début de ce blog - 24 décembre 2008

Le divin rencontre l'humain, le céleste fait du terrestre son nid,
l'essentiel allume ses lumières aux fenêtres de l'existentiel… Une histoire de naissance !

jeudi 9 avril 2009

Les pieds

Ils sont bien plus que de simples appuis rendant possible notre station debout. Ils sont autre chose que le moyen de notre locomotion. Ils sont l’incarnation de notre lien à la terre, le rappel de nos origines et de notre fondement. Et le premier constat c’est que notre culture les a enfermés dans la chaussure. Besoin de protéger, bien sûr, mais comme souvent la protection finit par devenir enfermement. Et nous voici à les ignorer quand ce n’est pas les mépriser.

Les pieds avec leurs cinq doigts, leur talon et le galbe de la voûte plantaire, traduisent un rapport à la vie. Ancrage, propulsion, équilibre, instabilité, freinage, incertitude… Les observer renseigne sur nombre d’attitudes face à l’existence. Au repos, ils incarnent raidissements ou ouvertures. En marche, ils reflètent l’élan ou la retenue. Et à ce titre ‘connaître’ ses pieds est une voie de la connaissance de soi. Mais qui y prête à ce point attention qu’il prend par eux conscience de sa façon d’être au monde ?

Osons regarder. Osons toucher. Comment suis-je avec mes pieds ?… Un exercice très profitable, sans aucune prétention, c’est de laisser un(e) ami(e) ou mon conjoint me les masser. Et vivre ce moment en pleine écoute de tout ce qui réagit ou se dit. Et apprendre des tensions ou des relâchements excessifs ce qu’il en est de mes désirs et de mes frustrations, de mon potentiel exprimé ou refoulé. Il y a tant de douleurs occultées dans nos pieds, et ce sont nos racines. Alors les soigner c’est à coup sûr dénouer autant d’énergies bloquées.

De l’état de nos pieds découle notre démarche. Sur le plan du corps, mais aussi sur le plan de l’esprit. Aujourd'hui repartons de bon pied !

mercredi 8 avril 2009

Justice - Justesse

Les deux mots se côtoient dans mon dictionnaire. Pourtant la distance qui les sépare dans nos vies est parfois sidérale. Car s’ils se réfèrent tous les deux à ce qui est juste, ils le font selon une dynamique et en fonction de critères très différents.

Dans le cas de la justice, il s’agit de se soumettre au Droit qu’il soit divin, naturel ou issu de la société humaine. Et c’est le strict respect de cette norme qui sépare le juste de l’injuste. Un même Droit pour tous, une même application de ce Droit à tous, procure un sentiment d’apaisement dans la mesure où cela nous met à l’abri de l’aléatoire. L’époque actuelle avec ses scandales à répétition qui sont tous peu ou prou articulés autour de passe-droits, menace l’équilibre de notre société. Et cela d’autant plus que notre monde n’a pas besoin que de justice égalitaire (la même chose pour tous) mais aussi de justice distributive (à chacun selon son besoin). Ainsi rendre la justice est une bien noble mais bien difficile tâche.

En ce qui concerne la justesse, il s’agit cette fois de se conformer au mieux à la finalité de l’action engagée. Trouver le geste exact, la parole pertinente qui donne à une intervention toute sa force et sa valeur. Être dans l’authenticité et la vérité face à une situation ou une personne. Agir avec toute la précision qui permet d’amener un résultat fiable. Cela demande au préalable d’être au clair avec soi-même, d’avoir traversé bien des illusions ou des apparences. Cela demande surtout de savoir renoncer aux avantages que procurent sur le court terme les petits arrangements pour préserver l’image de soi aux yeux des autres. Alors il devient possible d’être juste, dans le sens de juste à temps ou juste à propos, et c’est une bien précieuse contribution.

