début de ce blog - 24 décembre 2008

Le divin rencontre l'humain, le céleste fait du terrestre son nid,
l'essentiel allume ses lumières aux fenêtres de l'existentiel… Une histoire de naissance !

samedi 28 février 2009

Et alors ?

Elle est venue me voir. Après bien des quêtes et toutes sortes d’errances. Enfermée dans sa souffrance, et pourtant habitée du puissant désir de se libérer. Et cette libération, elle devra la conquérir de haute lutte, dans un combat contre les structures aliénantes héritées de son environnement familial, en allant connecter très loin des ressources pour elle encore insoupçonnées. Et nous avons travaillé ensemble, dans une confiance grandissante, cette confiance sans laquelle dans ce domaine rien n’est possible.

Et un jour, de patiences en patiences, est venu l’impulsion qui allait briser le verrou de sa prison. Face au ‘Léviathan’ des profondeurs obscures qui toujours la menaçait dès qu’elle voulait oser vivre, je l’ai aidée à se forger l’épée à deux tranchants qui délivre de tous les monstres. Elle porte le joli nom de « ET ALORS ». Quoi que vous fassiez, quoi que vous rencontriez sur votre route, poser l’irréductible question : « et alors ? », et vous passez votre chemin.

Aujourd’hui, elle revit. Doucement. Petit à petit. Elle a accepté d’inscrire « et alors » sur tout ce qu’elle touche de ses mains, de son regard. Elle l’a fait vraiment, concrètement. Les quelques images présentées ci-dessus en témoignent.  C’est son combat, c’est sa victoire. Et je l’en remercie du fond du cœur.

vendredi 27 février 2009

Courage

Cela arrive. Aucun courage. Aucune énergie. Aucun élan. Et la journée se présente comme une difficulté insurmontable, comme un slalom impossible entre des tâches qui paraissent toutes inaccessibles. Que faire ?

On voudrait racler les fonds de tiroirs, aller chercher à la naissance du puits le petit peu qui reste encore tout en bas, et le ramener à la surface. Mais cette fois, non. Ce ne sera pas réalisable. Les coups de pied aux fesses qu’on se donne dans les moments de faiblesse n’ont pas d’effet, et toutes les bonnes résolutions par lesquelles on parvient encore à se contraindre -même quand c’est difficile- ne produisent ici aucun résultat.

Alors, vide de tout, et vide de soi-même, on pose un simple geste. Un geste sans courage. Un geste perdu dans l’océan des possibles. Et on observe. De ce geste presque dérisoire émane comme une onde. Et c’est le geste qui devient source. De lui naît l’élan minuscule qui conduira au suivant. Et de geste en geste, la vie renaît, sans courage, mais bien vivante. Et c’est l’étonnement, d’un tout nouveau commencement. La joie, au-delà de tout courage.

jeudi 26 février 2009

Fruit

Il en a fallu du temps et des efforts conjugués. Entre le bourgeon du printemps et la fleur qui vient ensuite. Puis la complicité de l’abeille et du vent. Et tant d’épreuves et de danger à traverser. Le froid. La pluie, quand elle ne vient pas au bon moment ou trop violemment. La chaleur, si elle est trop sèche ou trop ardente. Et la main experte de l’arboriculteur qui taille, nourrit et protège, et finalement cueille à juste maturité…

l’aura de la Vie, version fruit

Ce fruit partagé et déposé sur mon bureau par ma collègue, m’invite à la méditation. Son parfum qui se répand dans l’air tout alentour, vient habiter mon âme. Et sa contemplation me raconte intérieurement un si long parcours qui me concerne si intimement. Être vivant c’est s’inscrire dans ce processus qui va de la racine au fruit, de la germination au plein épanouissement, et après lui, bien sûr aussi au lent déclin jusqu’à la disparition. Et aujourd’hui devant moi c’est « fruit », et je me laisse porter par tant de joie et d’abondance. Quel bonheur !

En vous le racontant, j’aimerais vous en transmettre un peu sa grâce. Et vous souhaiter pour ce jour, quel qu’en soit le cours, de vous sentir vous aussi vivant.

mercredi 25 février 2009

Les mots

Ils sont dans nos bouches comme des notes de musique. Et savoir en jouer correctement est tout un art. Mais souvent nous nous contentons d’en user d’une façon très approximative qui frise la cacophonie, et nous nous étonnons alors qu’il y ait si peu d’harmonie dans nos existences. Car il y a des mots qui vont bien ensembles, et d’autres qui désespérément ne sont pas faits pour cohabiter. Même si nous cherchons à les marier chaque jour.

Je retiendrais ici ‘les cinq opérateurs modaux’ qui ne disent rien de nos actions mais qui en précisent les modalités. Exemple : la proposition « manger sa soupe » peut être déclinée en : ‘j’ai envie de’ manger ma soupe, ‘je peux’ manger ma soupe, ‘je veux’ manger ma soupe, ‘je dois’ manger ma soupe, ‘il faut que’ je mange ma soupe. La soupe est toujours la même. Pourtant l’expérience que j’en fais dans ces cinq modalités est très différente. Alors il est temps de m’écouter parler, et de vérifier si j’utilise les bons accords.

