Disons-le tout de suite, je ne le connais pas personnellement (!) et mon propos de ce jour ne concerne donc que le personnage, le symbole, l’icône - comme on dit maintenant. Mais puisqu’à ce titre il ‘appartient’ à notre génération, il me paraît intéressant d’éclairer ce qu’il nous renvoie de notre façon d’être au monde. Et parce que le constat est accablant, une réflexion s’impose qui pourrait aussi être l’occasion d’une prise de conscience. Une façon de saluer cette existence qui éclaire à sa manière nos tâtonnements…
Voilà un jeune prodige, propulsé (violemment ?) par son père pour remplir ce contrat : « ta vie sera meilleure que la nôtre mon fils ». C’est déjà tout un programme, un schéma terriblement aliénant. Vient ensuite le succès de la scène qui s’appuie sur le paraître au détriment de l’être. C’est la perte du lien fondamental au Vivant. S’ajoute finalement ce besoin de se recréer lui-même à l’image des fantasmes de son mental. C’est l’impasse totale, dont le prix est un véritable calvaire.
Cet homme, cet itinéraire, ce projet, suscite l’adhésion de millions de fans de par le monde. Sa disparition est saluée avec des élans de ferveur qui éclipsent même les conflits politiques les plus sanglants. Rien d’étonnant. Il est à lui seul la synthèse de la forme actuelle de notre humanité : vivre dans l’espoir factice d’un futur radieux, en mobilisant une débauche de moyen pour tenter de le fabriquer de toutes pièces, pour s’apercevoir finalement que c’est le meilleur moyen d’aller droit en enfer.