début de ce blog - 24 décembre 2008

Le divin rencontre l'humain, le céleste fait du terrestre son nid,
l'essentiel allume ses lumières aux fenêtres de l'existentiel… Une histoire de naissance !

mardi 25 août 2009

Se perdre

Il y a différentes façons de vivre. Celles qui s’économisent, celles qui se dispersent, celles qui courent, celles qui s’épuisent, celles qui s’interrogent, celles qui assurent… et tant d’autres encore. Il en est une qui n’a pas trop les faveurs de notre monde, mais dont je fais parfois l’expérience : elle consiste à se perdre. Suivant la trace de l’inspiration, allant au gré des possibles, ouvrant le chemin selon son bon vouloir, j’avance jusqu’à ne plus savoir. Ne plus savoir quel est le projet, la motivation, la finalité, l’intérêt, la logique, et tout le reste. Ne plus savoir le vrai et le faux, le bien et le mal, le lumineux et l’obscur, et toute la cohorte de leurs semblables. Juste vivre ce qui se présente et s’offre. Vivre ce qui est là et puis se perdre.

Ces moments n’apportent pas vraiment de facilité. Car il s’agit de renoncer à bien des sécurités, et particulièrement à celle de la compréhension. La sensibilité se trouve en première ligne, sans la protection rapprochée du chien de garde qu’est le mental. Et quand la sensibilité est vive, le risque arrive à son comble. Pourtant ces vécus promettent une grande fécondité. Celle précisément d’échapper à tout ce que l’on sait d’avance, à tout ce que l’on croit déjà connaître, dont on pense avoir déjà l’explication raisonnable… pour laisser apparaître le neuf.

Il y a trois jours, je me suis perdu dans une telle aventure, entraînant cette fois avec moi plusieurs autres personnes. Adultes responsables, chacun pouvait se dédire. Mais quand le coeur parle à des cœurs ouverts, n’est-il pas difficile de résister ? Et nous nous sommes retrouvés, rencontre improbable, comme si nous avions chacun répondu à une convocation de la vie elle-même. Autour des œuvres d’une artiste née à Damas, en compagnie de son amie tchèque, accueillis par celle qui s’est longtemps interrogée sur ses origines, et son mari aux ascendants brésiliens, rassemblés par un alsacien accompagné pour l’occasion par une nîmoise. Tout cela dans un petit hameau du fin fond de la Drôme représenté par un de ses vétérans, instituteur à la retraite, âgé de 86 ans.

La journée fut belle. Étonnement belle entre nous. L’accueil, la joie, le partage, la confiance et la générosité, et puis l’émerveillement nous ont portés. Puis vint un minuscule faux-pas, et j’ai vacillé dans le doute. Et j’ai eu très mal. Je ne savais plus si j’avais commis le meilleur ou le pire. Et j’ai mis deux jours à m’en relever. Aujourd’hui je ne peux qu’espérer en la bonté des autres. Mais c’est peut-être cette vulnérabilité à l’autre qui est l’authentique voie de l’amour… Merci à tous, et à ce blog qui a permis cette folie.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Se perdre ? !!
Se perdre pour se retrouver... ou pour se trouver simplement tel que nous sommes.

Qu'est-ce qu'avoir mal ?
un faux pas ?

Il me semble que j'ai vécu quelque chose de similaire mais tu es si elliptique que je n'en suis pas sûre...

Et mon faux pas aux yeux de l'autre a fini par être un cadeau à mes yeux.

Qui blesse qui ?
Ne nous faisons nous pas beaucoup de choses nous même ?

Affectueusement

Véro

Christian a dit…

Bonjour Véronique,
Bienvenue sur ce blog. J'accueille ton affection qui ne sonne pas à mes oreilles comme une mauvaise casserole dans un vieux placard !
Avoir mal... c'est ressentir de la douleur : )
et j'ai bien conscience de ma responsabilité dans ce processus. Mais en attendant la rédemption, le funambule reste simplement humain...

catherine2 a dit…

Qu’est ce que se perdre pour une nature sensible, passionnée, impatiente ? « Ne plus savoir le vrai et le faux, le bien et le mal », livrer et donc se débarrasser d’une partie obscure de soi même qui aurait pu rester jardin secret ?
Comme véro, je pense avoir vécu quelque chose de similaire, à plusieurs reprises, parce que j’ai osé franchir la limite entre ma vie affichée et quelque chose qui était bien enfouie , que je me suis éloignée de toute cohérence et que j’ai choqué, dérangé. A chaque fois, sentiment qu’un ouragan balaye tout dans ma vie, que le ciel va me tomber sur la tête, sentiment de me perdre,..qui persiste jusqu'à l'échange, la compréhension avec l'autre concerné. Après vient la pleine conscience d’avancer à pas de géant …l’intelligence de la vie veille …. ! Bien à toi

Laurence a dit…

bonsoir Christian,
Je me nourris une fois de plus de tes paroles, et de la superbe musique que tu as sélectionnée pour nous.
Se relever après un faux-pas n'est-il pas plus beau que de ne jamais trébucher?
Et quand on est perdu, n'est-il pas plus sage de rebrousser chemin plutôt que de persévérer coûte que coûte? (cette dernière question est pour moi en ce moment)et je pense au petit poucet qui grimpe dans l'arbre pour voir plus loin...je vais essayer cette technique!

nathalie a dit…

Il me semble bien connaître ce sentiment. Non pas se perdre, à mes yeux, mais oublier toutes les barrières imposées par nos peurs et nos interrogations. Non pas le minuscule faux pas, mais un rappel à l'ordre de ces dernières. comme lorsqu'on est enfant, en train de jouer, d'oublier le temps, et que notre mère nous fait un petit signe parce qu'il est l'heure de passer à table.
je suis heureuse pour toi que ce moment n'est pas été furtif, même si cela signifie que le rappel à l'ordre est plus douloureux.

Ren a dit…

Votre billet m'a fait réfléchir à tous les moments où je me suis trouvé tout à fait perdu physiquement et spirituellement. J'ai toujours éprouvé le vertige, la peur, le dépaysement, la tristesse tout d'abord, et si j'avais de la chance, ce serait de comprendre et de me remettre les pieds sur terre.

Je ne veux pas contredire votre billet, mais même aujourd'hui j'ai bien noté qu'il y avait deux genres de blogues. Ceux qui décrivent ce qu'ils ont fait dans le monde, et ceux qui décrivent une vie errante voire à la dérive. Je me suis pensé que bien évidemment je fais partie au second genre. ça, je le sais absolument et ce n'est pas toujours gai.

Amicalement