début de ce blog - 24 décembre 2008

Le divin rencontre l'humain, le céleste fait du terrestre son nid,
l'essentiel allume ses lumières aux fenêtres de l'existentiel… Une histoire de naissance !

mardi 13 octobre 2009

L'espérance

Elle avait perçu une bribe de conversation téléphonique, et cela lui avait suffi. « Vous êtes médecin ? » avait-elle demandé avec une petite voix douce, après une pause en silence et en s’assurant de ne pas déranger son interlocuteur. « Non, je suis psychothérapeute ». La réponse paraissait lui convenir, et sans chercher plus de bonnes raisons, elle s’est mise à parler de sa fille. Une fille qui va sur ses quinze ans. Mais malheur, vers l’âge de trois mois, celle-ci a fait des ‘convulsions’ qu’aucun médecin n’a pu expliquer. « Des convulsions de fièvre ? - Non, sans fièvre et sans aucun autre symptôme… ». Et de là tout a basculé. Aujourd’hui l’enfant devenue adolescente n’est pas propre et ne parle toujours pas. C’est une charge difficile à porter au quotidien. On le comprend aisément.

miroir de l'âme (photo de Jean)

« Pensez-vous qu’il y ait un espoir ? ». Question embarrassante, mais tellement naturelle. Quoi répondre ? Si les médecins ne savent pas, il paraît difficile de nourrir un espoir insensé. Peut-être d’autres médecines. Peut-être un peu de confort. Peut-être quelque progrès ou seulement un nouvel éclairage sur la situation. « Avez-vous essayé d’autres approches ? - Des amis m’en ont parlé récemment, je crois que je vais prendre un rendez-vous… ». Et la conversation se poursuit sur la situation familiale. Quatre autres enfants, à l’école ou au chômage. Un mari ouvrier. Les origines algériennes. La vie en France dans une petite ville lorraine. « Ce n’est pas toujours simple, mais on ne se plaint pas ». Le courage à l’épreuve de l’ordinaire, et quel courage dans ce cœur de femme et de mère !

« Vous aimez les dattes ? ». Elle voulait remercier, de ce qu’elle a reçu comme un privilège. Un bout de conversation, avec celui qui s’était assis à côté d’elle au hasard des réservations. Le temps de disparaître au bout du wagon, la voilà de retour avec un cornet rempli de ces fruits sucrés, comme vous n’en avez sans doute jamais mangé. Si moelleux et délicatement parfumés. Un bon kilo ! Pour quelques mots. Pour une oreille attentive aux déboires de la vie. Quelle générosité… et quelle leçon. En quinze années combien de fois a-t-on dû lui répéter que pour sa fille il n’y avait rien à espérer ? Et la voilà encore, et toujours, interrogeant cette fois un inconnu. Sait-on jamais… Si ce n’est pas l’espérance, alors je n’y comprends rien. C’est pourquoi j’aimerais aussi là confier, avec sa fille, à vos prières.

2 commentaires:

Laurence a dit…

bien reçu 5/5, je penserai encore longtemps à cette femme, et comme elle, je n'arrêterai pas de chercher une réponse, un espoir...recommencer toujours...

gazou a dit…

Mais elle n'a pas le choix, si elle cesse d'espérer envers et contre tout, elle s'écroule et alors qui s'occupera de son enfant ?