La philosophie classique nous a habitués à cette distinction. Et le droit de nos états républicains repose toujours sur elle : personne ne sera inquiété pour avoir eu la pensée de tuer son voisin -celui qui met la musique trop fort-, mais la parole d’injure proférée dans un moment de colère pourra être sanctionnée (en fonction de votre interlocuteur !), et de toute évidence l’acte d’agression commis contre un tiers tombe sous le coup de la loi et sera puni par le juge. C’est l’ordre dominant de notre culture. Le subtil a moins d’importance que le tangible. La priorité se trouve du côté du visible et du mesurable.

beauté d'une cohérence
Pourtant de tout temps des voix se sont élevées pour nous rappeler que la parole est le fruit de la pensée, et que l’acte découle de ces deux-là. Même l’expérience commune nous fait appeler hypocrisie un discours qui n’est pas le reflet de la profondeur du cœur comme un geste qui ne relaye pas l’état véritable d’une conscience. Mais chacun s’aperçoit facilement que si les comportements peuvent être disciplinés, si le langage sait être châtié -c’est déjà moins évident-, l’esprit lui est largement plus difficile à maîtriser. Pour certains, c’est le programme de toute une vie de parvenir à mettre un peu d’ordre à ce niveau. Et celle ou celui qui réalise cette prouesse sera volontiers perçu comme un sage.