début de ce blog - 24 décembre 2008

Le divin rencontre l'humain, le céleste fait du terrestre son nid,
l'essentiel allume ses lumières aux fenêtres de l'existentiel… Une histoire de naissance !

vendredi 31 juillet 2009

Pour Eric-Emmanuel

Comme à peu près tous les bons livres de ma bibliothèque, celui-ci m’a été offert. Car je ne suis pas doué pour aller vers les livres. C’est eux qui viennent à moi. Et chaque fois c’est une surprise, un étonnement, une ouverture, un enrichissement, un ravissement, un rebond qui m’amène à poursuivre mon voyage au pays de la pensée, de la sensibilité, de l’éveil… au pays de la rencontre avec celle ou celui qui m’initie à sa vision du monde. Et j’aime que l’auteur se livre, qu’il se donne par son texte. J’aime que lire soit faire connaissance.

Souvent je me dis après la lecture : bon sang, lève-toi, va dans une librairie ou une bibliothèque, il y a tant de chefs d’œuvre qui t’attendent. Mais chaque fois c’est la même expérience. Parcourant les rayons, mes doigts ne savent quel ouvrage saisir, et mes yeux décryptant une 4e de couverture, ou encore un paragraphe pioché au hasard, ne parviennent à convaincre mon esprit de l’intérêt d’aborder ce parcours. Je l’avoue, cela peut paraître terriblement prétentieux, mais j’ai peur de m’ennuyer. Relire ce qui déjà a été écrit, assister au développement d’une narration, d’une démonstration ou simplement d’un exposé qui me mène vers une destination déjà connue, m’insupporte. J’ai besoin d’être surpris, soulevé par la profondeur de vue, ou exalté par la puissance des mots.

Les vrais livres se lisent avec le cœur. Et pour une raison que j’ignore, mon cœur est davantage touché par le fruit d’une offrande que par les choix vers lesquels me portent mes propres goûts ou préférences. C’est ainsi. Je me dis parfois qu’il serait temps de devenir adulte, de montrer enfin que je suis capable de rencontrer une œuvre. Mais les années passent, et rien n’y fait. Toujours c’est elle qui me rencontre. En similitude sans doute avec la femme que toujours j’espère et que pourtant je sais si mal aborder…

mardi 28 juillet 2009

À la source

Avant de rencontrer l’autre ou de se connecter à son environnement, l’être humain est d’abord en relation avec lui-même. Ce constat implique des milliers de choses au quotidien, et il m’a fallu des années pour prendre la mesure de ce que signifie cette réalité dans ma vie de tous les jours. Mais j’ai compris à présent à quel point c’est une clef pour avancer dans les apprentissages que nous propose la vie. Car si la relation à soi-même est la relation la plus difficile à appréhender, la plus difficile à clarifier, la plus difficile à pacifier, c’est aussi par elle que nous accédons véritablement à l’évolution.

La grandeur et la faiblesse de l’humain c’est d’être inquiet de lui-même. Au travers de tout ce qu’il fait, dit et pense, l’humain cherche toujours à se rassurer à son sujet. Et s’il attend en permanence que sa manière d’être présent en ce monde lui renvoie un écho favorable, le seul qui puisse finalement lui offrir l’heureuse confirmation qu’il espère, c’est lui-même. La conséquence c’est qu’il devient urgent de s’arrêter pour s’interroger : quelle est la qualité de mon rapport à moi-même ? Et comment suis-je prêt à l’améliorer ? Sans ce retour à la source, toutes nos quêtes resteront vaines.

