parmi les voix multiples,

je reconnaisse la tienne.

Je voudrais faire silence

et m’étonner

que, pour moi, Tu aies une parole.

(auteur inconnu)

(photo de Jean)

Trouver la Voie c’est aussi trouver cette Voix

qui parle dans le silence de nos profondeurs

et qui devient notre boussole

pour nous conduire vers la Lumière.

mardi 3 novembre 2009

Défunts

Ils sont partis. Ils nous ont quittés. Que nous les ayons aimés ou non, ils ont participé pour le temps qui leur a été accordé à la grande aventure de l’humanité. Et leur passage parmi nous a laissé des traces par lesquelles nous sommes plus ou moins concernés. C’est ce qui fonde l’intérêt porté aux défunts. Non pas la curiosité malsaine pour un « autre monde » que nous ne connaîtrons jamais. Mais la prise en compte d’un « collectif » auquel nous sommes connectés, d’une grande transmission à partir de laquelle s’organise notre propre itinéraire.

Les défunts s’inscrivent dans une longue chaîne d’évolution de la conscience. Tous ceux qui nous ont précédés dans l’existence ont contribué à engrammer une certaine vision du monde. Chacun pour sa part, et tous ensemble, ils nous lèguent un rapport à la vie qui se trouve stocké dans diverses formes de mémoires. Que ce soit sur le plan biologique, psychologique ou spirituel, c’est à partir d’elles que nous cherchons à avancer. Celui qui oublierait la réalité de cet héritage risquerait fort d’errer dans sa tentative de s’ajuster au mieux à la vie.

La fête de la Toussaint et le jour des Morts qui la suit, sont une invitation à ne pas négliger cette dimension. Un rappel très utile dans un monde où l’on voudrait croire que l’individu existe par lui-même : nous ne venons pas de rien, nous sommes enfants de ceux qui ont foulé cette terre avant nous. Malheureusement nos cimetières sont davantage tournés vers d’ « éternels regrets », comme l’on voit écrit. Et qui sait encore que le nettoyage des pierres tombales est symbole d’un autre nettoyage auquel nous sommes appelés ?

La prière pour les morts n’a rien à voir avec une pratique obscurantiste nourrie de peurs ou de superstitions. Elle est l’invitation à parcourir des mémoires pour les visiter par la lumière de l’amour et contribuer à les dégager des crispations et des illusions dont elles sont pétries. Ceci dans le seul but d’améliorer la situation des vivants qui s’en nourrissent. Les approches développées par la psychogénéalogie, et d’autres technique de « dénouage » y participent à leur façon. Il n’est pas inutile d’y accorder une réelle attention.

dimanche 25 octobre 2009

Pensée, parole, acte

La philosophie classique nous a habitués à cette distinction. Et le droit de nos états républicains repose toujours sur elle : personne ne sera inquiété pour avoir eu la pensée de tuer son voisin -celui qui met la musique trop fort-, mais la parole d’injure proférée dans un moment de colère pourra être sanctionnée (en fonction de votre interlocuteur !), et de toute évidence l’acte d’agression commis contre un tiers tombe sous le coup de la loi et sera puni par le juge. C’est l’ordre dominant de notre culture. Le subtil a moins d’importance que le tangible. La priorité se trouve du côté du visible et du mesurable.

beauté d'une cohérence

Pourtant de tout temps des voix se sont élevées pour nous rappeler que la parole est le fruit de la pensée, et que l’acte découle de ces deux-là. Même l’expérience commune nous fait appeler hypocrisie un discours qui n’est pas le reflet de la profondeur du cœur comme un geste qui ne relaye pas l’état véritable d’une conscience. Mais chacun s’aperçoit facilement que si les comportements peuvent être disciplinés, si le langage sait être châtié -c’est déjà moins évident-, l’esprit lui est largement plus difficile à maîtriser. Pour certains, c’est le programme de toute une vie de parvenir à mettre un peu d’ordre à ce niveau. Et celle ou celui qui réalise cette prouesse sera volontiers perçu comme un sage.

Il reste à mon sens que pensée, parole, et acte sont en étroite interaction, comme les facettes d’une seule réalité. J’observe depuis longtemps qu’un geste peut éveiller une parole et un état d’esprit, comme un discours nourrit de toute évidence une pensée. Alors c’est plutôt la cohérence des trois qui m’interpelle. Un comportement qui s’harmonise avec le propos de son auteur et sa vision de la vie me touche profondément. Inversement la pensée la plus sublime habillée du plus joli discours me laisse sur la réserve si le comportement qui va avec n’est pas au rendez-vous. Mais je suis sans doute bien trop exigeant !

dimanche 18 octobre 2009

Y en a marre !

