début de ce blog - 24 décembre 2008

Le divin rencontre l'humain, le céleste fait du terrestre son nid,
l'essentiel allume ses lumières aux fenêtres de l'existentiel… Une histoire de naissance !

dimanche 6 septembre 2009

Médire

Mon intention n’est pas de dire du mal. Mais je me suis senti bousculé et malmené. Alors j’ai ce besoin de me défendre face à ce que j’ai vécu comme une agression, ou plus simplement encore j’ai besoin de dire ma douleur et ma peine. Et voilà que mon propos charge l’autre. Déjà il désigne son comportement comme injuste ou égoïste, mesquin ou borné. Et ce faisant, je me trouve pris au piège de la médisance car l’opinion de celui ou celle qui m’écoute est influencée par mon propos. Pourtant je ne souhaitais pas dénigrer, je cherchais seulement à ce qu’on entende ma difficulté…

Ce scénario vous est étranger ? Moi non. J’avoue que j’ai encore bien des fois tendance à prendre mon interlocuteur comme témoin de mon malheur. C’est peut-être parce que je vis trop seul, ou que je suis trop fragile. Toujours est-il que je cède à ce travers, et je n’en suis pas fier. Car au fond je prolonge ce que je dénonce, j’entretiens ce que j’aurais aimé ne jamais rencontrer sur mon chemin. C’est vraiment un comble !

Se plaindre à quelqu’un du mal qui m’a été fait est un mauvais calcul. Cela contribue à ce qu’une autre personne soit blessée qui à son tour en blessera une autre ? Et immanquablement un jour ce mouvement reviendra jusqu’à moi. Alors faut-il tout accepter sans rien dire ? Tout supporter sans broncher ? Être la parfaite victime qui se laisse piétiner sans réagir ? Qu’il est difficile au quotidien de résoudre ce dilemme. Je sais seulement, mais j’ai encore tant de difficultés à le mettre en pratique, que ce qui m’arrive me renseigne davantage sur ce que j’ai à clarifier en moi que sur la bonté ou la méchanceté de mon prochain.

9 commentaires:

Lilou a dit…

Le corps sur ce chemin me semble un bon guide:
Quelqu'un me marche sur le pied..la douleur se fait sentir pour que je le retire et disparait sitôt que l'équilibre est revenu en lui.
Le corps ne se plaint pas, ne crie pas sa peine, il prend la mesure de l'urgence immédiate et cesse cette urgence dès le retour à la normale.

Par contre notre tête s'accorche à la souffrance, la multiplie à l'infini, la partage sans cesse et ce faisant l'alimente.

Médire devient alors " mettre en mots une souffrance" quand le mot nous échappe.
Rien n'est intentionnel mais rien n'est neutre non plus..nous sommes simlement " perdus" ( hors de nous même).

Que faire ..
Juste crier, préciser où la douleur se pose, ce qui se passe en nous et prendre les mesures d'urgence pour qu'elle cesse.
L'autre dans tout cela n'est que
le simple véhicule du moment de cet "l'obstacle" qui nous a heurté.
Voilà ce que je m'applique à mettre en place au quotidien et que j'ai tenté d'exprimer avec les mots que j'ai trouvé .
Merci de ce texte .

Anonyme a dit…

Personne ne te bouscule ni te malmène. Tu as juste besoin de beaucoup d'aide pour passer du nourrisson à l'homme !

Lilou a dit…

Avons nous donc tous ce besoin d'aide pour passer du nourrisson à l'homme ?
Peux tu préciser cette aide, la manière dont tu la comprends?
Merci.

catherine2 a dit…

Comment mettre une limite à l'agression , il faut dire, répondre ... et oui certainement medire quand les mots manquent

car à choisir entre medire, fuir, s'enfermer, ou même excuser mieux vaut medire, c'est certainement ce qui peut faire grandir, parce que cela generera un retour, une explication et la possibilité enfin d'arriver à dire ...

Unknown a dit…

Peut-être que parler à l'autre en "je" pour exprimer ta difficulté ? ( le " tu" tue dit Jacques Salomé) . Il ne le prendra pas comme une attaque puisque tu ne "chargeras " pas l'autre. Juste que t'ouvres à lui en parlant de ta difficulté ! Je le vois comme une marque de confiance . Exemple : je me sens agacé quand je t'entends parler de cette manière ...au lieu de " tu m'énerves avec ton discours agressif " .
Ceci dit ,mon avis est que parfois il faut charger l'autre ...quand cela devient intolérable . Ou alors s'éloigner . Le corps bien souvent nous envoie ses signaux . L'attaque ou la fuite . C'est se respecter , je pense . Faut quand même pas devenir un Christ sur une croix ...( le christ oui , mais pas sur la croix , voilà ce que je dis souvent )

Je sais que tu sais tout cela . Et tu as raison que ce n'est pas évident quand il s'agit de le mettre en pratique . Alors surtout ne te reproches rien . Ce n'est pas simple les relations égalitaires . Au travers de ton blog, je perçois que tu cherches à devenir meilleur dans tous les sens du terme . Le monde ne s'est pas fait en un jour . C'est un processus.
Et si tu t'acceptais comme tu étais ? C'est un peu la conclusion à laquelle j'arrive après avoir tout retourné dans tous les sens : l'acceptation de ce qui est et avec ça faire que chaque jour je devienne meilleure dans ma relation à l'autre , mais pas m'en vouloir si je "faute" .
Se prendre par la main, comme on prend un enfant par la main ...pour avancer en douceur .
Cordialement .

Anonyme a dit…

"Partage tes joies et elle sera décuplée, partage tes peines et elle sera diminuée" On est humain et on a besoin d'être ensemble, comme dans les voeux du mariage : se soutenir dans le bonheur ou le malheur : vivre ensemble sans trop se prendre la tête.
Ingrid

Christian a dit…

Merci de vos commentaires particulièrement riches et fournis sur ce billet.
Le corps comme guide, chercher de l'aide, me-dire plutôt que médire, les progrès comme un chemin, rester humain... mille merci !
Et bienvenue à Julie et Ingrid.

Jean a dit…

J'ai vécu ce dilemme bien des fois .

J'avoue que je suis rarement capable d'aller jusqu'au bout de ma conviction : ce n'est pas l'autre qui m'agresse , c'est moi qui ne suis pas capable de relativiser .

Je suis rarement capable de maintenir longtemps cette distanciation , pourtant la seule vraie solution .

En veut on au chien qui aboie à notre passage ?
Il est facile , quand on n'est pas concerné par une situation , de trouver mille raisons pour ne pas donner d'importance à une agression , à trouver des tas de raisons de relativiser .
Dès que nous sommes impliqués , l'émotion est la maitresse de notre volonté , de nos choix qui ne sont plus de vrais choix .

philippe a dit…

Ouvre toi à ta vulnérabilité,mais sache aussi dire stop,quand la relation à l'autre est trop lourde.
Bon chemin.