Soyons clair : des tensions, conflits, culpabilités que nous portons en nous découlent les guerres, les incompréhensions, les ruptures avec ceux qui nous entourent. Mais aussi la pollution, la déforestation, le gaspillage des ressources naturelles, le non-respect des animaux, et tout le reste… Il n’y aura pas de revirement positif pour notre monde sans un regard courageux et lucide sur nous-même. La puissance divine réside là. Le pouvoir de création, de guérison et de réparation d’écoule de la réconciliation de l’humain avec lui-même. Mais combien facilement nous préférons mener tous les autres combats pour laisser à plus tard cet ouvrage essentiel !

vendredi 24 juillet 2009

Ce qui est

Version orientale

Ce qui se passe, c'est que
les événements arrivent de l'extérieur
et vous ne vous laissez pas affecter par eux.
Vous vous fermez.
C'est pourquoi aucun changement
ne se produit dans votre vie.
En revanche,
celui qui est affecté profondément par eux
est obligé d'y faire face.
Il n'y a pas d'échappatoire.
Il perd ses illusions et se libère.


Swami Prajnanpad

bain sacré dans la gange à l’heure de l’éclipse

Version occidentale

Ne demande pas que ce qui arrive soit comme tu le veux, mais veux ce qui arrive comme cela arrive, et tu couleras une vie heureuse.

Epictète

mardi 21 juillet 2009

Nouvelle culture

À ne pas en douter, une nouvelle culture émerge. Combien de temps cela prendra encore jusqu’à ce qu’elle remplace l’ancienne, personne ne le sait. J’ai pourtant l’idée que les choses vont en s’accélérant car les signaux se multiplient de toutes parts. Et l’indication majeure, sur un plan individuel, c’est qu’il s’agit d’entrer dans la transformation sans chercher à freiner ni à retenir. La mutation est profonde, celui qui se raidira ou se crispera sur ses acquis sera balayé. « Il est trop tard pour être pessimiste » nous lance Yann Arthus-Bertrand dans son film ‘Home’ - « Le changement est incontournable, nous pouvons seulement choisir de le mettre en œuvre ou de le subir » déclare pour sa part Nicolas Hulot.

Mais en quoi consiste ce nouvel horizon ? Peut-on le décrire ? Je crois seulement qu’il comporte les éléments suivants : la réussite des autres comme gage de ma propre réussite, le pouvoir comme un service, l’action guidée par l’intuition, un mode de vie qui prend en compte l’ensemble du vivant, les valeurs du coeur, la réconciliation du rationnel et de l’irrationnel, la place de la femme, la simplicité volontaire, le fonctionnement en réseaux, l’organisation collaborative… et tant d’autres aspects encore. Et plutôt que d’ajouter des ‘concepts’, écoutez ceci : la fille d’un paysan qui s’est convertie à l’agriculture biologique et qui pratique la méditation rencontre une amie du réseau des ‘créatifs culturels’ - celle-ci l’accueille sur le parking de l’entreprise de son père et diffuse l’info - le marché s’organise deux jours par semaine avec un espace jeux pour les enfants - la dégustation des produits s’accompagne de conversations spontanées où chacun évoque sa manière de contribuer au changement - les enfants se régalent de melon et de pastèque avec un plaisir qui surpasse tous les ‘bonbons’… Je rêve ? Non, puisque je l’ai vécu, pour de vrai, hier ! Et pour vous dire, je m’y suis rendu avec ma bicyclette J .

Cette nuit nous vivrons la plus grande éclipse totale du soleil par la lune du siècle, visible par plus de 2 milliards d’humains en Chine et en Inde. Cette lune sur laquelle nous avons posé le pied il y a tout juste 40 ans par le triomphe de la puissance technologique et sa débauche de moyens. Je ne dis pas qu’il faille renoncer ou revenir en arrière. Je dis seulement qu’une réflexion s’impose : quelques humains dans l’Espace, engoncés dans leurs scaphandres et confinés dans leur module, est-ce vraiment un avenir désirable quand la Terre nous offre un jardin luxurieux que nous pourrions habiter ensemble en paix ? Cette fois osons le croire : tous nos petits pas annoncent irrémédiablement un grand bond pour l’humanité.

lundi 20 juillet 2009

Créativité

J’ai toujours aimé inventer et créer. Il y a pour moi dans cette activité une sorte de jubilation du cœur et de l’esprit qui se rapporte à l’étonnante diversité du jeu de la vie, mais aussi à la joyeuse liberté de faire autrement, comme s’il s’agissait d’un pied de nez à l’ordre établi. Trouver une nouvelle fonctionnalité, un autre chemin, détourner un usage, modifier une recette, révéler des possibles, combiner des éléments… La créativité ne s’exerce pas à partir de rien. De mon expérience, elle nécessite au contraire une très bonne connaissance de l’existant. Mais ensuite elle demande l’audace pour faire autre chose ou autrement.