Notre monde est en difficulté. Je me demande souvent si c’est le manque de justice ou le manque de justesse qui le pénalise le plus. Peut-être avez-vous envie d’exprimer votre sentiment à ce sujet ?

mardi 7 avril 2009

Remède

Dame nature nous offre avec générosité tant de manières de nous soigner. Et depuis toujours les hommes ont tenté d’observer comment les plantes en particulier pouvait apporter le soutien ou le soulagement espéré. En les préparant de différentes manières, en potions, onguents, décotions, macérations… ils ont découvert peu à peu leurs vertus et comment ces vertus pouvaient être transmises à l’humain. Beaucoup de tâtonnements, d’infinies explorations ont conduit nos ancêtres à mettre au point ces remèdes, et leur bon usage. Un savoir et un savoir faire complexes qui demandent des années d’initiation plus que de formation. Car ici la connaissance est conscience.

les derniers citrons dans nos jardins

Est venu le XVIIe siècle et sa table rase. Au nom du rationalisme naissant, on a décidé de jeter aux orties tous les acquis traditionnels. On allait conquérir la maîtrise de la vie à coup de formules mathématiques et chimiques. Les résultats ont été éblouissants, tellement que nos yeux n’ont su voir l’ombre obscure qu’ils projetaient au loin. Les médecins sont devenus les servants d’une science qui cherche désespérément sa conscience. Les bénéfices devenus surtout financiers, renâclent à regarder en face et à assumer les pertes de santé engendrées. Et aujourd’hui on s’interroge « comment tout cela va-t-il pouvoir continuer ? ».

Je traîne avec moi depuis deux semaines une mauvaise toux. Après la phase grippale que j’ai soignée au mieux avec à peine 3€ de granules homéopathiques, j’ai manqué d’attention envers mon corps et je n’ai pas perçu que mes bronches fragilisées étaient devenues sensibles aux allergènes de ce printemps. J’ai donc tardé à réajuster les remèdes. Dommage. Pourtant voilà une illustration de ce qui nous guette en permanence : avancer non pas à l’écoute de la vie, mais appuyés sur nos habitudes et nos certitudes.

samedi 4 avril 2009

Secret et mensonge

C’est un sujet difficile. Pourtant on ne peut y échapper. Qui n’a pas ses secrets ? Qui n’a pas inventé ici ou là un mensonge ? Lorsque les parents amènent leur enfant, en poussant de vertueuses protestations et en dénonçant le comportement inacceptable de leur progéniture, on aimerait pouvoir leur mettre sous le nez toutes les petites ou grandes tricheries de leurs vies, et les inviter à plus de modération. Mais cela n’aiderait pas. Il est bien plus utile d’aller chercher, comme pour tout comportement d’ailleurs, la fonction de celui-ci, et d’expliquer en quoi il s’agit d’une tentative de satisfaire un besoin essentiel. Or pour le mensonge, quand il apparaît vers 8-12 ans, la réponse est claire. « Bonne nouvelle, votre enfant est en train d’explorer la possibilité d’avoir son espace psychique à lui. Si cela ne se produisait pas, je serais franchement inquiet pour lui ! ». Voilà de quoi jeter un nouvel éclairage, sur un acte tant fustigé par la morale.

Alors du mensonge il convient d’évoluer vers le secret. Lui qui consiste pour l’adulte à faire le choix délibéré de garder certaines réalités pour lui, sans les partager à l’autre. C’est une décision à exercer en conscience, en sachant qu’elle peut nuire ou pénaliser. Mais c’est un acte de responsabilité, auquel on ne peut renoncer qu’au prix d’une régression. Le « je veux tout te dire, ne rien te cacher » qu’on entend régulièrement dans le discours amoureux, n’est ni plus ni moins qu’un retour à une position infantile. Tout comme d’ailleurs, un peu plus tard, les mensonges sensés escamoter la réalité de l’infidélité ! Qu’il est difficile de s’assumer sans blesser, de rester soi-même sans nier l’autre.

Car le maniement du secret est aussi un acte de pouvoir. Je sais quelque chose que tu ne sais pas, c’est de fait se trouver face à l’autre en position haute. Il n’y a qu’à penser au secret médical. Et lorsque la personne détentrice de ce savoir cède au « je sais quelque chose, mais je ne te le dirais pas », on se retrouve dans le champ de la manipulation. Combien de fois avons-nous usé de ce stratagème pour tenter d’exercer une influence sur celui ou celle qui semble avoir pris sur nous un trop grand ascendant ? Ne serait-ce que la femme trompée qui fouille dans le portable de son homme et cherche à lui faire avouer son crime en déclarant « de toute façon je le sais… ». Ah secret, qu’il est difficile de faire bon usage de toi.