Vous avez vu le dernier documentaire sur Arte à propos des déchets nucléaires. Vous avez entendu parler du Débat Public en cours autour des nanotechnologies. Vous suivez l’évolution des aliments génétiquement modifiés qui aboutissent qu’on le veuille ou non dans nos assiettes. Vous regardez les (rares) images des inondations en Afrique où en une nuit est tombé du quart à la moitié des pluies annuelles, changement climatique oblige. Vous restez informés de la campagne de vaccination qui débute le 5 novembre prochain dans les écoles, et désolé on n’aura pas le temps de prévenir les parents, mais le soir en rentrant vos enfants vous annonceront que tout est fait et que vous n’avez plus besoin de vous soucier de cette fameuse grippe - merci l’OMS, et tant pis pour les conséquences désastreuses imprévisibles…

Tout cela est OK. Mais à l’occasion de la journée mondiale de la faim, les bras vous en tombent : 1 milliard d’humains n’ont pas de quoi manger, 100 millions de plus que l’année dernière. Où est le problème ? Ben voyons, c’est juste que ce jour-là les bourses pavoisent, elles ont rattrapé leur niveau d’avant la crise et l’ont même légèrement dépassé. Yeah ! Les ‘traders’ se partageront 150 milliards de profits contre 140 milliards l’année passée. Circulez, il n'y a rien à becqueter pour les affamés du monde. Au passage 1 américain sur 10 est menacé d’expulsion de son logement, et chez nous le chômage a pris 2 points supplémentaires. Les enfants de nos enfants (s’il y en a encore) payeront la dette. No problem. Dormez tranquilles citoyens du monde, on s’occupe de tout.

Non, ce n’est tout simplement plus possible de continuer ainsi. Des voix s’élèvent. Après « Home » de Yann-Arthus Bertrand, c’est Nicolas Hulot qui nous a concocté « le syndrome du Titanic ». Allez voir le film, et surtout, surtout emmenez avec vous vos enfants, vos amis, vos voisins, vos collègues, pour pouvoir en parler. Ce qui nous paralyse face à de telles informations sur l’état de notre monde, c’est de n’en parler avec personne. Alors nous oscillons entre étouffer ces messages car ils sont vraiment trop anxiogènes, et déprimer car ‘je ne peux rien y faire’. Pourtant il nous est demandé aujourd’hui d’endurer cette réalité, de regarder, d’écouter, de parler, de ressentir ce qui se passe, et de nous laisser transformer. Intérieurement, vers une nouvelle conscience. Puis extérieurement et collectivement pour qu’émerge enfin une nouvelle manière de vivre.

Exploiter, polluer, dominer, profiter, manipuler, détruire… qu’on se le dise, c’est définitivement trop RINGARD !

mardi 13 octobre 2009

L'espérance

Elle avait perçu une bribe de conversation téléphonique, et cela lui avait suffi. « Vous êtes médecin ? » avait-elle demandé avec une petite voix douce, après une pause en silence et en s’assurant de ne pas déranger son interlocuteur. « Non, je suis psychothérapeute ». La réponse paraissait lui convenir, et sans chercher plus de bonnes raisons, elle s’est mise à parler de sa fille. Une fille qui va sur ses quinze ans. Mais malheur, vers l’âge de trois mois, celle-ci a fait des ‘convulsions’ qu’aucun médecin n’a pu expliquer. « Des convulsions de fièvre ? - Non, sans fièvre et sans aucun autre symptôme… ». Et de là tout a basculé. Aujourd’hui l’enfant devenue adolescente n’est pas propre et ne parle toujours pas. C’est une charge difficile à porter au quotidien. On le comprend aisément.

miroir de l'âme (photo de Jean)

« Pensez-vous qu’il y ait un espoir ? ». Question embarrassante, mais tellement naturelle. Quoi répondre ? Si les médecins ne savent pas, il paraît difficile de nourrir un espoir insensé. Peut-être d’autres médecines. Peut-être un peu de confort. Peut-être quelque progrès ou seulement un nouvel éclairage sur la situation. « Avez-vous essayé d’autres approches ? - Des amis m’en ont parlé récemment, je crois que je vais prendre un rendez-vous… ». Et la conversation se poursuit sur la situation familiale. Quatre autres enfants, à l’école ou au chômage. Un mari ouvrier. Les origines algériennes. La vie en France dans une petite ville lorraine. « Ce n’est pas toujours simple, mais on ne se plaint pas ». Le courage à l’épreuve de l’ordinaire, et quel courage dans ce cœur de femme et de mère !

« Vous aimez les dattes ? ». Elle voulait remercier, de ce qu’elle a reçu comme un privilège. Un bout de conversation, avec celui qui s’était assis à côté d’elle au hasard des réservations. Le temps de disparaître au bout du wagon, la voilà de retour avec un cornet rempli de ces fruits sucrés, comme vous n’en avez sans doute jamais mangé. Si moelleux et délicatement parfumés. Un bon kilo ! Pour quelques mots. Pour une oreille attentive aux déboires de la vie. Quelle générosité… et quelle leçon. En quinze années combien de fois a-t-on dû lui répéter que pour sa fille il n’y avait rien à espérer ? Et la voilà encore, et toujours, interrogeant cette fois un inconnu. Sait-on jamais… Si ce n’est pas l’espérance, alors je n’y comprends rien. C’est pourquoi j’aimerais aussi là confier, avec sa fille, à vos prières.

