début de ce blog - 24 décembre 2008

Le divin rencontre l'humain, le céleste fait du terrestre son nid,
l'essentiel allume ses lumières aux fenêtres de l'existentiel… Une histoire de naissance !

dimanche 25 octobre 2009

Pensée, parole, acte

La philosophie classique nous a habitués à cette distinction. Et le droit de nos états républicains repose toujours sur elle : personne ne sera inquiété pour avoir eu la pensée de tuer son voisin -celui qui met la musique trop fort-, mais la parole d’injure proférée dans un moment de colère pourra être sanctionnée (en fonction de votre interlocuteur !), et de toute évidence l’acte d’agression commis contre un tiers tombe sous le coup de la loi et sera puni par le juge. C’est l’ordre dominant de notre culture. Le subtil a moins d’importance que le tangible. La priorité se trouve du côté du visible et du mesurable.

beauté d'une cohérence

Pourtant de tout temps des voix se sont élevées pour nous rappeler que la parole est le fruit de la pensée, et que l’acte découle de ces deux-là. Même l’expérience commune nous fait appeler hypocrisie un discours qui n’est pas le reflet de la profondeur du cœur comme un geste qui ne relaye pas l’état véritable d’une conscience. Mais chacun s’aperçoit facilement que si les comportements peuvent être disciplinés, si le langage sait être châtié -c’est déjà moins évident-, l’esprit lui est largement plus difficile à maîtriser. Pour certains, c’est le programme de toute une vie de parvenir à mettre un peu d’ordre à ce niveau. Et celle ou celui qui réalise cette prouesse sera volontiers perçu comme un sage.

Il reste à mon sens que pensée, parole, et acte sont en étroite interaction, comme les facettes d’une seule réalité. J’observe depuis longtemps qu’un geste peut éveiller une parole et un état d’esprit, comme un discours nourrit de toute évidence une pensée. Alors c’est plutôt la cohérence des trois qui m’interpelle. Un comportement qui s’harmonise avec le propos de son auteur et sa vision de la vie me touche profondément. Inversement la pensée la plus sublime habillée du plus joli discours me laisse sur la réserve si le comportement qui va avec n’est pas au rendez-vous. Mais je suis sans doute bien trop exigeant !

dimanche 18 octobre 2009

Y en a marre !

Vous avez vu le dernier documentaire sur Arte à propos des déchets nucléaires. Vous avez entendu parler du Débat Public en cours autour des nanotechnologies. Vous suivez l’évolution des aliments génétiquement modifiés qui aboutissent qu’on le veuille ou non dans nos assiettes. Vous regardez les (rares) images des inondations en Afrique où en une nuit est tombé du quart à la moitié des pluies annuelles, changement climatique oblige. Vous restez informés de la campagne de vaccination qui débute le 5 novembre prochain dans les écoles, et désolé on n’aura pas le temps de prévenir les parents, mais le soir en rentrant vos enfants vous annonceront que tout est fait et que vous n’avez plus besoin de vous soucier de cette fameuse grippe - merci l’OMS, et tant pis pour les conséquences désastreuses imprévisibles…

Tout cela est OK. Mais à l’occasion de la journée mondiale de la faim, les bras vous en tombent : 1 milliard d’humains n’ont pas de quoi manger, 100 millions de plus que l’année dernière. Où est le problème ? Ben voyons, c’est juste que ce jour-là les bourses pavoisent, elles ont rattrapé leur niveau d’avant la crise et l’ont même légèrement dépassé. Yeah ! Les ‘traders’ se partageront 150 milliards de profits contre 140 milliards l’année passée. Circulez, il n'y a rien à becqueter pour les affamés du monde. Au passage 1 américain sur 10 est menacé d’expulsion de son logement, et chez nous le chômage a pris 2 points supplémentaires. Les enfants de nos enfants (s’il y en a encore) payeront la dette. No problem. Dormez tranquilles citoyens du monde, on s’occupe de tout.

Non, ce n’est tout simplement plus possible de continuer ainsi. Des voix s’élèvent. Après « Home » de Yann-Arthus Bertrand, c’est Nicolas Hulot qui nous a concocté « le syndrome du Titanic ». Allez voir le film, et surtout, surtout emmenez avec vous vos enfants, vos amis, vos voisins, vos collègues, pour pouvoir en parler. Ce qui nous paralyse face à de telles informations sur l’état de notre monde, c’est de n’en parler avec personne. Alors nous oscillons entre étouffer ces messages car ils sont vraiment trop anxiogènes, et déprimer car ‘je ne peux rien y faire’. Pourtant il nous est demandé aujourd’hui d’endurer cette réalité, de regarder, d’écouter, de parler, de ressentir ce qui se passe, et de nous laisser transformer. Intérieurement, vers une nouvelle conscience. Puis extérieurement et collectivement pour qu’émerge enfin une nouvelle manière de vivre.

