début de ce blog - 24 décembre 2008

Le divin rencontre l'humain, le céleste fait du terrestre son nid,
l'essentiel allume ses lumières aux fenêtres de l'existentiel… Une histoire de naissance !

lundi 28 septembre 2009

Vigilance

Il y a des jours sombres où la menace plane. Celle que l’on ne voudrait jamais connaître. Celle que nos aînés ont pourtant croisée sur leur route. Celle que personne ne veut croire. Celle qui ne laisse cependant que regrets et remords quand il est trop tard. ‘Si seulement j’avais écouté ceux qui ont tenté de nous alerter’. Mais ce que l’on m’annonçait était vraiment trop énorme pour que je puisse l’imaginer. Trop inconcevable pour que je puisse poursuivre ma vie au quotidien. Alors je l’ai écarté. Du revers de la main, je l’ai rejeté hors du champ de ma conscience. L’éveil que cela impliquait paraissait trop inaccessible, l’effort que cela demandait de repenser ma vie et notre société trop démesuré. J’ai donc choisi, sans vraiment choisir, de l’ignorer. Et j’ai voulu que les choses restent ce qu’elles étaient, en refusant de voir ce qui venait.

Ombre morbide, surgie de nulle part, au commencement elle ternit si peu l’ordinaire, que rien n’y paraît. Alors on la laisse s’allonger, petit à petit, jusqu’à ce que d’un coup elle nous dévore. Cela avait commencé par le port d’une étoile jaune, cousue sur le vêtement. Fallait-il vraiment protester ? Désagréable, inconvenant pour certaines consciences, mais pas de quoi rompre avec la résignation des habitudes. Quand est venu le temps des regroupements pour emmener ces gens-là ailleurs, certains ont eu des doutes. De terribles doutes. Mais leurs évocations semblaient franchement trop extrémistes pour que l’on puisse leur accorder crédit. Il ne faut quand même pas se représenter le diable trop négativement ! Lorsque la fumée âcre s’est élevée des cheminées des camps où on les avait menés, il était trop tard…

Aujourd’hui, des informations nous parviennent qui demandent sérieusement réflexion. Impossible de se voiler la face. Les enjeux sont immenses. Difficile, très difficile, d’évaluer le bien-fondé de ce qui nous est transmis. Il est juste remarquable de constater que le questionnement qu’il suscite ne trouve aucune tribune officielle pour s’exprimer. Tout se passe dans l’intimité d’internet. Mais depuis peu sont relayées les versions scannées de documents officiels qui sont maintenant entre les mains de médecins, d’infirmières, de maires, d’employés de préfecture. Et certains sont mes amis. Personne ne peut plus s’offrir le luxe d’un ‘dormez braves gens, ceux qui nous gouvernent veillent’. Sans céder à la peur, la vigilance redevient notre devoir. Et s’il ne s’agissait que d’une mobilisation sans véritable fondement, elle nous verrait grandie et avec elle la conscience et la démocratie.

dimanche 20 septembre 2009

L'instrument

De lui-même il n’est rien. Un morceau de bois, un bout de métal, une peau. Mais entre les mains du musicien, il s’éveille. De sa beauté étrange dont on ne sait trop que dire, émerge un son qui se redresse comme le serpent dans la corbeille du fakir. Déjà l’air s’emplit de sa vibration et bien au-delà des tympans, c’est le cœur même des personnes qui l’écoutent qu’il vient caresser. Voilà la magie de l’instrument. Invisible, impalpable, son âme ne se révèle que lorsqu’il se met à jouer. Et sa présence nous offre une des plus belles métaphores de l’existence.

De moi-même je ne suis rien. Des os, des muscles, quelques neurones. Mais entre les mains de la vie, je m’éveille. De ma particularité bien complexe, émerge une présence qui vient habiter ce monde. Et c’est une vibration, qui se donne à celui ou celle qui saura l’accueillir, comme une caresse, comme un souffle. Musicien sera pour moi celui ou celle qui dans la rencontre me fera jouer. Et permettre ainsi à mon âme de se révéler en ce monde. Sans l’autre musicien, quelle serait la valeur de l’instrument ? Une coquille creuse, un trésor vide…

