début de ce blog - 24 décembre 2008

Le divin rencontre l'humain, le céleste fait du terrestre son nid,
l'essentiel allume ses lumières aux fenêtres de l'existentiel… Une histoire de naissance !

mercredi 31 décembre 2008

La Fête !

une image de la ‘feria’ de Nîmes

L’année s’achève. Et je fais partie de ces individus (combien sommes-nous, je ne saurais le dire ?) qui préfèrent la finir en silence ou avec une conversation qui laisse toute sa place au silence, plutôt que dans le bruit ou l’agitation. Il y a toujours quelque chose à écouter dans un souffle qui s’en va. Il y a toujours quelque chose à entendre dans une page qui se tourne. La fin est une expérience de la limite. Et connaître les limites c’est connaître la vie.

Bien-sûr, il y a toutes ces restrictions, frustrations, inhibitions... qui nous font vivre en-deçà de nous-même. Ces étroitesses, radineries, timidités... qui nous projettent dans l’angoisse de ne pas pouvoir être vraiment soi-même. Et l’on voudrait que la fête devienne l’occasion d’abolir durant un temps ces pénibles carcans. Portés par l’énergie collective, la transgression de ce qui nous rétrécit deviendrait enfin possible.

C’est là certainement une des plus belles fonctions de la fête. Mais elle suppose un sujet présent, entrant en conscience dans l’exploration d’une autre façon d’être au monde. Or j’observe que nos fêtes actuelles sont faites surtout de l’espoir de se décharger au plus vite du fardeau de toute conscience - l’état représentatif en est le coma éthylique : se dissoudre dans un ‘no-man’s-land’ sans contours ni consistance.

L’année s’achève. Si vous êtes entre amis, je vous souhaite de réussir ensemble une fête qui vous révèle à vous-même. Le champagne n’est dans cet effort qu’un allié accessoire ! Si vous êtes seul ou en cercle restreint, prenez le temps d’écouter ce qui s’évanouit et ce qui est en train de naître en vous, et osez l’exprimer en quelques paroles sobres, ou en quelques lignes dans l’espace ‘commentaires’ qui vous est réservé ci-dessous. Merci.

mardi 30 décembre 2008

La place de l'humain

Face aux désordres et destructions que génère l’être humain - guerres, pollutions, déséquilibres de toutes sortes, épuisement des ressources...- on entend dire de plus en plus fréquemment que quoi qu’il arrive la vie se poursuivra sur notre planète, mais peut-être bien en son absence.

Cette hypothèse, au-delà des peurs qu’elle peut alimenter, n’est pas choquante en soi. Mais à mon sens, elle oblige à se poser une question difficile, mais décisive : quelle est la contribution particulière de l’humain dans l’ensemble du Vivant ? de quelle fonction ou de quel rôle spécifique est-il porteur dans la grande aventure de la Vie ? ou bien formulé dans l’autre sens : qu’est-ce qui manquera réellement dans ce monde quand l’homme aura disparu ?

Du côté de la matière, on peut dire par exemple que l’humain représente l’assemblage le plus complexe, les chaînes d’acides aminés les plus sophistiquées que l’on trouve sur cette Terre...

le chandelier, symbole traditionnel de notre place

Du côté de l’esprit, les traditions envisage parfois l’humain comme une forme d’enfance spirituelle comparée aux anges ou à d’autres entités plus subtiles qui seraient présentes dans l’Ether...

Supprimer l’humain reviendrait en quelque sorte à enlever une dernière marche d’un côté, et une première marche de l’autre. Est-ce vraiment un problème ? La réponse est ‘non’ si l’on oublie l’incroyable projet de faire vivre ces deux dimensions en étroite relation l’une avec l’autre. Dans le cas contraire, l’humain est un maillon unique et irremplaçable, dont la vocation est d’être « passeur ».

Pour répondre à la crise actuelle dont la sévérité paraît dépasser tout ce que l’histoire de notre humanité a connu, l’urgence est de reprendre conscience de notre fonction première : être trait d'union, être pont ou passage entre la matière et l'esprit. De là se clarifieront nos priorités et les actions à mener. Je regrette que souvent les « combats écologistes » fassent l’économie de cette réflexion.

lundi 29 décembre 2008

La visite de l'Ange

J'espère que dans ton sommeil il est passé par là,
t'effleurant de sa présence discrète
pour t'aider à voir
au-delà de ta misère
ta simple humilité,
celle qui fait de toi un(e) humain(e)
un homo humus,
un glèbeux,
ce terreau fécond où la Vie vient éclore.