dimanche 4 octobre 2009

Conscience

L’autre matin à nouveau il m’a été donné de vivre une de ces expériences subtiles et assez furtives pour qu’il soit difficile d’en parler, et en même temps assez pénétrante et marquante pour qu’il soit impossible de l’oublier. Alors je cède à l’appel au partage que je ressens intérieurement, sans savoir si mon propos sera compréhensible. J’étais donc allongé sur mon lit, gagné par une sorte de pensée-méditation comme il m’arrive souvent, à propos de la vie et de ma vie en particulier. Besoin presque permanent chez moi de faire le point, d’évaluer le parcours, mais aussi de prendre de la hauteur. Et me voilà en un éclair projeté dans ‘la conscience de ma conscience’. Comment dire ? J’étais un instant une conscience beaucoup plus vaste qui ‘regarde’ la conscience de moi-même. La transcription visuelle de ce vécu serait comme le grand souffle du vent qui observe le tourbillon particulier qu’il forme dans la cour en faisant danser poussières et feuilles mortes. Et j’ai très nettement eu la sensation que la condition de l’existence était d’en rester à la conscience du tourbillon. Et le grand souffle disait comme l’urgence d’une perception infiniment plus large, sans s’attarder au devenir du tourbillon. Et en écho ‘ma’ conscience qui percevait qu’elle avait été affectée à mon existence sans pouvoir quitter ce ‘poste’ et puis cette question : « pourquoi faut-il rester scotché à un parcours quand le champ d’exploration est immense ? » et simultanément quelque chose répondait : « c’est ainsi pour le temps fixé ». Et j’ai pu quelques instants faire l’aller-retour entre la Grande Conscience et ma conscience. Et je crois que je préférais la Grande Conscience mais l’idée même d’une préférence n’avait pas lieu d’être…

Ce matin je retrouve quelques notes griffonnées il y a quelque temps sur une feuille : « La vie cherche quelque chose à expérimenter dans ma forme personnelle - je suis l’univers qui fait l’expérience de lui-même dans la forme particulière ‘Christian’ ». Quelqu’un peut-il comprendre ces mots ? Juré, je n’ai pas fumé la moquette, ce n’est pas mon genre.

lundi 28 septembre 2009

Vigilance

Il y a des jours sombres où la menace plane. Celle que l’on ne voudrait jamais connaître. Celle que nos aînés ont pourtant croisée sur leur route. Celle que personne ne veut croire. Celle qui ne laisse cependant que regrets et remords quand il est trop tard. ‘Si seulement j’avais écouté ceux qui ont tenté de nous alerter’. Mais ce que l’on m’annonçait était vraiment trop énorme pour que je puisse l’imaginer. Trop inconcevable pour que je puisse poursuivre ma vie au quotidien. Alors je l’ai écarté. Du revers de la main, je l’ai rejeté hors du champ de ma conscience. L’éveil que cela impliquait paraissait trop inaccessible, l’effort que cela demandait de repenser ma vie et notre société trop démesuré. J’ai donc choisi, sans vraiment choisir, de l’ignorer. Et j’ai voulu que les choses restent ce qu’elles étaient, en refusant de voir ce qui venait.

Ombre morbide, surgie de nulle part, au commencement elle ternit si peu l’ordinaire, que rien n’y paraît. Alors on la laisse s’allonger, petit à petit, jusqu’à ce que d’un coup elle nous dévore. Cela avait commencé par le port d’une étoile jaune, cousue sur le vêtement. Fallait-il vraiment protester ? Désagréable, inconvenant pour certaines consciences, mais pas de quoi rompre avec la résignation des habitudes. Quand est venu le temps des regroupements pour emmener ces gens-là ailleurs, certains ont eu des doutes. De terribles doutes. Mais leurs évocations semblaient franchement trop extrémistes pour que l’on puisse leur accorder crédit. Il ne faut quand même pas se représenter le diable trop négativement ! Lorsque la fumée âcre s’est élevée des cheminées des camps où on les avait menés, il était trop tard…

Aujourd’hui, des informations nous parviennent qui demandent sérieusement réflexion. Impossible de se voiler la face. Les enjeux sont immenses. Difficile, très difficile, d’évaluer le bien-fondé de ce qui nous est transmis. Il est juste remarquable de constater que le questionnement qu’il suscite ne trouve aucune tribune officielle pour s’exprimer. Tout se passe dans l’intimité d’internet. Mais depuis peu sont relayées les versions scannées de documents officiels qui sont maintenant entre les mains de médecins, d’infirmières, de maires, d’employés de préfecture. Et certains sont mes amis. Personne ne peut plus s’offrir le luxe d’un ‘dormez braves gens, ceux qui nous gouvernent veillent’. Sans céder à la peur, la vigilance redevient notre devoir. Et s’il ne s’agissait que d’une mobilisation sans véritable fondement, elle nous verrait grandie et avec elle la conscience et la démocratie.

dimanche 20 septembre 2009

L'instrument

De lui-même il n’est rien. Un morceau de bois, un bout de métal, une peau. Mais entre les mains du musicien, il s’éveille. De sa beauté étrange dont on ne sait trop que dire, émerge un son qui se redresse comme le serpent dans la corbeille du fakir. Déjà l’air s’emplit de sa vibration et bien au-delà des tympans, c’est le cœur même des personnes qui l’écoutent qu’il vient caresser. Voilà la magie de l’instrument. Invisible, impalpable, son âme ne se révèle que lorsqu’il se met à jouer. Et sa présence nous offre une des plus belles métaphores de l’existence.