Me voilà donc à imaginer l’évolution de ce blog. Et ce qui me frappe c’est que l’organisation de ce support fait qu’on lit et regarde la page courante, que parfois on pioche un billet dans les archives, mais qu’à part celles et ceux qui vous accompagnent depuis le début, personne (?) n’a lu ‘l’intégrale’. Et tant de trésors (!) sommeillent juste parce qu’ils ont été écrits ‘avant’ et qu’il n’y a pas de motivation particulière à aller les chercher. Comme ces chansons qu’on n’écoutait jamais sur les vieux cassettophones parce qu’il fallait rembobiner… Et puisque tous les ‘ipod’ et autres diaporamas offrent un mode ‘lecture aléatoire’, pourquoi ne pas ajouter cette fonctionnalité ici ?

J’ai fouillé sur le ‘net’ parmi les gadgets et widgets disponibles. Je n’ai pas trouvé. J’ai donc acheté un ouvrage d’informatique et j’ai absorbé en quinze jours les rudiments de la programmation. Avec de nombreux tâtonnements et un peu de chance, j’ai réussi à écrire les consignes pour que votre ordinateur vous offre un texte ‘au hasard’. Alors rendez-vous dans la colonne de droite pour cliquer sur le bouton ‘OUI’. Merci de me confirmer que ça marche. Et racontez quel texte vous a été offert, et comment il vous a parlé !

jeudi 16 juillet 2009

Mon père

J’ai pensé à toi hier, assis devant mon clavier, faisant mes premiers pas en ‘javascript’. Apprendre un nouveau langage, assimiler des codes, comprendre le fonctionnement… quelle aventure. Tu as été de ceux-là, de ceux qui veulent savoir comment ça marche, qui soulèvent le capot, qui regardent derrière l’écran, et qui ajoutent aux créations des autres leurs propres innovations. Chapeau ! Éternel curieux, tu t’es mis aussi à étudier la psychanalyse -les œuvres complètes- quand la maladie t’a cloué au lit et que l’accumulation des déboires relationnels a fini par te couper du monde extérieur. Et grabataire, ne pouvant plus durant les dernières années que manier la souris, tu t’es encore courageusement mis à l’informatique pour nous écrire un étonnant logiciel de gestion… Alors je pense à toi.

Mais dans mes souvenirs d’enfance c’est un homme occupé, difficilement accessible, qu’il ne faut pas déranger, qu’il ne faut pas contrarier, qui me revient. Celui qu’on approche par le côté, en regardant comment il travaille, sans faire de bruit. Et quand devenu jeune adulte, mortifié par tes déboires de santé j’ai voulu t’adresser la parole, il n’y en avait toujours que pour toi et ce manque d’estime de toi-même qui te dévorait de l’intérieur. Pas étonnant, n’est-ce pas, que je me sois consacré à l’humain, à ses besoins, à ses impasses, pour essayer de comprendre comment tout ça marche ! Merci de m’avoir à ton insu mis sur cette belle voie…

Aujourd’hui j’avance dans un monde en grande mutation dans lequel savoir-vivre et savoir-vivre-ensemble nous font cruellement défaut. Alors l’élan qui m’habite pour apporter ma contribution à l’émergence d’une nouvelle conscience, c’est au fond à toi que je le dédie. Parce que tu m’as montré par ta façon de vivre qu’en toute circonstance il y a quelque chose à apprendre. Mais aussi parce que pour moi tu as fait la preuve que le génie humain sans la joie du lien conduit aux plus terribles enfermements… Rendez-vous dans la lumière, à toi mon père.