Oui dors un peu, et ça ira mieux
mon amie.

dimanche 28 décembre 2008

Une belle récolte

A la fin de cette semaine de jeûne, voici ce que je trouve dans mes petits souliers :

- une meilleure vitalité     - un esprit plus clair et plus créatif     - des rêves plus précis     - un élan intérieur plus joyeux     - un courage renouvelé     - l’envie de chanter     - ...et le plaisir de partager avec vous ici tout cela !         C’est pas mal. Merci Père Noël.

Lorsque je suis sorti hier marcher une heure, j’ai pris conscience de ce changement. Mon pas était plus dynamique, plus fluide, avec une sensation de me fatiguer beaucoup moins vite. Quel plaisir.

Mes nuits ont été très habitées, c’est vrai. Et par des moments très obscurs. Mais le travail d’interprétation des rêves conduit à de nouvelles prises de conscience utiles. Je retiens principalement combien traverser l’existence avec la sensibilité qui m’a été donnée, c’est comme traverser un champ de ronces en petite tenue. D’où l’intérêt de rester ancré dans les profondeurs intérieures, assis dans ce lieu qu’aucun aléa de l’existence ne peut troubler ; il reste du boulot !

De retour vers midi, j’ai mis le feu sous la casserole. Une larme d’huile d’olive*, un oignon* soigneusement ciselé, deux carottes* en rondelles fines, une courgette* coupée en dés réguliers. Faire revenir l’oignon dans l’huile -pschhhhh -, ajouter les carottes en remuant 2mn, couvrir tout juste d’eau, assaisonner d’un peu de thym, une pointe d’ail en semoule, un demi-cube de bouillon. Après 10mn ajouter la courgette et cuire al-dente. C’est le moment de passer à table. Une table de fête, les papilles en éveil. C’est dingue ce qu’un simple légume porte en lui de générosité insoupçonnée.

Je n’ai pas tout mangé. C’était trop. L’abondance est une question de point de vue. Vous êtes d’accord avec moi. Mais je n’ai pas résisté à la tentation de boire l’eau de cuisson - un nectar.

Je vous souhaite encore de Joyeuses Fêtes

une halte cet été dans la drôme provençale

*ingrédients issus de l’agriculture biologique !

samedi 27 décembre 2008

Clarification

Le mental est un outil, qui fait partie intégrante de notre condition humaine.

Le mental se sert dans son fonctionnement de ‘représentations’.

Ces ‘représentations’ sont construites à partir de nos expériences de vie - les plus primitives semblent les plus déterminantes.

Ces ‘représentations’ s’éloignent inéluctablement de la réalité, mais se subtituent aussi progressivement à elle.

La majorité de nos problèmes au quotidien découlent de nos ‘représentations’ et non pas de la réalité que nous vivons.

La plus déterminante de ces ‘représentations’, celle qui engendre le plus d’embrouilles dans notre quotidien, est ‘la représentation de soi’.

Pour qu’elle puisse évoluer et se transformer, nous avons besoin de renouer avec l’expérience de la vie plutôt que de ‘mentaliser’.

Voilà une clarification dont les enjeux sont considérables. Ca vous parle ?

vendredi 26 décembre 2008

Se nourrir

Une très belle expérience. Hier, profitant de la légèreté de cette période de jeûne, en descendant l’escalier de l’immeuble, l’odeur d’une soupe de légumes vient flatter mes naseaux. Vous imaginez sans doute : le pauvre, il a faim, il réagit au quart de tour… Non, la faim m’a quitté depuis le deuxième jour. Là, c’était la joie d’une grande disponibilité, et le cadeau d’une ouverture.

L’odeur m’a nourri. Les effluves qui embaumaient l’air devenaient comme un plat dont je me suis délecté. Avec la sensation de me remplir, d’une chose subtile mais pour moi aussi consistante que la plus belle assiette de fête. J’ai marqué le pas, le temps de savourer cette offrande. Puis j’ai accueilli la sensation de satiété. Elle est venue aussi naturellement que quand on mange. Mais je me suis senti nourri.

L’humanité mange, enfin -pardon- 1/5e de l’humanité mange, sans vraiment se nourrir. Et pour bien manger, il faut tant et plus, et le meilleur et surtout le plus cher. Mais après ces ripailles, de quoi a-t-elle été nourrie ? Le problème est sans doute là : retrouver la joie et la reconnaissance de pouvoir se nourrir.