De moi-même je ne suis rien. Des os, des muscles, quelques neurones. Mais entre les mains de la vie, je m’éveille. De ma particularité bien complexe, émerge une présence qui vient habiter ce monde. Et c’est une vibration, qui se donne à celui ou celle qui saura l’accueillir, comme une caresse, comme un souffle. Musicien sera pour moi celui ou celle qui dans la rencontre me fera jouer. Et permettre ainsi à mon âme de se révéler en ce monde. Sans l’autre musicien, quelle serait la valeur de l’instrument ? Une coquille creuse, un trésor vide…

L’instrument s’offre aux mains du musicien. Mais sans son chant incomparable que serait le musicien ? Un technicien avide de prouesses dont les efforts ne conduiraient qu’à une habileté sans âme… L’auditoire en resterait de marbre, et les cœurs s’en retourneraient gavés de sons stériles. C’est le couple instrument-musicien qui sauve le monde, par son dialogue amoureux à la créativité sans fin. Et dans notre quotidien, nous avons de quoi entrer dans ce dialogue. Tour à tour instrument et musicien, c’est à nous qu’il appartient d’offrir à nos jours la magie du jeu infini de la vie.

lundi 14 septembre 2009

Émerveillement

Cet été a été riche pour moi en ‘zones d’émerveillement’ et la rentrée m’offre à son tour des heures exceptionnelles pour lesquelles je voudrais rendre grâce. Je comprends de mieux en mieux que pour vivre apaisé il convient d’être reconnaissant autant des bonheurs que des malheurs que la vie nous amène. Mais je le dis en toute franchise : les épisodes de joie, de lumière et d’harmonie provoquent une adhésion plus libre et plus intense de mon cœur que ces périodes difficiles où tout n’est que tâtonnement, obscurité et effort. Alors je m’exerce à accueillir en gardant la main ouverte. L’oiseau vient se poser un instant au creux d’une paume offerte à sa visite ? Quand il reprend son envol, la trace qui reste de son passage raconte encore l’oiseau, d’une autre manière. Ainsi l’émerveillement ne dure souvent qu’un moment ? L’essentiel c’est qu’il sache rester à l’écoute de toutes les autres formes d’enseignements.

beauté d'un 'ailleurs' (merci Stéphanie)

L’émerveillement est comme cette lumière que le photographe attentif capte au détour du chemin. Mille photos peuvent être prises de la même scène, une seule restitue la beauté presque invisible de l’instant-endroit. Et l’art c’est sans doute cette aptitude à révéler l’à-peine-perceptible. Comme le musicien, qui peut ne jouer que des notes, avec habileté ou même en virtuose. Mais s’il parvient avec son instrument à traduire ce son que l’oreille n’entend pas encore clairement, alors il est artiste. Ainsi les amants s’offrent leurs bras, leurs corps et leurs caresses pour entrer en présence de ce qui les transcende. Au-delà de la simple satisfaction que veut la pulsion, la voie de leur rencontre conduit aux portes de l’émerveillement. Et c’est vrai, j’ai pu durant cet été croiser avec bonheur l’itinéraire de plusieurs ‘artistes’. Mais voilà la rentrée. Et avec elle me semble promise l’exceptionnelle grâce de renouer avec l’art de la tendresse. Merci la vie !

dimanche 6 septembre 2009

Médire

Mon intention n’est pas de dire du mal. Mais je me suis senti bousculé et malmené. Alors j’ai ce besoin de me défendre face à ce que j’ai vécu comme une agression, ou plus simplement encore j’ai besoin de dire ma douleur et ma peine. Et voilà que mon propos charge l’autre. Déjà il désigne son comportement comme injuste ou égoïste, mesquin ou borné. Et ce faisant, je me trouve pris au piège de la médisance car l’opinion de celui ou celle qui m’écoute est influencée par mon propos. Pourtant je ne souhaitais pas dénigrer, je cherchais seulement à ce qu’on entende ma difficulté…

Ce scénario vous est étranger ? Moi non. J’avoue que j’ai encore bien des fois tendance à prendre mon interlocuteur comme témoin de mon malheur. C’est peut-être parce que je vis trop seul, ou que je suis trop fragile. Toujours est-il que je cède à ce travers, et je n’en suis pas fier. Car au fond je prolonge ce que je dénonce, j’entretiens ce que j’aurais aimé ne jamais rencontrer sur mon chemin. C’est vraiment un comble !

Se plaindre à quelqu’un du mal qui m’a été fait est un mauvais calcul. Cela contribue à ce qu’une autre personne soit blessée qui à son tour en blessera une autre ? Et immanquablement un jour ce mouvement reviendra jusqu’à moi. Alors faut-il tout accepter sans rien dire ? Tout supporter sans broncher ? Être la parfaite victime qui se laisse piétiner sans réagir ? Qu’il est difficile au quotidien de résoudre ce dilemme. Je sais seulement, mais j’ai encore tant de difficultés à le mettre en pratique, que ce qui m’arrive me renseigne davantage sur ce que j’ai à clarifier en moi que sur la bonté ou la méchanceté de mon prochain.

lundi 31 août 2009

Bénédiction

Encore une belle aventure. Où se sont côtoyés le meilleur et le pire. Et je ne souhaite vous parler ici que du meilleur !… Une rencontre proposée autour de l’émergence de la Nouvelle Culture, celle qui peu à peu prend le relais pour conduire notre humanité à sa mue, pour passer d’un monde de rivalités, de dominations et d’exclusion, à un monde de co-création, de partage et de réciprocités. Et ce n’est pas gagné… Le rendez-vous avait été fixé dans un minuscule hameau de l’Aude, sur un terrain boisé au joli nom de « petit paradis », et nous nous sommes retrouvés à quelques-uns dans le but d’esquisser notre vision de l’à-venir.