mardi 14 juillet 2009

Confitures

Miam ! C’est la période d’été. Les arbres et jardins offrent leurs fruits avec générosité et abondance. Et pour distribuer tant de bienfaits un peu tout au long de l’année, il y a …les confitures. Véritable entreprise de mise en pot du bonheur estival, elles nous accompagneront durant les hauts et les bas des différentes saisons, nous soutiendront par-delà les jours gris et moroses et les longues veillées hivernales, et surtout seront au rendez-vous matinal de tous nos commencements. Ce n’est pas rien. Il faut donc qu’une confiture soit bonne ! Et cela, c’est tout un art.

visite au laboratoire (merci Jean)

Vient d’abord la qualité des fruits. Ceux que vous aurez cueillis vous-même, après l’heure de midi, en haut de l’échelle ou au fond de l’allée, vous aideront à relier votre cœur en joyeuse reconnaissance avec la bonté de la nature. Puis vient le soin de la préparation : laver, dénoyauter, égrener, …selon… tâches qui vont mieux en collectif et qui ajoutent à la recette des saveurs de partage. Arrive alors l’heure de la cuisson dont on sait l’importance du chaudron mais aussi celle du feu - chacun a en cette matière ses habitudes et ses secrets, le bon moment pour incorporer le sucre, la quantité de jus de citron, et les mystérieuses alliances qui déploieront la richesse des arômes. Et voici que flotte dans l’air une ambiance de fête, un silence complice scellé par la gourmandise, le sentiment de sécurité de la récolte qu’on engrange, et c’est baignés de cette atmosphère que se remplissent les pots. Alignés comme une armée prête au combat, il convient de les garnir à la juste hauteur, de veiller à la bonne fermeture, pour finalement leur apposer la précieuse étiquette : « melon au gingembre 2009 ». Passeport pour un rêve, millésime du bonheur.

Je crois qu’associer un enfant à une telle aventure c’est beaucoup plus que meubler l’oisiveté de ses vacances. C’est l’initier à l’alchimie de la vie, faite d’attention, d’efforts, de persévérance, mais aussi de savoirs et d’expériences qui ouvrent la porte à de véritables con-naissances. Je suis heureux d’y avoir été associé. Vive les confitures. Slurp !

samedi 11 juillet 2009

Mourir

J’aimerais que ma mort soit douce, comme une vague qui vient et m’invite, qui revient et m’emporte, ne laissant à son retrait qu’un peu d’écume. J’aimerais que ma mort soit simple mutation, changement de plan, qui ne laisse derrière elle que la trace d’un avant qui évoque un après. J’aimerais que ma mort apparaisse dans un détour, comme un souffle qui murmure à l’âme « il est temps de partir vers de nouveaux horizons », et laissant tout, sur le champ, je voudrais être capable de la suivre dans la joie…

Dans le jardin d’un ami, j’ai trouvé cette ‘exuvie’ de cigale. Confrontation pour moi des plus saisissantes. Un moulage parfait de la ‘nymphe’ avec ses moindres détails, une enveloppe vide abandonnée à la mue de l’insecte mais dont tout rappelle avec une force incroyable sa présence. La forme paraît trop belle, trop achevée, trop évoluée pour qu’on la quitte. Mais pour qui a vu de près la dentelle d’une véritable cigale, cette larve reste une ébauche encore bien grossière Et du coup il semble stupide de la pleurer quand on sait le bonheur de s’abandonner en été au chant de la garrigue. Et je me dis que s’il en est ainsi pour un simple insecte, alors…

j’ajoute ce lien - prenez le temps de méditer ces images

J’ai eu la chance à plusieurs reprises de pouvoir me recueillir au lit d’un trépassé, des personnes que j’avais accompagnées en d’autres circonstances. C’est une expérience que je vous souhaite, car on est mieux en vie quand on a croisé la mort. L’existence est forme, et toute forme est marquée du sceau de l’impermanence : elle émerge, elle se déploie, elle s’épanouit, elle décline, elle disparaît. Mais la forme n’est que berceau. Quand l’enfant grandit, faut-il se désoler devant son petit lit ? J’aimerais à l’heure de franchir le seuil, que mon cœur tout entier soit porté par le chant de la vie pour me réjouir d’aller chanter ailleurs. J’aimerais que ma mort ait lieu de mon vivant.

