début de ce blog - 24 décembre 2008

Le divin rencontre l'humain, le céleste fait du terrestre son nid,
l'essentiel allume ses lumières aux fenêtres de l'existentiel… Une histoire de naissance !

mardi 26 mai 2009

Tressés

Fétus de pailles en brins torsadés, en fils tressés par croisements et recroisements successifs, voilà des mains expertes du vannier l’assise réalisée, sur laquelle viendront se poser tour à tour le séant du maître de maison, celui des membres de la maisonnée, et à l’occasion de leurs hôtes. Cet objet ici si admirablement photographié par Jean, mérite qu’on s’y arrête. Car il est tout un enseignement, un rappel dont l’urgence s’impose à la folie de notre monde : rien ne serait possible sans l’étroite complicité de tous. Comment voulez-vous vous asseoir sur une paille ? Pourtant au travers de l’ingénieuse imbrication, ce qui est inaccessible pour l’un devient réalisable par l’ensemble. Et l’évidence de ce fait repose sous nos derrières, pendant que sur la table défilent plats et mets variés. Mais à l’heure du prêt à consommer qui sait encore considérer la sagesse de l’ouvrage artisanal ? L’attention nous manque, et nous glissons à la surface de ce qui pourrait être une belle leçon de choses…

L’individualisme est un pivot de notre société moderne. Il est économiquement plus rentable. Il est politiquement plus manipulable. Même religieusement je soupçonne certain d’y trouver une facilité coupable. Mais cette organisation contredit le fil de la vie. Car à bien la considérer tout y est continuité. De l’un à l’autre. De chacun à tous. Personne ne peut prétendre tirer son épingle du jeu à lui tout seul. Même le riche - que serait son argent sans les biens à acheter produits par ses frères ? Même le roi - que serait son royaume sans ses sujets qui chaque jour le font vivre ? Même le saint - son aura aurait-elle tant d’intérêt s’il n’était ses disciples pour l’aduler ? De l’humain aux animaux, des plantes aux minéraux, y compris les anges, les fées et les lutins, nous sommes tressés à l’Être. Et seul le sot pourrait croire qu’il n’en est rien. Qu’à épuiser la terre, il pourrait s’enrichir. Qu’à nier son prochain, il pourrait s’anoblir. Qu’à ignorer le tout, il pourrait gagner la partie. Mais vient le temps de retrouver l’art du vannier.

7 commentaires:

gazou a dit…

très belle photo en effet..Oui, souvent l'attention nous manque et la photo nous aide à mieux voir

Jean a dit…

Magnifique texte !
Du Saint Exupéry dans sa première partie .
Ce paragraphe pourrait s'insérer naturellement dans "Terre des Hommes " .

Du Saint Jean l'Evangéliste dans la seconde parie : "..nous sommes tous tressés à l’Être...." .

Ce qui me convainc que l'Etre peut être cherché à travers l'Amour des autres , l'oeuvre commune avec les autres , (symbole de la cène ) , mais également , d'une façon également authentique , au fond de soi même .

Chaque brin de paille est fondamental pour construire le tressage , mais la " matière " paille , le fondement de chaque individu brin de paille est l'Etre suprème qui se trouve au fond de nous .
Il est possible de chercher Dieu soit dans ses manifestations , l'Amour , soit dans sa nature au fond de nous .

Les Chrétiens privilégient le plus souvent la première solution , les Orientaux préfèrent la seconde .
Saint Jean de la Croix et Thérèse d'Avila également .

PS :As tu reçu mon mail du 19 mai ?

dimitri a dit…

L'Être dépend donc de tout
et de tous?

Dimi a dit…

Alors autant lui dévouer sa vie .

dimi a dit…

Recapitulons: L'Etre dépend a chaque instant du tressage composée de toute forme de vie.
Les formes prisent par la vie a l'instant T formant le tressage créer un Etre parmi les Etre possible.
(1 deduction: si on se réjouit a l'idée d'un monde plus armonieux,se diriger soi même vers une vie plus armonieuse est alors la solution)

Christian a dit…

Dimitri, l'Etre ne dépend de rien ni de personne. Mais il s'exprime au travers du tressage de toutes les formes, et chacun y participe pour sa part.
Alors oui, nous pouvons lui 'accorder' nos vies !

dimitri a dit…

merci