Très vite j’ai été gagné par le sentiment que l’important n’était pour moi pas là où il avait été affiché pour l’occasion. Je veux dire, il y avait le programme de la rencontre, et puis le reste. Le reste, l’Essentiel, a été la reconnaissance en résonance avec Diana. Une femme colombienne sans âge, au regard profond comme la voûte céleste, qui profitant d’une interruption s’est proposée de me faire découvrir le lieu où nous nous trouvions. Et me prenant par le bras, comme pour me dire ‘tu sais, tu comprends’, elle m’a emmené alentour. Jusqu’à la source. Une source dont l’eau est réputée pour sa valeur thérapeutique…

depuis la source du cœur

L’endroit magique nous a plongé dans le silence. Un silence porteur de quelque chose de sacré. Et prenant contact avec l’eau, mon cœur disait : « demande-lui sa bénédiction ». Je me suis donc adressé à ma guide et sa réponse fut : « tu as lu dans mes pensées ». Alors je me suis incliné, et elle m’a béni. Et à son tour, elle m’a demandé ma bénédiction. Un échange sans paroles, dans la profondeur de la présence. Un geste qui enrichit et anoblit celui qui donne comme celui qui reçoit. Et je me dis qu’il est bien dommage que nous ne sachions pas mieux nous bénir les uns les autres. Parents et enfants, époux et amants, voisins et collègues… Notre monde en serait plus lumineux.

jeudi 27 août 2009

La terre

Parmi les quatre éléments, la terre reste sans doute la plus grande complice de nos racines. Et peut-être bien qu’avant d’être des humains, nous sommes et nous restons des terriens. Ce n’est pas rien de se le remémorer. Parce que, vous l’avez constaté comme moi, nos modes de vie de plus en plus urbains ont aussi pour conséquence de nous éloigner toujours davantage de la terre-mère. Béton-bitume se donnent la main, sous l’œil vigilant du profit et de la rentabilité, pour non seulement nous couper de notre matrice mais aussi en organiser l’oubli. Et cela n’est pas sans conséquences.

Une amie me disait il y a peu : « Certainement plus de la moitié de nos maladies et stress sont liés à la perte du contact physique avec la terre ». Et je vous pose cette question : « À quand remonte votre dernier bain de terre ? ». Un de ces moments où pieds nus vous avez foulé le sol, ou encore allongé de tout votre corps vous vous êtes laissé prendre dans ses bras, ou de vos mains vous l’avez travaillé. C’est une simple expérience, capable pourtant de guérir le plus rude chagrin d’amour.

La terre est pour moi le lieu de toutes les sensualités. Elle s’apparente profondément au corps de la femme quand celle-ci consent à s’abandonner à sa jouissance. Bientôt les pluies d’automne en rappelleront les odeurs, même en ville. Mais au quatrième étage de mon immeuble, seule une ‘prise de terre’ me maintient à son contact. C’est peu. Aussi j’apprécie quand à l’occasion d’un pique-nique ou d’une autre sortie, je peux renouer plus sérieusement avec elle. Oui, c’est évident, on devrait tous vivre à la campagne ! Équation insoluble, elle a seulement le mérite de nous ramener au bon sens de notre condition de terriens.

mardi 25 août 2009

Se perdre

Il y a différentes façons de vivre. Celles qui s’économisent, celles qui se dispersent, celles qui courent, celles qui s’épuisent, celles qui s’interrogent, celles qui assurent… et tant d’autres encore. Il en est une qui n’a pas trop les faveurs de notre monde, mais dont je fais parfois l’expérience : elle consiste à se perdre. Suivant la trace de l’inspiration, allant au gré des possibles, ouvrant le chemin selon son bon vouloir, j’avance jusqu’à ne plus savoir. Ne plus savoir quel est le projet, la motivation, la finalité, l’intérêt, la logique, et tout le reste. Ne plus savoir le vrai et le faux, le bien et le mal, le lumineux et l’obscur, et toute la cohorte de leurs semblables. Juste vivre ce qui se présente et s’offre. Vivre ce qui est là et puis se perdre.

Ces moments n’apportent pas vraiment de facilité. Car il s’agit de renoncer à bien des sécurités, et particulièrement à celle de la compréhension. La sensibilité se trouve en première ligne, sans la protection rapprochée du chien de garde qu’est le mental. Et quand la sensibilité est vive, le risque arrive à son comble. Pourtant ces vécus promettent une grande fécondité. Celle précisément d’échapper à tout ce que l’on sait d’avance, à tout ce que l’on croit déjà connaître, dont on pense avoir déjà l’explication raisonnable… pour laisser apparaître le neuf.

Il y a trois jours, je me suis perdu dans une telle aventure, entraînant cette fois avec moi plusieurs autres personnes. Adultes responsables, chacun pouvait se dédire. Mais quand le coeur parle à des cœurs ouverts, n’est-il pas difficile de résister ? Et nous nous sommes retrouvés, rencontre improbable, comme si nous avions chacun répondu à une convocation de la vie elle-même. Autour des œuvres d’une artiste née à Damas, en compagnie de son amie tchèque, accueillis par celle qui s’est longtemps interrogée sur ses origines, et son mari aux ascendants brésiliens, rassemblés par un alsacien accompagné pour l’occasion par une nîmoise. Tout cela dans un petit hameau du fin fond de la Drôme représenté par un de ses vétérans, instituteur à la retraite, âgé de 86 ans.

