début de ce blog - 24 décembre 2008

Le divin rencontre l'humain, le céleste fait du terrestre son nid,
l'essentiel allume ses lumières aux fenêtres de l'existentiel… Une histoire de naissance !

jeudi 28 mai 2009

Silence

Sans le silence aucun son ne peut être entendu. Comme aucun mot ne peut être lu s’il n’est écrit sur une page. C’est son support. C’est la matrice d’où il émerge. C’est la lumière qui l’éclaire. Et nous avons besoin périodiquement de nous en souvenir, pour renouer avec lui, comme on efface une ardoise pour pouvoir y écrire un nouveau message.

Le problème, tous ceux qui pratiquent la méditation vous le diront, c’est que le bruit est surtout à l’intérieur. Les pensées vont et viennent, tournent et voltigent, comme les mouches autour du lustre de la chambre à coucher par un clair matin d’été. Et quand vous voulez en attraper une ce sont toutes les autres dont vous relancez l’agitation. Alors il est plus pertinent d’entrebâiller les volets et d’ouvrir les fenêtres pour qu’attirées par la lumière extérieure elles choisissent elles-mêmes la sortie. C’est ce que nous faisons en pratiquant l’assise. Yeux entr’ouverts fixés sur l’espace devant nous, portés par le simple mouvement de l’inspir et de l’expir, nous observons cette danse jusqu’à son épuisement. De là naît l’aptitude d’une nouvelle écoute, et ce que l’on entend alors est parfois révolutionnaire.

Silence au-dedans. Silence au-dehors. L’expérience est saisissante. Quand le calme est établi en nous, ce qui vient à notre rencontre ne saurait nous perturber. L’action est plus pertinente. La parole devient porteuse d’un véritable message. La pensée gagne en justesse et en profondeur. Et ce n’est pas le bruit ambiant, la vivacité d’une conversation houleuse, ou l’interminable bavardage de votre ami(e) qui vous en distraira. Sauf si vous laissez le bruit s’opposer au silence. Alors vient le besoin de clouer le bec à ce qui vous dérange. Alors vient la nécessité d’imposer la retenue à votre entourage. Mais déjà vous êtes perdu car même si votre interlocuteur modère son verbiage, votre silence n’est plus respiration. Il n’est plus accueil et offrande pour que circule la vie. Il devient barrage et défense. Verrou posé sur un cœur qui se refuse.

6 commentaires:

Mingingi des prairies a dit…

Le silence intérieur, accueil et offrande pour que circule la vie : c'est tout à fait ce que je ressens quand j'arrive à faire le silence en moi. Au fil du temps j'ai trouvé une petite astuce pour y arriver plus facilement : quand je ressasse des idées sans intérets, je m'imagine en train de débrancher une prise... et pof, la radio dans ma tête s'éteint et le silence (et par là-même la vie) dans toute sa beauté émerge...

Christian a dit…

Je vais essayer ta proposition Mystère !
Je réjouis en tout cas que ça fonctionne pour toi.
: )

gazou a dit…

J'aime beaucoup la fin de ton texte..Il est en effet des silences qui ferment et d'autres qui ouvrent...Un même mot et deux réalités différentes

Jean a dit…

Texte FONDAMENTAL !

Je connais mieux le silence tourné vers l'intérieur .
Garder le silence des pensées en restant un témoin qui essaie de comprendre ce qu'il voit , est pour moi bien plus difficile que d'être simplement conscient de moi même , de ma conscience .

Mais il est certain qu'il est indispensable de réinvestir l'expérience de la conscience pour être capable de VOIR ce qui nous entoure , les AUTRES en particulier .

Silence tourné vers l'intérieur et silence tourné vers les autres se complètent , s'amplifient mutuellement .

Une légende indienne raconte l'histoire d'un yogi qui pratiquait intensément la méditation silence intérieur centré sur la conscience intérieure .
Un jour , pour savoir où en étaient ses progrès , il demanda à Bouddha de lui indiquer un repère sur son avancement .
Bouddha lui montra deux soeurs en train de faire leur lessive .
Le yogi fut un peu vexé .
Bouddha continua :
-" Voilà , tu es arrivé à leur niveau : elles sont capables de faire leurs taches ménagères en étant conscientes de ce qu'elles font , sans penser , attentives à bien faire leur travail , sans juger."

Mingingi des prairies a dit…

j'aime beaucoup cette légende indienne. Quelqu'un a t-il vu, il y a quelques années ce documentaire sur arte qui s'appelait "l'art du ménage" est qui montrait une femme de ménage, suédoise, je crois, qui avait fait de son métier un art ? c'était fabuleux à voir... la conscience et l'attention avec lesquelles elle exécutait le moindre geste...

Jean a dit…

Je n'ai pas vu ce documentaire .
Mais , il y a environ 20 ans , nous avions l'habitude , mon épouse et moi , d'aller de temps en temps dans un certain restaurant asiatique .

La serveuse , 25 ans environ , attirait l'attention par sa grande beauté .
Mais ce qui était le plus extraordinaire , n'était pas la beauté de son visage ou de son corps .

Elle me stupéfiait par la Présence qui émanait d'elle .

Un jour surtout .
Les clients d'une table étaient partis et elle enleva les couverts , la nappe , nettoya et remit de nouveaux couverts .
Gestes simples , élémentaires .

Mais je ressentais en la regardant tellement de concentration , de présence à elle même et à ce qu'elle faisait , avec tant de grâce , d'efficacité ,avec tant de simplicité ...

J'étais bouleversé de voir , sous mes yeux , devant moi , ce que je devinais comme un sommet de l'être humain , pourtant dans des taches ménagères à la portée de tous .

Un grand moment de ma vie .