J’ose l’affirmer. Et je parle en gourmand-gourmet - ceux qui me connaissent vous le confirmeront. Peu d’entre-vous ont savouré hier, comme j’ai pu le faire dans ma cage d’escalier. C’était exceptionnel. Je n’ai qu’un regret. J’aurais dû frapper à la porte de la voisine pour la remercier de m’avoir invité à un si délicieux festin. Mais partager l’expérience de l’intime, est-ce possible ?

Naître














merci à Jeannine et Joyeuses Fêtes à toi

jeudi 25 décembre 2008

Privilège

Elle est entrée. Elle s’est assise. Elle était arrivée un peu avant l’heure, signe que le rendez-vous était important pour elle. Et dès qu’elle s’est trouvée en face de moi, elle s’est mise à me raconter ce qui s’était passé pour elle depuis notre dernier entretien.

Les consignes que je lui avais données, elle les a appliquées à la lettre. Et le résultat n’a pas tardé. Un temps chaque jour pour se rencontrer elle-même, pour ouvrir le dialogue avec l’autre face d’elle-même, celle qui sait. Et le dialogue a eu lieu. Un peu rude. Mais pour aller à l’essentiel. Et elle a pris conscience de son errance.

Neuf années qu’elle s’était comme enterrée avec un homme qui l’a très mal aimée. Neuf années durant lesquelles elle voulait sans doute mener la vie de ‘tout-le-monde’, où elle a été « la femme de » et a fait deux adorables bambins. Mais aussi neuf années durant lesquelles elle a délaissé ce regard qui voit au-delà des apparences, qui comprend que ce qui nous fait courir n’est qu’illusion, et que la tâche véritable qui nous attend c’est de relier la profondeur du cœur à tout ce que l’on vit. Peu importe pour ainsi dire les circonstances particulières de notre parcours. S’il y a un bonheur en ce monde, il découlera de cet accord-là.

Le temps que nous avons passé ensemble a été intense. C’était comme si l’air autour de nous était devenu plus dense. Ce qu’elle voulait exprimer, mon esprit le comprenait déjà. Et cette sorte d’évidence l’a profondément rassurée. Car ce n’est pas simple de partager un vécu si différent, si décalé par rapport à ce que lui renvoient ses amies et son entourage. Mais quel soulagement d’entendre que ce qui avait commencé à se révéler pour elle durant son adolescence n’était pas du délire.

Elle s’est levée. Pour repartir. Sur mon bureau, le livre de Fabienne Verdier « Passagère du silence » - acheté il y a peu sur la recommandation d’un autre ‘blogger’. Un très beau récit, de ses dix ans d’initiation à la calligraphie en Chine. Je le lui ai prêté. Quel privilège pour moi : être passeur.

mercredi 24 décembre 2008

Trouées

"Ce que nous cherchons dans l'exercice, c'est rendre notre existence perméable à notre essence" K.G. Durckheim

J'ai débuté lundi une période de jeûne. D'abord ne plus manger à sa faim, puis manger très peu, et aujourd'hui ne plus manger du tout (mais penser à boire !!!).
Pour moi, il est chaque fois très instructif d'observer au début la petite douleur du manque ; comme un sparadrap qu'on enlève et qui tire sur la peau... Une douleur que nous autres les "nantis" de ce monde, nous redoutons et combattons si farouchement. Le manque, cette tache horrible sur le magnifique costume de nos vies ! Et pourtant... que peut bien signifier l'abondance sans le manque ? quelle valeur à la présence sans l'absence ? comment entendre la parole sans le silence ?
J'ai débuté ce jeûne comme il y a deux ans, pour la période des fêtes : un symbole, et puis le désir de redonner du sens à ce qui n'en a plus guère. Notre opulence se meurt du refus de ses limites. Et cette fois, la Planète est vraiment dans le rouge. Mais au-delà d'un simple freinage, d'une vertueuse sobriété qui voudrait éviter le pire, il s'agit pour moi de retrouver la dimension de l'Essentiel... dont je perds si facilement la trace, qui constitue pourtant la valeur même de mon "être humain".
Alors ce jeûne sera, je l'espère, une nouvelle déchirure dans le voile. Un lambeau de plus retiré à l'opacité de ma façon d'être au monde. Une trouée qui contribuera à ce que la Lumière de là-bas passe un peu mieux jusqu'ici.