La journée fut belle. Étonnement belle entre nous. L’accueil, la joie, le partage, la confiance et la générosité, et puis l’émerveillement nous ont portés. Puis vint un minuscule faux-pas, et j’ai vacillé dans le doute. Et j’ai eu très mal. Je ne savais plus si j’avais commis le meilleur ou le pire. Et j’ai mis deux jours à m’en relever. Aujourd’hui je ne peux qu’espérer en la bonté des autres. Mais c’est peut-être cette vulnérabilité à l’autre qui est l’authentique voie de l’amour… Merci à tous, et à ce blog qui a permis cette folie.

lundi 17 août 2009

Hebdomadaire

Constat récurrent : il y a des trésors de sagesse dans l’organisation du monde que nous ont transmis les anciens. Mais dans une société pressée d’atteindre ses objectifs de productivité pour qu’enfin arrive le vrai bonheur, nous n’y prêtons plus guère attention. Croyant qu’il faut tout réinventer pour que cela soit ‘moderne’ nous passons à côté de très beaux enseignements. Dommage ! Car dans cet ‘héritage’ il y a de quoi se régaler, de quoi s’instruire et s’économiser aussi bien des errances.

Avez-vous remarqué que le cheminement des jours de la semaine est loin d’être au hasard ? Chaque jour est associé à une planète. Et chaque planète est associée à une énergie. Pour mémoire : lundi = lune = désir / mardi = mars = guerre / mercredi = mercure = connaissance / jeudi = jupiter = justesse / vendredi = vénus = grâce / samedi = saturne = accomplissement / dimanche = soleil = vie. Nous voilà prêts à redécouvrir la semaine comme une proposition d’itinéraire. Vous me suivez ?

au rythme des anciens (photo de Jean)

Au commencement de nos existences est le désir. Désir qui avec son besoin d’expansion nous conduit à la guerre. La guerre oblige à la connaissance, car l’intelligence surpasse la force. Mais l’intelligence véritable invite la connaissance à rencontrer la justesse. Et l’exploration de la justesse nous mène à l’expérience de la grâce. Or la grâce nous permet d’assumer nos limites, seule façon d’atteindre l’accomplissement. Cet accomplissement rend lui-même possible l’effacement par lequel règne la Vie…

En prenant un peu de temps pour méditer ces éléments, vous reconnaîtrez sans doute la pertinence de ce viatique. Et alors que s’approche la rentrée, vous envisagerez peut-être le retour au rythme hebdomadaire non comme la fin des vacances mais comme la proposition d’une juste compréhension de notre parcours terrestre et comme un rappel permanent d’une saine façon de vivre. Un art quotidien pour remettre les choses à leur place. Ah, et puis au fait, quel est votre jour préféré de la semaine ?

vendredi 14 août 2009

Oraison dominicale

Ô Toi notre Source

qui s’origine dans l’Invisible,

que ta Présence soit au centre de l’Attention,

que ton Jaillissement suscite l’éveil de la Conscience,

que ton Intention devienne manifeste dans le Tangible comme elle l’est dans l’Intangible.

Accorde-nous au Présent de l’Ici et Maintenant.

Fais de nos Transgressions des occasions d’Apprentissage,

comme nous voulons apprendre avec ceux qui nous entraînent hors de l’Harmonie primordiale.

Et ne laisse pas l’Illusion de l’espace-temps épaissir notre Sommeil,

mais libère notre Ego de son Rêve.

Car en Vérité,

c’est en Toi que se trouve l’unique possibilité d’atteindre l’Illumination

de l’Existence par l’Essence.

(libre adaptation du "Notre Père..." - Matthieu 6, 9-13)

vendredi 7 août 2009

Je t'aime

Tout est là. Il n’y a pas d’autre voie, pas d’autre besoin et finalement pas d’autre remède. Être humain commence et finit à cet endroit. C’est notre grandeur et l’au-delà : aimer. ‘Je t’aime’ déjoue les peurs et tous les replis. ‘Je t’aime’ désarme les guerres et toutes les incompréhensions. ‘Je t’aime’ fait se lever les lumières de l’aurore, et aux nuits les plus obscures offre une présence réconfortante. ‘Je t’aime’ avive toutes nos soifs, et extirpe du sommeil celui qui n’ose plus espérer. ‘Je t’aime’ est notre leitmotiv.

Oh, je sais, quand cela est dit, commence toutes les complications. Celles de ce qu’on ajoute, et de tout ce qu’on retranche. Évidemment il ne s’agit pas ici de l’amour dépendance, ni de celui marqué par le désir du bon objet, pas plus que l’amour passion, et pas non plus celui déterminé par tous nos manques… Il n’est pas question d’une douleur ou d’un cri.

Il s’agit de cet espace si vaste qu’il permet d’être soi-même, si patient et si compréhensif qu’il laisse le temps de se reconnaître et de s’accepter, si encourageant et si exigeant qu’il conduit au meilleur et à la profondeur, si vrai qu’il n’est plus possible de fuir. C’est un geste du cœur, une caresse de l’âme, qui nous dit au plus intime le droit d’être qui je suis.