L’instrument s’offre aux mains du musicien. Mais sans son chant incomparable que serait le musicien ? Un technicien avide de prouesses dont les efforts ne conduiraient qu’à une habileté sans âme… L’auditoire en resterait de marbre, et les cœurs s’en retourneraient gavés de sons stériles. C’est le couple instrument-musicien qui sauve le monde, par son dialogue amoureux à la créativité sans fin. Et dans notre quotidien, nous avons de quoi entrer dans ce dialogue. Tour à tour instrument et musicien, c’est à nous qu’il appartient d’offrir à nos jours la magie du jeu infini de la vie.

lundi 14 septembre 2009

Émerveillement

Cet été a été riche pour moi en ‘zones d’émerveillement’ et la rentrée m’offre à son tour des heures exceptionnelles pour lesquelles je voudrais rendre grâce. Je comprends de mieux en mieux que pour vivre apaisé il convient d’être reconnaissant autant des bonheurs que des malheurs que la vie nous amène. Mais je le dis en toute franchise : les épisodes de joie, de lumière et d’harmonie provoquent une adhésion plus libre et plus intense de mon cœur que ces périodes difficiles où tout n’est que tâtonnement, obscurité et effort. Alors je m’exerce à accueillir en gardant la main ouverte. L’oiseau vient se poser un instant au creux d’une paume offerte à sa visite ? Quand il reprend son envol, la trace qui reste de son passage raconte encore l’oiseau, d’une autre manière. Ainsi l’émerveillement ne dure souvent qu’un moment ? L’essentiel c’est qu’il sache rester à l’écoute de toutes les autres formes d’enseignements.

beauté d'un 'ailleurs' (merci Stéphanie)

L’émerveillement est comme cette lumière que le photographe attentif capte au détour du chemin. Mille photos peuvent être prises de la même scène, une seule restitue la beauté presque invisible de l’instant-endroit. Et l’art c’est sans doute cette aptitude à révéler l’à-peine-perceptible. Comme le musicien, qui peut ne jouer que des notes, avec habileté ou même en virtuose. Mais s’il parvient avec son instrument à traduire ce son que l’oreille n’entend pas encore clairement, alors il est artiste. Ainsi les amants s’offrent leurs bras, leurs corps et leurs caresses pour entrer en présence de ce qui les transcende. Au-delà de la simple satisfaction que veut la pulsion, la voie de leur rencontre conduit aux portes de l’émerveillement. Et c’est vrai, j’ai pu durant cet été croiser avec bonheur l’itinéraire de plusieurs ‘artistes’. Mais voilà la rentrée. Et avec elle me semble promise l’exceptionnelle grâce de renouer avec l’art de la tendresse. Merci la vie !

dimanche 6 septembre 2009

Médire

Mon intention n’est pas de dire du mal. Mais je me suis senti bousculé et malmené. Alors j’ai ce besoin de me défendre face à ce que j’ai vécu comme une agression, ou plus simplement encore j’ai besoin de dire ma douleur et ma peine. Et voilà que mon propos charge l’autre. Déjà il désigne son comportement comme injuste ou égoïste, mesquin ou borné. Et ce faisant, je me trouve pris au piège de la médisance car l’opinion de celui ou celle qui m’écoute est influencée par mon propos. Pourtant je ne souhaitais pas dénigrer, je cherchais seulement à ce qu’on entende ma difficulté…

Ce scénario vous est étranger ? Moi non. J’avoue que j’ai encore bien des fois tendance à prendre mon interlocuteur comme témoin de mon malheur. C’est peut-être parce que je vis trop seul, ou que je suis trop fragile. Toujours est-il que je cède à ce travers, et je n’en suis pas fier. Car au fond je prolonge ce que je dénonce, j’entretiens ce que j’aurais aimé ne jamais rencontrer sur mon chemin. C’est vraiment un comble !

Se plaindre à quelqu’un du mal qui m’a été fait est un mauvais calcul. Cela contribue à ce qu’une autre personne soit blessée qui à son tour en blessera une autre ? Et immanquablement un jour ce mouvement reviendra jusqu’à moi. Alors faut-il tout accepter sans rien dire ? Tout supporter sans broncher ? Être la parfaite victime qui se laisse piétiner sans réagir ? Qu’il est difficile au quotidien de résoudre ce dilemme. Je sais seulement, mais j’ai encore tant de difficultés à le mettre en pratique, que ce qui m’arrive me renseigne davantage sur ce que j’ai à clarifier en moi que sur la bonté ou la méchanceté de mon prochain.