C’est étonnant de prendre conscience au courant d’une journée combien de fois je défais dans une même phrase ce que j’essaye de faire. Exemple : « il faut que je me détende » ou « je veux lâcher prise », il serait sans doute plus pertinent de dire « j’ai envie de me détendre » et « je peux lâcher prise ». Nous avons cinq doigts à une main, alors il est facile de se souvenir de ces cinq-là, pour réaliser un petit bilan personnel. Mais au-delà de ceux-ci, tant d’autres ‘fausses notes’ peuvent paralyser nos plus belles générosités. Courage !

mardi 24 février 2009

Partir

Qui n’a pas rêvé un jour de partir ? De tout quitter, de s’éloigner, pour trouver « un ailleurs où je pourrais enfin m’épanouir », pour aller vers d’autres horizons où il serait enfin possible de vivre la vie qui nous convient ?

Cette aspiration quasi universelle comporte deux faces. Cela peut être la chance d’un renouveau, l’occasion de s’extraire d’un environnement dont les habitudes sont devenues un véritable carcan, la possibilité de recréer une saine respiration par laquelle la vie se met à nouveau à circuler. Cela peut être aussi -on le sait bien- une fuite, la poursuite d’une chimère, le refus d’aborder les vraies difficultés qui sont à l’intérieur et non à l’extérieur, et que l’on emporte avec soi où que l’on aille.

vers de nouveaux rivages

Alors partir …et puis revenir ! C’est encore la chance d’un autre enseignement. Prendre de la distance un temps, et avec ce recul mieux voir et mieux comprendre de quoi ma vie est faite. On connaît si mal l’endroit où l’on se trouve.

Le départ des amis est aussi l’occasion de s’interroger, de sonder nos peurs et nos motivations, pour partir ou pour rester. Souhaitons bonne route à Anne qui dans quelques jours se rendra en Inde pour un long voyage. Par la magie d’internet, elle restera peut-être en contact. « Et dans ton sac, rapporte-nous un regard renouvelé sur toi-même et sur le monde !»

lundi 23 février 2009

Le comédien

La pièce se termine. Les spectateurs quittent le lieu. Une fois encore il a voulu donner de lui-même pour faire vivre l’œuvre et le texte qui la porte, sa pensée et sa sensibilité. L’engagement fut réel. Bien que ‘la première’ soit loin, il a laissé venir cette part de stress qui accompagne généralement une belle performance. Et le résultat a conquis. Son interprétation a plu. Véritable dialogue à trois, entre auteur, metteur en scène, et comédien, c’est bien cette alchimie que le public a applaudie.

Nous nous donnons rendez-vous à la sortie, pour bavarder un peu. Le bistrot d’en face sera la nouvelle scène. Et cette fois la pièce c’est sa vie. Il en assure pour le coup à la fois l’écriture, la mise en scène, et l’interprétation. Et c’est amusant de constater combien son ‘métier’ lui colle à la peau. Mes questions et mes remarques deviennent comme les échos lointains d’un bon public. Alors il poursuit. On aurait presque du mal à l’arrêter... si le public à la fin ne montrait quelque signe de lassitude.

On se quitte sans s’être vraiment rencontrés. Sans importance. C’est juste une très belle illustration de cette réalité : la vie comme un grand théâtre dans laquelle nous évoluons comme des comédiens. Qui voudrait faire l’entracte ?

dimanche 22 février 2009

Gestation(2)

Les auteurs s’accordent de plus en plus pour considérer que la gestation psychique débute vers 6 semaines de vie fœtale (ébauche des structures neurales constitutives de la mémoire) et s’achève autour de l’âge de 6 ans. À cette période succède la deuxième, qu’on appelle phase de latence, qui va jusque vers l’âge de 12 ans, et durant laquelle le psychisme bénéficie d’importants mécanismes de protections pour permettre à l’enfant de se rendre disponible en direction des apprentissages fondamentaux de la vie sociale, lire-écrire-compter-réciter… Puis viendra l’adolescence, première tentative inconsciente de remaniement des éléments psychiques fournit par la petite enfance… etc.

ébauche d’une incroyable architecture

Une des principales fonctions qui s’élaborent durant cette période de gestation, c’est le rapport à soi-même. L’enfant en s’imprégnant des attitudes et comportements de l’entourage à son encontre -et bien sûr prioritairement de ses parents- se construit peu à peu une représentation de lui-même, avec laquelle il va entrer dans la vie consciente. Je vous laisse imaginer combien cette articulation sera déterminante pour son devenir. Si ce rapport à lui-même comporte négation, rejet, critique excessive, méfiance, violence, incertitude, incohérence, abandon… il engagera son parcours avec autant d’handicaps. Toutes choses qu’il lui faudra réexaminer et tenter de corriger une fois devenu adulte.

Les précautions généralement admises pour la gestation physique, devraient s’accompagner d’un minimum de repères pour le suivi de la gestation psychique. Mais je constate que notre société ‘développée’ préfère de loin s’émouvoir face à la malnutrition et l’état sanitaire des pays ‘en voie de développement’ !