début de ce blog - 24 décembre 2008

Le divin rencontre l'humain, le céleste fait du terrestre son nid,
l'essentiel allume ses lumières aux fenêtres de l'existentiel… Une histoire de naissance !

samedi 11 juillet 2009

Mourir

J’aimerais que ma mort soit douce, comme une vague qui vient et m’invite, qui revient et m’emporte, ne laissant à son retrait qu’un peu d’écume. J’aimerais que ma mort soit simple mutation, changement de plan, qui ne laisse derrière elle que la trace d’un avant qui évoque un après. J’aimerais que ma mort apparaisse dans un détour, comme un souffle qui murmure à l’âme « il est temps de partir vers de nouveaux horizons », et laissant tout, sur le champ, je voudrais être capable de la suivre dans la joie…

Dans le jardin d’un ami, j’ai trouvé cette ‘exuvie’ de cigale. Confrontation pour moi des plus saisissantes. Un moulage parfait de la ‘nymphe’ avec ses moindres détails, une enveloppe vide abandonnée à la mue de l’insecte mais dont tout rappelle avec une force incroyable sa présence. La forme paraît trop belle, trop achevée, trop évoluée pour qu’on la quitte. Mais pour qui a vu de près la dentelle d’une véritable cigale, cette larve reste une ébauche encore bien grossière Et du coup il semble stupide de la pleurer quand on sait le bonheur de s’abandonner en été au chant de la garrigue. Et je me dis que s’il en est ainsi pour un simple insecte, alors…

j’ajoute ce lien - prenez le temps de méditer ces images

J’ai eu la chance à plusieurs reprises de pouvoir me recueillir au lit d’un trépassé, des personnes que j’avais accompagnées en d’autres circonstances. C’est une expérience que je vous souhaite, car on est mieux en vie quand on a croisé la mort. L’existence est forme, et toute forme est marquée du sceau de l’impermanence : elle émerge, elle se déploie, elle s’épanouit, elle décline, elle disparaît. Mais la forme n’est que berceau. Quand l’enfant grandit, faut-il se désoler devant son petit lit ? J’aimerais à l’heure de franchir le seuil, que mon cœur tout entier soit porté par le chant de la vie pour me réjouir d’aller chanter ailleurs. J’aimerais que ma mort ait lieu de mon vivant.

5 commentaires:

Mingingi des prairies a dit…

Je suis en train de lire " les Frères Karamazov" de Dostoievski, et depuis quelques jours je ne cesse de penser à ce que j'ai lu à à la fin du livre sur sa mort (je pensais en faire un article sur mon blog et peut être vais-je le faire...) il y est écrit que juste avant sa mort, Dostoievski à ouvert les Evangiles est qu'il est tombé sur ce passage de Matthieu ( personnellement,de tous les Evangiles c'est celui qui me parle le plus): "Laisse faire à présent", je trouve ça magnifique, j'ignore si c'est vrai car il y a toujours beaucoup de légendes autour des grands personnages... je n'ai pas encore non plus cherché ce passage dans l'Evangile de Matthieu mais je compte bien le faire... Et ce matin je viens juste de lire le chapitre dans lequel le starets Zozime raconte la mort de son frère, un passage d'une incroyable beauté, qui m'a profondément touché...
Ton texte est vraiment superbe Christian :)

gazou a dit…

moi aussi je souhaite de tout coeur que ma mort ait lieu de mon vivant..être vivante jusqu'au bout !

dimit a dit…

Chouette

soisic a dit…

Comme Mystère,Christian je trouve ton texte superbe,et émouvant,merci

Christian a dit…

Merci pour vos commentaires...

C'est vrai Mystère que ces 'grands' textes trop peu lus (!) sont des sources d'inspiration. Je me souviens l'avoir étudié en cours de français en classe de première... merci l'école et merci les enseignants !