Je t’aime. Et je ne te le dis pas assez. Je t’aime et je ne te le dis pas de la bonne manière. Je te le dis, mais ce ne sont encore trop souvent que des mots. Alors je voudrais te l’exprimer autrement, à toi qui me lis. Par le souffle subtil de l’esprit, comme une prière, comme un sacrement. Je sais que tu es formidable, même si je ne sais encore rien ou si peu de toi. Et je m’approche où tu ne m’attends pas, pour l’émerveillement. Je t’aime, et c’est si bon de te le dire, pour qu’il te vienne peut-être l’envie de le répéter plus loin.

lundi 3 août 2009

Conte

Elle s’était mise en tête de soigner les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer par la voie des contes. Comment ? Pourquoi ? Impossible de vous donner ici tous les détails. Mais lorsqu’il y a un an elle m’a parlé de ses travaux, j’ai immédiatement trouvé l’approche stimulante : utiliser la capacité de la mémoire collective à élaborer du sens pour réparer la mémoire individuelle dévorée par une vie en perte de sens, quelle audace ! Elle m’a donc proposé d’assister à la première synthèse de l’évaluation de ses travaux. Contrats avec deux hôpitaux, comité scientifique avec un éminent professeur d’université, soutien d’une fondation… Serait-on en passe de reconnaître que l’humain a besoin que sa vie raconte une histoire ?

Si les conclusions de ce jour n’ont pas permis de trancher la question, j’en suis sorti avec l’intime conviction qu’il y avait là une piste. Et allez savoir pour quelle raison, je supporte mal que tant de créativité reste dans l’ombre. Alors j’ai décidé de cafter. L’émission de France Inter « Carnets de Campagne » a-t-elle retenu votre attention ? La mienne oui, et j’ai attendu patiemment que vienne le tour de notre département, et j’ai pris ma plus belle plume pour écrire à Philippe Bertrand et lui dire. Et vous le croirez ou non, il a choisi de faire l’interview. Elle est passée à l’antenne en décembre.

perdus ?... nous le sommes souvent !

Depuis son mail « Ça y est, je passe, et c’est de ta faute !!! » plus guère de nouvelles. Il y a peu, elle m’appelle avec un accent énigmatique : « J’ai des choses à te dire, je veux te voir ». Éternel impatient, j’avais si bien relégué sur le monticule de toutes mes frustrations l’idée de jamais savoir s’il y avait eu une suite, que c’est avec peu d’élan que je me suis rendu à son invitation. Ce qu’elle m’a confié pourtant m’a bouleversé. Combien cette démarche de la part d’un homme avait été réparatrice pour la femme qu’elle est. Comment les contacts qui ont suivi cette interview ont ouvert de nouvelles perspectives à ses recherches. Pourquoi elle voulait me remercier car elle sait aussi que dans ma vie certaines femmes m’ont maltraité. Et puis cette grande et bonne nouvelle : ce 21 juillet ses travaux ont été scientifiquement validés ! Oui, vous avez bien lu. Demain, dans nos hôpitaux, nos personnes âgées seront soignées par les contes - je ne vous raconte pas des histoires J

vendredi 31 juillet 2009

Pour Eric-Emmanuel

Comme à peu près tous les bons livres de ma bibliothèque, celui-ci m’a été offert. Car je ne suis pas doué pour aller vers les livres. C’est eux qui viennent à moi. Et chaque fois c’est une surprise, un étonnement, une ouverture, un enrichissement, un ravissement, un rebond qui m’amène à poursuivre mon voyage au pays de la pensée, de la sensibilité, de l’éveil… au pays de la rencontre avec celle ou celui qui m’initie à sa vision du monde. Et j’aime que l’auteur se livre, qu’il se donne par son texte. J’aime que lire soit faire connaissance.

Souvent je me dis après la lecture : bon sang, lève-toi, va dans une librairie ou une bibliothèque, il y a tant de chefs d’œuvre qui t’attendent. Mais chaque fois c’est la même expérience. Parcourant les rayons, mes doigts ne savent quel ouvrage saisir, et mes yeux décryptant une 4e de couverture, ou encore un paragraphe pioché au hasard, ne parviennent à convaincre mon esprit de l’intérêt d’aborder ce parcours. Je l’avoue, cela peut paraître terriblement prétentieux, mais j’ai peur de m’ennuyer. Relire ce qui déjà a été écrit, assister au développement d’une narration, d’une démonstration ou simplement d’un exposé qui me mène vers une destination déjà connue, m’insupporte. J’ai besoin d’être surpris, soulevé par la profondeur de vue, ou exalté par la puissance des mots.

Les vrais livres se lisent avec le cœur. Et pour une raison que j’ignore, mon cœur est davantage touché par le fruit d’une offrande que par les choix vers lesquels me portent mes propres goûts ou préférences. C’est ainsi. Je me dis parfois qu’il serait temps de devenir adulte, de montrer enfin que je suis capable de rencontrer une œuvre. Mais les années passent, et rien n’y fait. Toujours c’est elle qui me rencontre. En similitude sans doute avec la femme que toujours j’espère et que pourtant je sais si mal aborder…

mardi 28 juillet 2009

À la source

Avant de rencontrer l’autre ou de se connecter à son environnement, l’être humain est d’abord en relation avec lui-même. Ce constat implique des milliers de choses au quotidien, et il m’a fallu des années pour prendre la mesure de ce que signifie cette réalité dans ma vie de tous les jours. Mais j’ai compris à présent à quel point c’est une clef pour avancer dans les apprentissages que nous propose la vie. Car si la relation à soi-même est la relation la plus difficile à appréhender, la plus difficile à clarifier, la plus difficile à pacifier, c’est aussi par elle que nous accédons véritablement à l’évolution.