jeudi 9 juillet 2009

10 000 et plus

Voilà à peine six mois que ce blog a démarré, au cours d’une période de jeûne que j’ai vécue durant les fêtes de fin d’année (voir le premier billet du 24 décembre). Et de cette étape de recentrage au cœur de l’hiver, dans la solitude et la méditation, un peu comme le bulbe que l’on plante en terre, est sortie une jeune plante vigoureuse et féconde : environ 150 textes, 10 000 visites, et 600 commentaires. Je suis débordant de reconnaissance ! Quelques contacts se sont aussi noués, échanges de mails, de photos, de musiques, de livres, une rencontre qui a duré un temps, et puis la méditation du lundi soir. À propos de cette méditation j’ai créé une page ‘voies de guérison’ que je vous invite à consulter : une sacrée aventure, à laquelle vous pouvez participer.

Ce blog se nourrit donc de mon humus, branches mortes et feuilles d’automne, reliefs de taille et herbes folles, et toutes ces cendres de mes doutes et déceptions au quotidien - et je peux vous dire qu’il y en a. Mais il nourrit un germe que nous sommes de plus en plus nombreux à porter, et qui indique que nous avançons vers un nouvel horizon : l’humain réconcilié avec ses profondeurs, reconnecté avec le Vivant, dans le profond respect de notre chère planète et de tous ses habitants. C’est un seul et même programme. Finies les chapelles. Il faut une vision globale qui porte nos actions locales. Un vaste réseau qui conforte nos démarches personnelles…

Et voici, je vous propose aujourd’hui de contribuer à l’essaimage. Le but n’est pas de rassembler, de regrouper, de fédérer… mais d’ensemencer une joyeuse diversité qui favorisera la renaissance des biotopes de nos cœurs et consciences face au désert de la pensée unique. Alors choisissez quelques personnes de votre entourage et adressez-leur un message personnel - pas un mail collectif et anonyme - pour les inviter à venir découvrir ce blog. Prenez le temps d’écouter vos mots pour vérifier qu’ils sonnent justes, et laissez faire l’audace de vos intuitions. Osez contacter celui ou celle dont vous n’êtes peut-être pas si proche. Et soyons étonnés. C’est une œuvre en co-création, portée par tant d’amitiés invisibles. Car il est temps que devienne visible l’émergence d’une nouvelle conscience.

Un grand MERCI à chacune et chacun - vous êtes formidables !

lundi 6 juillet 2009

L'air

« Au secours, j’étouffe ». Ma vie est trop étroite, mon univers trop étriqué. J’ai besoin de nouveaux horizons, j’ai besoin d’air…

L’air est pour moi synonyme d’espace, d’ouverture, et je l’associe depuis mon enfance à la randonnée en montagne que j’ai eu la chance de pratiquer régulièrement en famille. Et dans cette expérience, l’ivresse des sommets (même s’ils étaient modestes) est liée à la fois au panorama et au vent. Voir loin et sentir l’ampleur du monde. Quel bonheur ! Et quelle guigne quand il faut vivre chez soi les fenêtres fermées à cause du froid ou comme actuellement à cause de la chaleur.

on ne sait d’où il vient ni où il va

L’air ne se voit pas. On n’en perçoit que les effets. C’est la raison pour laquelle il est associé à la dimension de l’esprit. Et l’on ressent aisément parmi les personnes de notre entourage celles et ceux qui ‘ont du souffle’ ou inversement celles et ceux qui nous ‘étouffent’. Alors il est parfois bon d’oser changer d’air en faisant de nouvelles rencontres, juste pour s’assurer que nous ne sommes pas en train de nous replier sur nos habitudes. Ce qui ne veut pas dire faire la girouette, ni avancer seulement au gré du vent.

