Une amie m’écrit : « Voilà ce qui s’est passé aujourd'hui : mes filles et quelques-unes de leurs copines ont trouvé un sphinx du tilleul et m'ont posé quelques questions sur les papillons de nuits. C'est là que ma ‘grande’ m’indique que deux enfants de son école s'amusent à écraser les papillons à coup de cailloux et me demande pourquoi ils font ça. Je lui réponds que lorsque certaines personnes ne connaissent pas quelque chose ils en ont peur et le détruisent au lieu d'essayer de le découvrir. Nous avons alors trouvé un endroit tranquille pour le papillon. Quelques minutes après, un jeune garçon qui jouait par là est venu l'écraser avec un caillou… Douloureux moment pour moi que de passer de l'émerveillement de ces petites filles si attentives à la vie, à la vision de ce jeune garçon détruisant avec autant de facilité non seulement la vie, mais aussi le respect de ces fillettes envers cet insecte. C'est probablement très anodin, et pourtant pour moi c'est terrible, un résumé de l'humanité. »
mystère d’une forme de présence
Ce partage m’a beaucoup touché. Et j’ai réfléchi. L’idée d’une humanité méchante -surtout incarnée par des enfants- me dérange. Et j’ai pensé au réveil, un vrai qui faisait tic-tac, que j’ai voulu un jour démonter pour explorer son fonctionnement. Et puis impossible de le remonter ! La connaissance comporte deux voies : celle de l’analyse et de la dissection, et celle de la rencontre et de l’émerveillement (voir le billet
Rencontre). Depuis trois siècles notre société a mis l’accent sur la première. Jusqu’à découper l’atome, jusqu’à segmenter les chaînes de l’ADN pour tenter de les recombiner d’une façon nouvelle. Et cela nous a permis des progrès technologiques fabuleux. Qui pourrait refuser d’un bloc toutes ces avancées et le confort de vie qu’il a engendré ? Pourtant nous en voyons de mieux en mieux tous les excès, lorsque connaissance rime avec destruction. Alors il est temps de rééquilibrer ces deux voies, et de renouer avec la beauté et l’étonnement, sans rejeter la science et la compréhension. Et que les filles donnent la main aux garçons pour s’encourager mutuellement à trouver la voie d’une plus juste connaissance.
6 commentaires:
Et que les filles prennent la main des garçons pour les emmener au Pays des Papillons !
Superbe texte, Christian. Merci
Isabelle
Tiens, ça me rappelle quelque chose, l'année dernière j'ai surpris un ami en train de s'amuser, avec son petit-fils a écraser des insectes, j'ai trouvé ça affligeant, car les enfants ont tendance à s'en prendre aux animaux assez facilement, je crois, et je sais de quoi je parle ayant grandi dans une ferme, entourée d'animaux, j'ai honte du comportement que j'ai pu avoir avec certains, mais en grandissant j'ai changé, notamment par que des adultes m'ont ouvert les yeux. Et c'est ça qui m'a choqué avec avec cet ami son rôle de grand père aurait dut être d' apprendre à son petit-fils le respect de la vie.
Cela me rappelle aussi le témoignage de l'écrivain Bernard Clavel, qui m'avait beaucoup touché, il racontait que enfant il avait trahi la confiance d'un chat en le livrant à des camarades qu'il savait violents et qui l'ont tué à coups de pierres, devenu vieil homme ce souvenir le hante encore... Pour conclure j'ai proposé un autre jeu au petit garçon et réussi à retourner la situation par la rigolade : et si on s'amusait à sauver les insectes des "griffes" de ton grand-père, tu ne crois pas que ça serait plus intéressant comme jeu ?
J'ai découvert un petit instrument très sympa pour ne plus détruire les insectes qu'on ne trouve pas forcément sympa, style araignée, frelon, guêpe, mouche.... C'est la Hulotte qui le vend. On attrape la bestiole avec une sorte de petite trape, tout en douceur, et hop, on relâhce l'insecte dehors. C'est extra. Pour les enfants, ça permet aussi d'observer sans tuer. ça s'appelle un attrape-bestiole et ça vaut 11euros.
http://lahulotte.fr/snapy.php?osCsid=d73616tf00r7vc1c2ue5balk91
Quant à la méchanceté des enfants, je n'y crois pas. Ils peuvent être le reflet d'un monde adulte que l'on n'apprécie pas, pas méchants. Nous sommes là pour montrer aux enfants, non? Ils prennent ce qu'ils veulent. Montrons leur ce que l'on aime si l'on est sûr que c'est bien !
Tout ceci me rappelle un évènement qui a marqué mon enfance. Un de mes oncles, biologiste et naturaliste, nous expliquait tout un tas de chose sur les animaux et les plantes. Et j'adorais ça. Un jour qu'il était à la chasse il blessa une buse par erreur. Il l'a laissée agoniser le temps de venir nous chercher ma soeur, mes cousins et moi pour que nous abrégions ses souffrances. j'avais 12 ans et j'ai pris la carabine. Je l'ai eue en pleine tête, du premier coup.... Horrible moment que d'hôter la vie, j'en ai pleurer longtemps après. Pourtant, l'année suivante, j'ai trouvé une couleuvre que je la lui ai amené pour qu'il la dissèque et j'étais fascinée par ces mécanisme qui lui permettait de vivre.
Aujourd'hui je connais la fascination qu'apporte la compréhension des mécanismes de vie , mais je sais aussi quelles destructions cela engendre.
Je connais aussi le sentiment de plénitude qui peut nous envahir lorsqu'on s'émerveille.Et j'ai choisi.
Peut être que si quelqu'un apprenait à ce jeune garçon le chemin de l'émerveillement il aurait le choix lui aussi...
"nous avons boulversé la terre d'un manière si violente,que nous avons reveillé la férocité des enfants "Sans Sang .Alessandro Barrico
Il y a des choses impossibles à remonter : le temps, le courant.. la chute... ça me démonte et pourtant toutes les pièces du puzzle sont là et je fais "comme si" il en manquait une !
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