La grandeur et la faiblesse de l’humain c’est d’être inquiet de lui-même. Au travers de tout ce qu’il fait, dit et pense, l’humain cherche toujours à se rassurer à son sujet. Et s’il attend en permanence que sa manière d’être présent en ce monde lui renvoie un écho favorable, le seul qui puisse finalement lui offrir l’heureuse confirmation qu’il espère, c’est lui-même. La conséquence c’est qu’il devient urgent de s’arrêter pour s’interroger : quelle est la qualité de mon rapport à moi-même ? Et comment suis-je prêt à l’améliorer ? Sans ce retour à la source, toutes nos quêtes resteront vaines.

Soyons clair : des tensions, conflits, culpabilités que nous portons en nous découlent les guerres, les incompréhensions, les ruptures avec ceux qui nous entourent. Mais aussi la pollution, la déforestation, le gaspillage des ressources naturelles, le non-respect des animaux, et tout le reste… Il n’y aura pas de revirement positif pour notre monde sans un regard courageux et lucide sur nous-même. La puissance divine réside là. Le pouvoir de création, de guérison et de réparation d’écoule de la réconciliation de l’humain avec lui-même. Mais combien facilement nous préférons mener tous les autres combats pour laisser à plus tard cet ouvrage essentiel !

vendredi 24 juillet 2009

Ce qui est

Version orientale

Ce qui se passe, c'est que
les événements arrivent de l'extérieur
et vous ne vous laissez pas affecter par eux.
Vous vous fermez.
C'est pourquoi aucun changement
ne se produit dans votre vie.
En revanche,
celui qui est affecté profondément par eux
est obligé d'y faire face.
Il n'y a pas d'échappatoire.
Il perd ses illusions et se libère.


Swami Prajnanpad

bain sacré dans la gange à l’heure de l’éclipse

Version occidentale

Ne demande pas que ce qui arrive soit comme tu le veux, mais veux ce qui arrive comme cela arrive, et tu couleras une vie heureuse.

Epictète

mardi 21 juillet 2009

Nouvelle culture

À ne pas en douter, une nouvelle culture émerge. Combien de temps cela prendra encore jusqu’à ce qu’elle remplace l’ancienne, personne ne le sait. J’ai pourtant l’idée que les choses vont en s’accélérant car les signaux se multiplient de toutes parts. Et l’indication majeure, sur un plan individuel, c’est qu’il s’agit d’entrer dans la transformation sans chercher à freiner ni à retenir. La mutation est profonde, celui qui se raidira ou se crispera sur ses acquis sera balayé. « Il est trop tard pour être pessimiste » nous lance Yann Arthus-Bertrand dans son film ‘Home’ - « Le changement est incontournable, nous pouvons seulement choisir de le mettre en œuvre ou de le subir » déclare pour sa part Nicolas Hulot.

Mais en quoi consiste ce nouvel horizon ? Peut-on le décrire ? Je crois seulement qu’il comporte les éléments suivants : la réussite des autres comme gage de ma propre réussite, le pouvoir comme un service, l’action guidée par l’intuition, un mode de vie qui prend en compte l’ensemble du vivant, les valeurs du coeur, la réconciliation du rationnel et de l’irrationnel, la place de la femme, la simplicité volontaire, le fonctionnement en réseaux, l’organisation collaborative… et tant d’autres aspects encore. Et plutôt que d’ajouter des ‘concepts’, écoutez ceci : la fille d’un paysan qui s’est convertie à l’agriculture biologique et qui pratique la méditation rencontre une amie du réseau des ‘créatifs culturels’ - celle-ci l’accueille sur le parking de l’entreprise de son père et diffuse l’info - le marché s’organise deux jours par semaine avec un espace jeux pour les enfants - la dégustation des produits s’accompagne de conversations spontanées où chacun évoque sa manière de contribuer au changement - les enfants se régalent de melon et de pastèque avec un plaisir qui surpasse tous les ‘bonbons’… Je rêve ? Non, puisque je l’ai vécu, pour de vrai, hier ! Et pour vous dire, je m’y suis rendu avec ma bicyclette J .

Cette nuit nous vivrons la plus grande éclipse totale du soleil par la lune du siècle, visible par plus de 2 milliards d’humains en Chine et en Inde. Cette lune sur laquelle nous avons posé le pied il y a tout juste 40 ans par le triomphe de la puissance technologique et sa débauche de moyens. Je ne dis pas qu’il faille renoncer ou revenir en arrière. Je dis seulement qu’une réflexion s’impose : quelques humains dans l’Espace, engoncés dans leurs scaphandres et confinés dans leur module, est-ce vraiment un avenir désirable quand la Terre nous offre un jardin luxurieux que nous pourrions habiter ensemble en paix ? Cette fois osons le croire : tous nos petits pas annoncent irrémédiablement un grand bond pour l’humanité.