Bien sûr il arrive aussi que l’air s’emballe, soulève la poussière, agite les océans, menace nos maisons, et même emporte tout sur son passage quand il se fait tornade ou ouragan. J’ai découvert en arrivant dans le midi le vent qui rend fou, dont on implore au bout de trois jours qu’il veuille bien faire une pause pour nous laisser reprendre nos esprits. Mais globalement notre société a verrouillé tant de choses, à l’image de l’air conditionné qui équipe nos bureaux, qu’il est temps de retrouver l’air du Grand Large.

vendredi 3 juillet 2009

Dépression

Le moteur de notre vie psychique c’est le désir. Le désir qui s’articule sur le manque, comme le son émerge du silence, comme l’écriture se lit sur la page blanche. Et ces deux-là sont en perpétuelle tension. Le désir voudrait voir s’éloigner les frustrations, et le manque rêve de l’apaisement des incessantes envies. Mais de leur course-poursuite naît le mouvement de notre existence. Et celles et ceux qui ont fait l’expérience de sa suspension, savent combien il est pénible et même douloureux de poursuivre la route en son absence.

Car il arrive que le moteur tousse, se grippe, et même bloque. Quand le désir n’a pas appris à embrayer la réalité. Quand le désir se trouve confronté à d’insurmontables contraintes. Et cette panne se nomme ‘dépression’. Elle est le résultat d’un désir malmené. Trop de mauvaises satisfactions ou trop d’insatisfactions trop longtemps répétées. Le désir y perd son latin. Il ne sait plus comment désirer. Il se rétracte et se retire, jusqu’à démissionner. Il impose alors de s’arrêter, pour qu’on (ré)apprenne d’urgence à l’écouter.

Le désir satisfait s’encourage au contraire à désirer plus fort. Mais il demande qu’on se souvienne aussi que sa nature c’est de nous porter vers l’Infini. Sans quoi notre société d’opulence ne produira qu’un continuel accroissement des états dépressifs. Et c’est un comble seulement pour qui ignore l’au-delà du désir. Ainsi plus de la moitié des dépressions actuelles sont à mon sens une demande larvée de renouer avec une vraie spiritualité. Mais inversement, probablement plus de la moitié des personnes qui se réfugient dans la méditation, refusent de regarder en face l’état véritable de leur vie psychique. Question d’équilibre !

mercredi 1 juillet 2009

Contagion

Enfant, j’ai été sensibilisé au fait que les maladies se transmettent et qu’il convient de prendre certaines précautions pour éviter de relayer toux, rhume, grippe et autres fièvres. Se laver les mains, se tenir à distance, ne pas entrer dans la chambre du malade… autant de gestes pour réduire la propagation du malheur de manquer l’école ou d’annuler la visite du dimanche chez les cousins. À y réfléchir, ces consignes n’étaient au fond pas très différentes de celles concernant la préservation de nos affaires personnelles : habits, chaussures, cartable, etc. Car tout se salit et s’use au contact de l’épreuve de la vie !

mieux qu’une vaccination, non ?

Cette façon raisonnable et un peu contraignante d’envisager l’existence, a été réfutée par une société du loisir et du plaisir, où toute astreinte est immédiatement perçue comme un empêchement de jouir. Pourtant la réalité est têtue et les limites nous rattrapent : peu à peu il s’agit de réapprendre quelques règles de base, pour tenter de se mettre à l’abri de la menace de pandémie, quand ce n’est pas de l’épuisement des ressources de notre chère planète. J’ai donc parfois le sentiment, grâce à mon éducation, d’avoir sauté une génération. Et face à la crise et la décroissance qui s’annonce, je savoure cet avantage…

Pourtant j’observe aussi que cette notion de ‘contagion’ m’a seulement été présentée sur son versant négatif. Pourquoi n’a-t-il jamais été question de cette propagation positive d’un sourire, d’un geste de solidarité, d’un acte de générosité, et j’ose même dire aujourd’hui de la santé ? Oui, les personnes en bonne santé sont contagieuses. Et si les prises de conscience actuelles concernant notre style de vie ont mis quelques décennies à se développer, il convient maintenant d’intensifier les contacts, les rencontres, et les échanges pour qu’arrive l’heureuse pandémie. Vous y croyez ? Moi oui !