début de ce blog - 24 décembre 2008

Le divin rencontre l'humain, le céleste fait du terrestre son nid,
l'essentiel allume ses lumières aux fenêtres de l'existentiel… Une histoire de naissance !

samedi 9 mai 2009

L'eau

Quelle expérience ! Ce matin je m’en souviens si bien. Le bassin et son eau bleue. L’odeur si pénétrante du chlore. Les sons qui se réverbèrent à l’infini. Et ce contact au sol avec le carrelage mouillé et plutôt glissant. C’étaient les bains municipaux. Un ancien établissement, une institution. De notre « école primaire des garçons » (l’autre côté était réservé à « l’école primaire des filles »), nous étions venus en bus. Toute la classe et puis l’instituteur, un homme pour lequel j’avais un profond respect. Et durant le trajet déjà cette boule au ventre. Je n’aimais pas la piscine, ni le contact avec l’eau, ni les yeux qui piquent, ni de me retrouver en maillot de bain, ni le froid en entrant, ni le froid en sortant… Et ce jour-là après toutes sortes de séances préparatoires, il était question d’aller dans le grand bassin, nager pour de vrai, en eaux profondes !

Plusieurs copains avaient déjà réalisé leur saut. Je les voyais patauger plus que nager, avec leur bouée en liège. Et j’enviais non pas leur performance, mais qu’ils aient derrière eux la dure épreuve d’y aller. L’instituteur avec sa perche en bois veillait attentivement à sécuriser ceux qui en avaient besoin, tout en laissant à chacun trouver ‘son bon moment’ pour s’élancer. Mais le mien ne venait pas. Misère. Quand j’approchais du bord, le courage se noyait dans l’immensité de la profondeur et de sa transparence. J’ai tenté de descendre par l’échelle, mais je ne parvenais pas à lâcher prise. Alors, de retour sur la margelle, il s’est soudain emparé de moi par l’arrière, et d’un geste franc m’y a jeté. Quel geste. Je m’en souviens parfaitement : « c’est là le chemin, ne cherche pas ailleurs ». J’avais 9 ans, j’ai bu la tasse, j’étais un peu furieux, mais il m’a délivré. Merci monsieur l’instituteur.

11 commentaires:

Anonyme a dit…

Jean, pouvez-vous me dire sur quoi vous-vous appuyez pour répondre à mon "ressenti":

" Tu vois la paille qui est dans l'oeil du voisin et tu ne vois pas la poutre qui est dans le tien "

Quelle réalité peut parfois se cacher derrière les mots ?

En creusant... quand nous découvrons la source, nous-nous apercevons parfois qu'elle n'est pas si claire qu'on l'imaginait...

Mais je peux me tromper...

Jean-Yves

les ptits bonheurs a dit…

Qu'un enseignant ose faire ce geste aujourd'hui serait lui assurer les foudres de toute la société qui a si peur de tout aujourdhui ! Pourtant cet instituteur t'a aidé a trouvé ton chemin.
La prise de risques ne fait plus partie des enseignements d'aujourd'hui. Si l'on en croit et en suit les Instructions Officielles, les écoles sont aujourd'hui des lieux de cocooning où l'on apprend ce que tu écris dans ton message "Aller loin"!... Là je m'éloigne du sujet de ce message alors j'y reviens. Pour moi, l'eau est un lieu de plaisir, de légèreté, de ptit bonheur. Bien heureux celui qui sait s'y laisser aller. Et c'est un milieu où je me sens merveilleusement bien. Ici, en Lorraine, nous avons un lieu qui s'appelle Villa Pompéi, espace dédié à tous les bienfaits de l'eau thermale. C'est magique.

Isabelle a dit…

Premier plongeon ;
à honorer, à répéter, à exercer.
Premier plongeon ;
à recommencer, à améliorer, à apprécier.
Pour que les suivants deviennent oeuvres d'art ;
pour que le dernier se fasse saut de l'ange.

les ptits bonheurs a dit…

Joli poème. Le dernier vers laisse beaucoup d'interprétations possibles. Merci.

Mingingi des prairies a dit…

Que de souvenirs, à la lecture de ce texte, l'odeur de chlore, la couleur de l'eau des piscines qui m'a toujours fascinée...je trouve que tu restitues magnifiquement l'ambiance des piscines.

Anonyme a dit…

Et de ce milieu, dans lequel tous les enfants ont commencé à grandir quelques mois, dont ils n'ont "naturellement" aucune appréhension, c'est ainsi que faisant preuve de courage, de compétence et de responsabilité, certains « pédagogues », ne prenant aucun risque pour eux-même, fabriquent la majorité des phobies de l’eau, que bon nombre d'éducateurs des activités de l'eau essaient pendant très longtemps de réparer...
Jean-Yves

Anonyme a dit…

Personnellement, j'ai vécu une expérience similaire: le chlore, le froid, la masse impressionnante d'eau, l'indécision, le plouf forcé, la tasse bue .... mais cela ne m'a libéré de rien. Cela a provoqué un blocage qui m'a empêché d'apprendre à nager. C'était en 6ème. Depuis j'ai appris car j'aime le contact de l'eau, mais j'ai du mal à m'immerger dans des eaux "profondes"; si je tente de nager, au bout de 2mn je tétanise et j'ai des crampes.
La méthode autoritaire et radicale "c'est là le chemin, ne cherche pas ailleurs" ne m'a pas convenu.
Et pour le chemin spirituel, doit-on attendre de s'en laisser imposer un, ou doit-on chercher ici et ailleurs pour se trouver le sien propre?

Isabelle a dit…

Le Chemin est fait des pas de celui qui chemine.
Connu ou anonyme,
toujours il est libre ;
toujours il est unique.
Pourvu que le Chemin conduise
à la Joie et à l'Amour.

Christian a dit…

Merci pour vos réactions.
J'ai conscience que si dans mon vécu cette intervention de l'instituteur a été une libération, dans d'autres situations cela peut se révéler catastrophique. Trouver la juste mesure est un exercice délicat !

Rhapsodie a dit…

J'ai eu la même expérience qu'Anonyme et pourtant, j'ai toujours aimé l'eau, j'ai même suivi des cours d'aquaphobie pour m'affranchir de la peur.... Et je ne pense pas que "se jeter à l'eau" dans l'autre sens du terme débouche forcément sur une libération, ça peut, ou non, ce n'est pas une règle générale.

dimitri a dit…

Au oui,interessant: ce qui paraît initialement l'épreuve la plus grande?
...simplement y aller !
Ainsi le courage est la.

Se qui me faisais peur plus que l'eau,c'était l'humain.
Qu'un milieu puisse être,
Selon moi a l'époque,
Si peu chaleureux,mince!
Nul chaleur dans les couleurs choisies(bleu),dans les formes(carre),dans les sonorités jugées convenable(échos saturés),que les humains puissent construirent cela ne me rassurais pas du tout.
Et puis les méthodes apparemment sans douceur,
quelle misère effectivement .
Les jours de piscine je sentais que l'existance,la mienne qui plus est,était misérable .

La solution en effet,est juste d'y aller
Et tout est simplifié.