Exploiter, polluer, dominer, profiter, manipuler, détruire… qu’on se le dise, c’est définitivement trop RINGARD !

mardi 13 octobre 2009

L'espérance

Elle avait perçu une bribe de conversation téléphonique, et cela lui avait suffi. « Vous êtes médecin ? » avait-elle demandé avec une petite voix douce, après une pause en silence et en s’assurant de ne pas déranger son interlocuteur. « Non, je suis psychothérapeute ». La réponse paraissait lui convenir, et sans chercher plus de bonnes raisons, elle s’est mise à parler de sa fille. Une fille qui va sur ses quinze ans. Mais malheur, vers l’âge de trois mois, celle-ci a fait des ‘convulsions’ qu’aucun médecin n’a pu expliquer. « Des convulsions de fièvre ? - Non, sans fièvre et sans aucun autre symptôme… ». Et de là tout a basculé. Aujourd’hui l’enfant devenue adolescente n’est pas propre et ne parle toujours pas. C’est une charge difficile à porter au quotidien. On le comprend aisément.

miroir de l'âme (photo de Jean)

« Pensez-vous qu’il y ait un espoir ? ». Question embarrassante, mais tellement naturelle. Quoi répondre ? Si les médecins ne savent pas, il paraît difficile de nourrir un espoir insensé. Peut-être d’autres médecines. Peut-être un peu de confort. Peut-être quelque progrès ou seulement un nouvel éclairage sur la situation. « Avez-vous essayé d’autres approches ? - Des amis m’en ont parlé récemment, je crois que je vais prendre un rendez-vous… ». Et la conversation se poursuit sur la situation familiale. Quatre autres enfants, à l’école ou au chômage. Un mari ouvrier. Les origines algériennes. La vie en France dans une petite ville lorraine. « Ce n’est pas toujours simple, mais on ne se plaint pas ». Le courage à l’épreuve de l’ordinaire, et quel courage dans ce cœur de femme et de mère !

« Vous aimez les dattes ? ». Elle voulait remercier, de ce qu’elle a reçu comme un privilège. Un bout de conversation, avec celui qui s’était assis à côté d’elle au hasard des réservations. Le temps de disparaître au bout du wagon, la voilà de retour avec un cornet rempli de ces fruits sucrés, comme vous n’en avez sans doute jamais mangé. Si moelleux et délicatement parfumés. Un bon kilo ! Pour quelques mots. Pour une oreille attentive aux déboires de la vie. Quelle générosité… et quelle leçon. En quinze années combien de fois a-t-on dû lui répéter que pour sa fille il n’y avait rien à espérer ? Et la voilà encore, et toujours, interrogeant cette fois un inconnu. Sait-on jamais… Si ce n’est pas l’espérance, alors je n’y comprends rien. C’est pourquoi j’aimerais aussi là confier, avec sa fille, à vos prières.

dimanche 4 octobre 2009

Conscience

L’autre matin à nouveau il m’a été donné de vivre une de ces expériences subtiles et assez furtives pour qu’il soit difficile d’en parler, et en même temps assez pénétrante et marquante pour qu’il soit impossible de l’oublier. Alors je cède à l’appel au partage que je ressens intérieurement, sans savoir si mon propos sera compréhensible. J’étais donc allongé sur mon lit, gagné par une sorte de pensée-méditation comme il m’arrive souvent, à propos de la vie et de ma vie en particulier. Besoin presque permanent chez moi de faire le point, d’évaluer le parcours, mais aussi de prendre de la hauteur. Et me voilà en un éclair projeté dans ‘la conscience de ma conscience’. Comment dire ? J’étais un instant une conscience beaucoup plus vaste qui ‘regarde’ la conscience de moi-même. La transcription visuelle de ce vécu serait comme le grand souffle du vent qui observe le tourbillon particulier qu’il forme dans la cour en faisant danser poussières et feuilles mortes. Et j’ai très nettement eu la sensation que la condition de l’existence était d’en rester à la conscience du tourbillon. Et le grand souffle disait comme l’urgence d’une perception infiniment plus large, sans s’attarder au devenir du tourbillon. Et en écho ‘ma’ conscience qui percevait qu’elle avait été affectée à mon existence sans pouvoir quitter ce ‘poste’ et puis cette question : « pourquoi faut-il rester scotché à un parcours quand le champ d’exploration est immense ? » et simultanément quelque chose répondait : « c’est ainsi pour le temps fixé ». Et j’ai pu quelques instants faire l’aller-retour entre la Grande Conscience et ma conscience. Et je crois que je préférais la Grande Conscience mais l’idée même d’une préférence n’avait pas lieu d’être…

Ce matin je retrouve quelques notes griffonnées il y a quelque temps sur une feuille : « La vie cherche quelque chose à expérimenter dans ma forme personnelle - je suis l’univers qui fait l’expérience de lui-même dans la forme particulière ‘Christian’ ». Quelqu’un peut-il comprendre ces mots ? Juré, je n’ai pas fumé la moquette, ce n’est pas mon genre.