vendredi 3 avril 2009

Humus

Que seraient nos sols sans humus ? Un substrat neutre et sans vie, menant très vite à la désertification de notre planète. Car ce composé organique mélangé à la base argilo-calcaire de nos terres, les transforme en véritable éponge qui retient l’humidité, mais aussi en un milieu riche d’innombrables micro-organismes et oligo-éléments sans lesquels rien de vivant et de sain ne pousse. Or le constat formel c’est que l’exploitation intensive de nos terres à base d’intrants chimiques et de pesticides auxquels on ajoute le lessivage par l’irrigation massive, conduit à sa disparition progressive. Il y a de quoi s’inquiéter pour le proche avenir.

la plus belle offrande

L’humus, c’est aussi en latin la racine de l’humilité. Pas étonnant, dans une société qui en manque sérieusement, que nos sols s’épuisent. L’orgueil dans sa volonté de domination nous entraîne inéluctablement vers le désert. L’humilité, elle, nous ramène vers la terre, vers cet obscur espace de transformation où la décomposition de toute forme du vivant se prépare à nourrir la forme nouvelle qui veut émerger. Le vecteur fondamental en est l’offrande. La vie s’abandonnant à la vie, par la mort et par la régénération, par l’effacement et la résurrection.

L’humus, c’est encore en latin la racine de l’humain. C’est pourquoi il n’y a pas d’humanité sans les mains dans la terre. Et quand on observe l’urbanisation galopante qui engloutit champs et jardins, il n’y a pas besoin de s’interroger longtemps sur la déshumanisation en cours. J’ai eu la chance d’assister à la création d’un vrai compost dans mon jardin, par un ami qui applique à cela les règles de la biodynamie. J’ai recueilli la tendresse et la fécondité du terreau qui en est sorti avec son odeur suave de sous-bois. J’ai vu et j’ai touché l’humain.

jeudi 2 avril 2009

Face à face ?

Jour après jour, Toi qui régis ma vie, me tiendrai-je devant Toi

Face à face ?

Les mains jointes, Toi qui régis tous les mondes, me tiendrai-je devant Toi

Face à face ?

Sous Ta voûte immense, en solitude et en silence, le cœur empli d’humilité, me tiendrai-je devant Toi

Face à face ?

Dans ce monde de labeur qui est le Tien, tourmenté et mouillé par la sueur du combat quotidien parmi les foules trop pressées, me tiendrai-je devant Toi

Face à face ?

Et, lorsque mon travail accompli, mon temps venu ici bas, Souverain des souverains,  me tiendrai-je seul et sans voix devant Toi

Face à face ?

Rabindranath Tagore

mercredi 1 avril 2009

L'échelle et l'oignon

En étudiant les textes sacrés de différentes traditions, en observant attentivement le parcours de vie de nombreux ‘chercheurs de Dieu’, en écoutant mon propre vécu je suis parvenu petit à petit à la conclusion qu’il y avait deux façons de considérer le chemin spirituel. L’une correspondant à une élévation progressive de l’humain vers le divin, l’image en est l’échelle. L’autre s’inscrivant plutôt dans un itinéraire vers le centre, on pourrait l’associer à l’épluchage de l’oignon. De la première, je retiens des individus qui voulant faire l’ange se sont retrouvés à faire la bête, et quelques êtres d’exception qui sont comme des fenêtres ouvertes sur une autre réalité, mais dont on doit généralement reconnaître que si toute l’humanité vivait selon leur modèle, il n’y aurait personne ni au four ni au moulin.

De la deuxième, j’ai noté qu’elle conduit à des états moins éblouissants, mais à des façons d’être au monde dont le rayonnement n’a d’égal que la profonde humanité. Ces personnes-là restent accessibles par leurs failles et faiblesses, et la vérité qu’elles dispensent n’est que justesse du vécu au quotidien. Si l’on considère ces deux voies du point de vue des portes énergétiques appelées ‘chakras’, il s’agit dans le premier cas de monter graduellement du rouge au violet, et si possible au-delà… Dans le deuxième cas, il s’agit de relier et d’équilibrer le rouge et le violet (sexualité et spiritualité), l’orange et l’indigo (plaisir de soi et conscience des autres), le jaune et le bleu (affirmation de soi et communication) pour finalement aboutir au vert (le coeur), ultime ouverture à l’Essentiel.

Quand je considère la somme des larmes que j’ai pu verser depuis le commencement de mon parcours, je me dis que j’ai sans doute choisi d’éplucher l’oignon J.